Chemin de croix
Le 9 novembre 2014
A travers trois destins particuliers, l’histoire dramatique de milliers de femmes irlandaises.
- Réalisateur : Peter Mullan
- Acteurs : Geraldine McEwan, Anne-Marie Duff, Dorothy Duffy, Nora-Jane Noone, Mary Murray
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h57mn
- Date de sortie : 5 février 2003
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Lion d’or à Venise. A travers trois destins particuliers, l’histoire de milliers de femmes irlandaises livrées à des institutions religieuses peu scrupuleuses. Edifiant.
L’argument : Margaret est violée par son cousin lors d’un mariage. Rose donne naissance à un petit garçon alors qu’elle n’est pas mariée. Bernadette attire les regards des garçons du quartier. Déclarées "filles perdues" et rejetées par leur famille, elles sont conduites, contre leur gré, au couvent des soeurs de Marie-Madeleine, où par la prière et le travail, elles pourront racheter leur âme et expier leurs péchés.
Notre avis : A travers leur histoire, The Magdalene Sisters raconte celles de milliers de femmes irlandaises, qui, sans avoir commis de crime, furent livrées à l’Eglise et condamnées à la réclusion et à l’esclavage dans des couvents transformés en laveries. Du début du XXe siècle jusqu’en 1996, date à laquelle ferma le dernier "Magdalene Home", l’Etat irlandais approuva l’Eglise, et la société bigote et hypocrite souscrivit silencieusement à cette pénitence salvatrice.
Peter Mullan, acteur-réalisateur écossais, a écrit le scénario de The Magdalene Sisters, son deuxième long métrage, après avoir vu Sex in A Cold Climate, le documentaire poignant que Channel Four a consacré à ces jeunes femmes. Il a choisi de situer son récit dans les environs de Dublin, en 1964, à une époque où les femmes découvraient la liberté dans la plupart des sociétés occidentales. Nourri de nombreux témoignages de victimes, il s’est concentré sur leur évolution psychologique face à l’injustice et à l’enfermement. Il en ressort de beaux portraits. Alors que plane sur leurs têtes l’ombre des trente mille femmes mortes dans ces couvents, les héroïnes de Peter Mullan oscillent entre espoir et résignation, révolte et abnégation. En ce sens, le personnage le plus remarquable est sans doute celui de la pétillante Bernadette, qui devient un être renfermé et douloureux, avant de retrouver la lumière.
La réussite du film tient également à la distribution. Outre les trois rôles principaux, il faut souligner la performance de Eileen Wash, vulnérable Crispina que la douleur conduira à la folie, et de Geraldine McEwan qui compose une soeur Bridget tout en contradictions. La mise en scène de Peter Mullan est efficace. Il exploite à propos les contrastes de lumière et de couleur entre l’intérieur terne et gris du couvent et l’extérieur baigné de soleil. Les trois premières scènes, réduites essentiellement aux images et à la musique, sont éblouissantes de maîtrise.
Pourtant The Magdalene Sisters est sobre, trop sobre peut-être. Après la réaction scandalisée du Vatican lors des premières projections, on s’attendait à un brûlot féroce contre l’Eglise. Or, Peter Mullan, même s’il dénonce dans son film l’horreur de ces couvents, ne parvient pas vraiment à susciter notre indignation. Est-ce parce qu’il tend à épargner l’Eglise, en ne la mettant jamais directement en cause et en distinguant implicitement les vilaines soeurs et les prêtres vicieux de l’institution elle-même ? Ou bien parce que le film, construit autour de la longue, mais victorieuse, quête de liberté des trois protagonistes, finit par nous laisser penser que ces femmes étaient en mesure de choisir leur destin ?
A une époque où le cinéma règle ses comptes avec l’Eglise, on imaginait un réquisitoire plus virulent de la part d’un des interprètes fétiches de Ken Loach. Si The Magdalene Sisters n’est pas un film politique, il n’en reste pas moins un portrait de femmes saisissant et une performance d’actrices remarquable.
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