Doute (Doubt) - la critique du film

Notre avis : Le film débute de manière très hiératique par le long sermon d’un prêtre sur le doute et l’ébranlement de la foi, tandis que sœur Aloysius, directrice d’un établissement catholique, visiblement fan de Pie XII, récrimine les jeunes ouailles inattentives. Doute fait adhérer la forme à son personnage inflexible, que Meryl Streep incarne d’une manière monochrome, parfois cadrée en contre-plongée, éternellement suspicieuse, rarement souriante. De son côté, sœur James, une jeune femme candide, figure la soumission qui nourrira la tragédie. Au centre du conflit, le père Flynn, suspecté d’actes pédophiles, semble pourtant un homme débonnaire, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Le regretté Philip Seymour Hoffman ne lui apporte aucun relief particulier.
A partir d’une configuration très classique et d’une mise en scène sans imagination, le film organise un affrontement entre ses deux stars qui ne peuvent rien proposer d’intéressant, puisque la réalisation ne va jamais au-delà d’un théâtre filmé, foncièrement académique, où chacun est bien à sa place. Le huis clos devrait faciliter les conditions d’un suspens oppressant, mais il est plombé par la trop grande prolixité des personnages et un psychologisme rance. Doute est comme les teintes qu’il privilégie à travers ses décors et ses costumes : terne, sans âme, déjà vu cent fois. On s’ennuie ferme. Alors qu’on ne devrait pas.