Palme d’or Cannes 2010
Le 14 avril 2013
Palme d’or décernée par un Jury audacieux, cette merveille sensorielle et contemplative devrait élargir le public du plus grand cinéaste thaïlandais contemporain.
- Réalisateur : Apichatpong Weerasethakul
- Acteurs : Thanapat Saisaymar, Jenjira Pongpas, Sakda Kaewbuadee
- Genre : Drame
- Nationalité : Thaïlandais
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h53mn
- Titre original : Lung Boonmee Raluek Chat
- Date de sortie : 1er septembre 2010
- Festival : Festival de Cannes 2010
Résumé : Oncle Boonmee souffre d’une insuffisance rénale. Comme il pratique avec passion le yoga, il est très conscient de son corps. Il sait qu’il va mourir dans quarante-huit heures. Il appelle ses parents éloignés et leur demande de le ramener de l’hôpital pour qu’il puisse mourir à la maison. Là-bas ils sont accueillis par le fantôme de sa défunte épouse, qui est réapparue pour s’occuper de lui. Son fils mort revient aussi de la jungle sous la forme d’un singe. Le fils s’est accouplé avec une créature connue sous le nom de "fantôme singe" et a vécu avec elle dans les arbres pendant quinze ans.
Critique : On ne peut que féliciter le Jury de Tim Burton d’avoir choisi cette œuvre d’Apitchatpong Weerasethakul pour la Palme d’or. Depuis L’éternité et un jour, jamais choix ne fut aussi radical. Inspiré de l’histoire d’un vieil homme qui par la méditation pouvait voir défiler ses vies antérieures comme les images d’un film, et se voyait sous la forme d’un buffle, d’une vache voire d’un esprit errant, le récit offre des interprétations multiples et prend vie dans une forme à la fois limpide et recherchée, alliant qualités techniques et splendeur visuelle : le travail sur le son (les bourdonnements) et la photo (particulièrement dans les séquences en milieu naturel), l’alternance de plans-séquences et de respirations visuelles suscitent une réelle fascination qui naguère n’aurait été récompensée que par un « Grand Prix spécial du Jury ».
- Copyright Pyramide Distribution
Reprenant ce dosage de réalisme du quotidien et d’onirisme magique à l’origine du charme de Tropical Malady et Syndromes and a century, le cinéaste offre une balade sensorielle et contemplative qui risque de larguer les uns (tant pis pour eux) mais ravira ses fans et les autres. « Je crois en la transmigration des âmes entre les hommes, les plantes, les animaux et les fantômes », prévient l’artiste dans le dossier de presse : loin de se complaire dans l’ésotérisme stérile et le nombrilisme, et sans céder aux sirènes de la mode « new age », le réalisateur opte pour un (faux) premier degré mais sans lourdeur explicative et démonstrative. Certaines séquences en trompe-l’œil (dont celles avec le fantôme-singe) permettent de respecter l’imagination du public, le film mettant en exergue une association singulière entre le cinéma et la réincarnation. Par instants, le burlesque semble même émerger, sans que le cinéaste ne soit tenté par l’autoparodie ou l’ironie cinglante envers ses personnages. Grand film expérimental marqué par des scènes déjà d’anthologie (la douche qui lave des maladies tropicales), Oncle Boonmee a été l’un des moments forts de la sélection officielle cannoise.
– Festival de Cannes 2010 : Palme d’or
– Asian Film Awards 2011 : Meilleur film
– Thailand National Film Association Awards 2011 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Jenjira Pongpas - Meilleur son
Galerie photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Pierre Ajack-Dugant 8 septembre 2010
Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) - la critique
Le projet est indéniablement ambitieux, mais le cinéaste installe une ambiance ou le merveilleux et le réalisme se côtoient mal. A l’image de tante Jen, le film avance en boitant, préférant les longs discours métaphysiques a l’efficacité dramatique, au risque de laisser son public indifférent.
Seule la fin réserve quelques beaux moments, mais on reste TRÈS loin de l’engouement suscite l’an dernier par le chef d’oeuvre de Haneke.
Frédéric de Vençay 27 septembre 2010
Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) - la critique
Une Palme surprenante mais méritée pour cet authentique voyage vers l’Ailleurs, fable sensorielle traversée de nombreuses fulgurances (la grotte constellée de cristaux, le ballet aquatique de la princesse et du poisson-chat, la magnifique scène du dîner). L’incompréhension qu’il suscite peut surprendre : malgré sa lenteur contemplative, tout n’y est que grâce, naïveté et simplicité. Hypnotisant.
Frédéric Mignard 2 janvier 2011
Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) - la critique
Quelques fulgurances contemplatives et visuelles, mais l’ensemble souffre d’un grand écart culturel qui nous conduit aux frontières du kitsch. La fin ennuie quand le début subjugue. On en ressort donc partagé et surtout totalement hors film, complètement dégagé des personnages qui ne nous passionnent guère.