Le crépuscule des dieux
Le 9 mars 2010
Une version Viking d’Au coeur des ténèbres de Conrad. Un récit intrigant et contemplatif qui s’adonne toutefois un peu trop à la violence gratuite.
- Réalisateur : Nicolas Winding Refn
- Acteurs : Jamie Sives, Mads Mikkelsen, Maarten Steven, Gary McCormack
- Genre : Aventures
- Nationalité : Danois
- Date de sortie : 10 mars 2010
- Plus d'informations : Le site du distributeur
– Durée : 1h30min
– Titre original : Valhalla rising
Une version Viking d’Au coeur des ténèbres de Conrad. Un récit intrigant et contemplatif qui s’adonne toutefois un peu trop à la violence gratuite.
L’argument : Pendant des années, One-Eye, un guerrier muet et sauvage, a été le prisonnier de Barde, un redoutable chef de clan. Grâce à l’aide d’un enfant, Are, il parvient à tuer son geôlier et ensemble ils s’échappent, s’embarquant pour un voyage au coeur des ténèbres. Au cours de leur fuite, ils montent à bord d’un bateau viking, mais le navire, pendant la traversée, se retrouve perdu dans un brouillard sans fin, qui ne va se dissiper que pour révéler une terre inconnue. Alors que ce nouveau territoire dévoile ses secrets, les Vikings affrontent un ennemi invisible et terrifiant, et One-Eye va découvrir ses véritables origines...
Notre avis : Connaissez-vous le syndrome « Highlander » ? Celui qui en est victime a tout simplement l’impression que les choses vont durer une éternité ; ce type de symptôme a tendance à s’aggraver à la vue de corps tatoués, d’épées gigantesques et autres avatars runiques des grandes sagas nordiques classiques. Les quinze premières minutes de ce Guerrier silencieux ont tout pour réveiller vos pires angoisses : tandis que des brutes viriles pataugent dans la boue et s’éviscèrent mutuellement dans une boucherie richement illustrée par un son des plus gluants, on en vient subitement à regretter que ces mines patibulaires n’aient pas inventé plus tôt le whisky et les histoires de monstres pour se détendre. Puis, rideau. A notre grande surprise - et notre grand soulagement -, les histoires tranchées à la hache n’intéressent pas tant que ça Nicolas Winding Refn. Au moment où nos héros belliqueux s’enfoncent dans la brume en quête d’une Terre sainte dont on pressent qu’elle ne viendra jamais à eux, le film entre lui aussi en territoire inconnu, prenant la forme d’une remontée lente et horrifique, sorte de répétition mythologique du voyage d’Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad. Minimalisme des effets et longues plages de silence nimbent l’atmosphère d’une aura mystique qui plane sur les décors de ces guerres de religion où l’on semble pourtant combattre sans dieu(x).
- © Le Pacte
La lande du Guerrier silencieux tient donc davantage du Roi Lear que de Braveheart - un monde shakespearien où pourtant tous, sans exception, auraient sombré dans la folie : la dernière partie du film n’est pas sans rappeler, dans sa structure et son inexorabilité, l’épopée hallucinée d’Aguirre, la colère de Dieu. Néanmoins, Refn ne peut s’empêcher de ponctuer sa saga métaphysique d’éclats de violence brute, dont la gratuité et l’explosion sanguinolente font paradoxalement retomber l’angoisse. A ne pas les prendre assez au sérieux - ou au contraire à ne pas du tout s’en détacher -, on est sans cesse menacé de ne plus se laisser impressionner par la masse compacte du film, et à soudain se demander quel pachyderme cinématographique le réalisateur tente de faire se déplacer sur l’écran. Certaines scènes sont appuyées avec une rhétorique visuelle et sonore si insistante que leur lenteur finit malheureusement par rimer avec lourdeur ; si le film demande une abnégation totale de la part de son spectateur, c’est que celle-ci représente le prix à payer pour ne pas avoir le temps de soupçonner le film d’abus de ridicule. On regrette à cet égard que les dialogues, peu nombreux, n’aient pas été davantage ciselés, ce qui aurait évité au scénario de tomber dans de véritables poncifs d’écriture : on rêve encore de l’auteur dont les doigts pourront se retenir de commettre des répliques du type « Il dit que tu vas mourir »... Si Le guerrier silencieux intrigue - et ce non sans un certain degré d’audace -, il demande donc d’adopter une attitude similaire à celle de son cinéaste : sauter dans l’aventure tête la première, pour ne pas voir les gouffres qui risquent de s’ouvrir sous nos pieds.
- © Le Pacte
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Norman06 14 avril 2010
Le guerrier silencieux, Valhalla rising - la critique
Séduisant formellement, le film est de bonne tenue mais le récit épique se perd un peu en hommage appuyé à Herzog ou Boorman. Photo splendide.
’Boo’Radley 15 avril 2010
Le guerrier silencieux, Valhalla rising - la critique
Grandiloquent hommage au cinéma muet, jusqu’à ses nombreux inter-titres, mais l’absence du Fritz Lang des Nibelungen se fait cruellement sentir. On ne frôle jamais le grotesque, on y plonge constamment. Pire : on s’y noie.
Frédéric de Vençay 24 avril 2010
Le guerrier silencieux, Valhalla rising - la critique
Nicholas Winding Refn poursuit ses expérimentations, plus ou moins impressionnantes et plus ou moins convaincantes. Après l’électrochoc "Bronson", ce "Guerrier silencieux" possède la même puissance de vision et les mêmes tics formels, avec encore plus de radicalité ; le spectateur oscille entre sidération (les scènes de violence esthétisées, superbes) et perplexité (les longues plages d’ennui). Le cinéaste danois est proche du but, mais il manque trop de corps à son cinéma pour emporter totalement l’adhésion.