Ma soeur, mon amour
Le 15 août 2012
Atmosphère à la Henry James pour cette histoire d’inceste dans la haute société des années 1900 illuminée par la lumière des Lacs italiens et la fraicheur de l’interprétation. Un bien beau film.
- Réalisateur : René Féret
- Acteurs : Salomé Stévenin, Cyril Descours, Marie Féret, Mona Heftre, Harry Lister Smith, Andrei Zayats, Lisa Féret
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 22 août 2012
L'a vu
Veut le voir
Atmosphère à la Henry James pour cette histoire d’inceste dans la haute société des années 1900 illuminée par la lumière des Lacs italiens et la fraicheur de l’interprétation. Un bien beau film.
L’argument : Lac de Côme Septembre 1906, des aristocrates en villégiature se retrouvent dans un hôtel de luxe et vont devoir accueillir dans leur petite communauté, Natalia, Madame Solario. Jeune et belle mais néanmoins ruinée et divorcée, elle va être surprise par l’arrivée à l’improviste de son frère, Eugène Ardent, qu’elle n’a pas vu depuis des années. Le frère et la soeur ne tardent pas à prendre conscience de l’ascendant qu’ils provoquent sur les personnages fortunés de ce petit monde. Ils tentent alors d’en séduire certains avec l’objectif d’asseoir leur situation. Mais leur lourd passé les rattrape et crée le scandale, les obligeant à fuir...
Notre avis : Après le beau Nannerl, joli succès il y a deux ans, René Féret poursuit dans la veine du film en costumes, quittant cependant le Versailles de Louis XVI pour un hôtel de luxe sur la rive du lac de Côme à l’aube du vingtième siècle.
Il adapte le roman Madame Solario de Gladys Huntington, publié sans nom d’auteur en 1956 et très admiré, entre autres, par Marguerite Yourcenar.
Le cadre et le sujet même de cette oeuvre la rapprochent évidemment de celles d’un Henry James ou d’un Forster : interdits (ici l’inceste) et passions secrètes dans la haute société cosmopolite des années 1900, un microcosme apparemment affranchi des contraintes mais régi par les codes stricts du paraître et toujours à l’affut du scandale.
Le film lui se mesure donc sans broncher au Visconti de Mort à Venise [1] ou de L’innocent ou au James Ivory de Maurice sans disposer bien entendu d’un budget comparable à ceux de ces très grosses productions.
- Marie Féret et Harry Lister Smith dans Madame Solario (René Féret 2011/12)
Mais en choisissant judicieusement ses décors et ses costumes, authentiques, en obtenant de Benjamin Echazaretta une lumineuse photo en super 16 scope et de Patrick Dechorgnat une partition musicale qui intègre sans peine les extraits de Saint-Saëns ou l’air charmant des Petits pavés de Vaucaire et Delmet, Féret démontre à nouveau qu’on peut évoquer de manière convaincante l’atmosphère d’une époque révolue sans débauche de moyens et sans tomber dans le piège de la reconstitution guindée.
- Marie Féret dans Madame Solario (René Féret 2011/12)
Le charme propre au cinéma familial d’un auteur-réalisateur-producteur qui a vraiment réussi à construire, à côté de la grande machine de l’industrie, son propre micro-système, fragile et solide à la fois, opère une fois de plus dans ce seizième long-métrage de René Féret.
Une frontalité qui prend le risque de passer pour de la maladresse, la délicieuse gaucherie de certains interprètes qui conservent leur singularité sans chercher à tout prix à se fondre dans le rôle, la volonté de ne pas trop se complaire dans le côté sombre, vénéneux de l’histoire pour s’émerveiller au contraire de la jeunesse de ses personnages et des couleurs de l’arrière saison dans des lieux réellement magiques (comme le dit Féret lui-même) font naître une émotion juste, non apprêtée et confèrent à Madame Solario la fraîcheur presque naïve de ce qui semble filmé pour la première fois. Une sensation que bien peu de films parviennent encore à susciter.
- Madame Solario (René Féret 2011/12)
[1] Féret pensait au départ adapter L’élu de Thomas Mann, autre histoire de gémellité.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.