Will Hunting
Le 13 août 2016
La série culte de l’été 2016 n’est pas qu’un hommage aux années 80, elle est l’esprit génial d’une époque culte.
- Série : Stranger Things
- Genre : Science-fiction, Série télé
- Nationalité : Américain
- Chaîne de TV : Netflix
- Plus d'informations : Le lien Facebook
Copyright : Kyle Lambert
Les Duffer Brothers appartiennent à la longue lignée des frangins du cinéma de genre à qui Hollywood donne leur chance dans l’espoir de réitérer le succès visionnaire de Matrix. A l’époque, les deux Wachowski étaient des Bros et avaient révolutionné le cinéma, laissant des perspectives inouies pour une nouvelle génération d’artistes. Point barre.
Les Duffer, eux ne sont pas encore au cinéma, même s’ils ont déjà donné dans le long métrage avec un plutôt réussi Hidden (2015) dont le script crépusculaire de famille retranchée dans un bunker lors d’une catastrophe, reprenait ni plus ni moins l’idée de The Divide de Gens.
C’est donc à la télévision qu’ils se sont retrouvés propulsés stars de l’écriture, du jour au lendemain, en étant à l’origine de la série télé la plus discutée de l’été 2016, Stranger Things.
Huit épisodes commandés par la plateforme américaine Netflix, totalement dépourvus d’originalité, manquant, souvent de rythme (la tété demeurera toujours le frère un peu fauché du cinéma), et pourtant totalement jubilatoires.
Une promo visuelle commandée au Britannique Kyle Lambert, peinte sur un hybride Mac, donne le ton : eighties babies ! Stranger Things ravive les synthés brillants d’hier, le temps d’une bande-originale culte, que tout le monde aujourd’hui semble vouloir s’arracher, magnifique expression de déférence à l’égard de John Carpenter pour ses illustres scores et pour Tangerine Dream pour être à l’origine de ce magnifique espace de fantasme onirique qu’est la musique. Evidemment, merci à Daft Punk et leur Tron : l’héritage, qui ont visiblement beaucoup influencé ce score magique !
Même si les deux Duffer n’ont jamais croqué à pleines dents la flamboyante décennie des premiers geeks - ils sont nés en 1984 - ils ont visiblement été imbibés de l’esprit de la décade.
Récupérateurs de génie ? Opportunistes roublards ? Non. Stranger Things déborde d’amour pour une période baignant dans les paisibles aventures de gosses que l’on croirait issus de l’univers en construction de tonton Spielberg, dans les suburbs d’une Amérique paisible sublimée dans sa domesticité.
L’intrusion d’éléments de thriller, de fantasy et de science-fiction, convie la jeunesse enfourchée sur son BMX à investiguer parallèlement à l’action des adultes, plus dérisoire, que ce soit celles des parents - fabuleuse Wynona Ryder, muse des années 90, enfin retrouvée, des autorités locales ou du FBI.
Le regard du môme est peut-être l’essentiel du fantastique des années 80. Les teens s’appropriaient les images du monde qu’ils assimilaient à leurs songes mi-effets spéciaux numériques mi-bisounours. Ce regard adolescent intrinsèquement naïf donne toute la modestie superbe à la série des frérots Duffer.
Stranger Things déploie L’ambiance nocturne d’une jeunesse lâchée, sans méta-cynisme et sur-virilité, qui sera celle des jeunes coqs des rues post eighties et qui deviendra la caractéristique principale de l’empreinte hip-hop dans le domaine de la musique et du cinéma (Fast & Furious, pour ne citer qu’un exemple).
La vie, la nuit. La trame emmitouflée d’un nocturama, développée judicieusement sur huit épisodes, propulse des jeunes gens sur les traces d’un copain disparu, à l’image d’un certain Stand by me, d’après Stephen King, œuvre aussi diurne que Stranger Things est nocturne. Le romancier est d’ailleurs cité ici. Ce n’est pas un hasard. Le gamin disparu, fils de Winona dans le récit, c’est Will. A la chasse de Will nous partirons. Will Hunting.
Moins surdoués que bien accompagnés, les gamins s’octroient l’aide d’une étrange jeune fille qui semble sortir d’un autre monde. Cet adjuvant aux magnifiques pouvoirs de télékinésie synthétise à elle seule un pan du cinéma adolescent américain. Cette Mutante pré-ado, façon Roger Donaldson (1995), c’est un peu l’E .T. à dissimuler des grands, et à soutenir dans une quête qui dépasse chacun des petits protagonistes. Ses pouvoirs sont ceux tant à la mode dans les années 70-80, qui fascinaient De Palma, Cronenberg, King et Kubrick : Scanners, Carrie et The Shining. Comment ne peut-on pas penser aussi à Dead Zone, issu de l’association admirable entre Cronenberg et Stephen King, dont l’ambiance unique, dès le génial générique, est plus ou moins reprise lors du générique de Stranger things, où l’apparition géométrique du titre à l’écran est déjà tout un référentiel.
J.J. Abrams, qui a toujours voulu supplanter Steven Spielberg, avait déjà joué de cette ambivalence avec Super 8, au cinéma, film de monstre so-eighties, mais les ambitions du cinéaste, confirmées par Star Trek et Star Wars 7, ont enlevé in fine tout le charme de son entreprise, qui apparaît moins sincère qu’attentiste.
- Copyright : unknown origin
- Affiche FanMade du film de John Carpenter, The Thing
Avec Stranger Things, le complot à la War Games est bien présent, les univers parallèles de Phantasm aussi ténébreux, l’espace chambre est possédé par l’esprit malin lumineux de Poltergeist et l’ombre tutélaire de The Thing de maître Carpenter est omniprésente.
Stranger Things est une réussite au-delà de l’hommage. Une date pour la chaîne Netflix qui marquera la propre histoire du géant américain.
Téléchargement de l’album à partir du 12 août (Première partie), du 19 août (Deuxième partie)
Album physique à partir du 23 septembre 2016
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FruitMan 2 avril 2017
Stranger Things : critique de la série événement de Netflix
Rien a dire. Très bonnes série, très complète.