Little New York - la critique

Un petit polar sans prétention, prévisible, mais bien interprété et doté d’une atmosphère décalée savoureuse.

L’argument : Sully, vidangeur de fosses septiques et futur père, est prêt à tout pour assurer l’avenir de son fils. Jasper, modeste épicier, a une qualité primordiale aux yeux de la mafia pour qui il travaille contraint et forcé : il est sourd-muet. Parmie Tarzo, chef de la mafia locale, se verrait bien éliminer la concurrence.
Tous trois vivent à Staten Island, sous l’ombre écrasante de Manhattan. Leurs chemins vont se croiser, a priori pour le pire...

Notre avis : Difficile de vivre dans l’ombre d’une ville comme New York. C’est pourtant le lot quotidien des habitants de Staten Island, une île qui fut longtemps la poubelle de la Grosse Pomme, au propre comme au figuré, puisqu’elle a accueilli également les pourritures de la Mafia.
Le film de James De Monaco dessine parfaitement les contours de ce complexe d’infériorité qui gangrène la société de cette île. Les trajectoires différentes des trois personnages principaux se rejoignent sur ce point précis, à savoir réussir à s’extraire de leurs conditions pour enfin exister aux yeux du « vrai » monde incarné par Manhattan. New York est leur but, leur motivation, leur point d’ancrage pour ne pas baisser les bras. Chacun regarde l’autre rive en silence, le regard plein de folles attentes, avant de passer à l’action. Pour eux, Staten Island fait figure d’antichambre. On en sort, on y survit ou on y meurt.

© EuropaCorp Distribution

A l’image de cette île décalée, les motivations des personnages paraissent saugrenues et nous touchent par leur naïveté empreinte d’une profonde mélancolie. Entre le mafieux qui veut battre le record du monde d’apnée puis sauver la forêt, le jeune videur de fosses sceptiques qui souhaite implanter des gènes d’intelligence au fœtus de sa femme et le vieux sourd muet qui joue aux courses depuis 30 ans mais ne sait pas quoi faire une fois qu’il a gagné, tout ceci donne lieu à des scènes peu banales mises en valeur par un rythme languide proche des polars de type Fargo des Coen ou Un plan simple de Sam Raimi (la neige en moins !).
Un seul bémol à cette partition originale : la structure narrative est un peu trop bien ficelée voire même encordée tant on devine aisément le déroulement des événements. Mais cela ne vous empêchera pas de vous plonger dans cette ambiance poisseuse parfaitement réussie.
Ah oui, au fait, Vincent D’Onofrio est formidable. Mais vous le saviez déjà, non ?

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