Seule contre tous
Le 21 mai 2014
Grand oublié du palmarès cannois de 2011, We Need To Talk About Kevin de la réalisatrice écossaise sort ce mercredi 28 septembre sur nos écrans. Il faut donc, nous aussi, que nous parlions un peu de Kevin.
- Réalisateur : Lynne Ramsay
- Acteurs : John C. Reilly, Tilda Swinton, Ezra Miller, Ashley Gerasimovich, Alex Manette, Siobhan Fallon Hogan
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h31mn
- Titre original : We Need to Talk About Kevin
- Date de sortie : 28 septembre 2011
- Festival : Festival de Cannes 2011
Résumé : Eva a mis sa vie professionnelle et ses ambitions personnelles entre parenthèses pour donner naissance à Kevin. La communication entre mère et fils s’avère d’emblée très compliquée. À l’aube de ses seize ans, il commet l’irréparable. Eva s’interroge alors sur sa responsabilité. En se remémorant les étapes de sa vie avant et avec Kevin, elle tente de comprendre ce qu’elle aurait pu ou peut-être dû faire.
Critique : We Need To Talk About Kevin pourrait simplement se regarder comme la suite de Rosemary’s Baby, de Roman Polanski. Voici la naissance du Diable, un petit garçon qui entreprend, dès sa venue au monde, de tyranniser sa mère quand papa a le dos tourné. Un enfant doté d’un instinct de malfaisance qui le pousse à accabler Eva (Tilda Swinton), compulsivement.
Dès les premiers plans, l’image déborde de rouge, ou plutôt d’un liquide rouge omniprésent. Du sang ? Dans le doute, le spectateur opte pour l’affirmative. Alors que jamais le sang ne sera vraiment versé sous ses yeux.
Commence ainsi un long combat, certes un peu convenu, entre les couleurs qui symbolisent la violence du petit Kevin - le rouge et le noir - et toutes les nuances pastel que déploie sa mère, à la patience inébranlable. Quel est le ton qui, à la fin du film, aura conquis l’écran ? C’est tout le propos. Une problématique d’esthète déjà au cœur d’un des premiers courts métrages de Martin Scorsese, The Big Shave, avec l’écrasante victoire de la violence.
Kevin grandit sous nos yeux, d’abord sous les traits d’enfant du petit Jasper Newell, puis sous ceux d’Erza Miller. Comment ne pas s’étonner de la ressemblance entre ces deux acteurs et de leur même présence, étrange, glaciale ?
Quant à l’actrice écossaise Tilda Swinton, oscarisée en 2008 et saluée dans le monde entier, elle se voit offrir un rôle de mère courage idéal pour déployer sa technique habituelle, visage fermé, comme si la vie ne méritait pas un sourire. Certes, elle est sans conteste l’actrice indiquée pour incarner cette héroïne torturée par sa propre chair, mais on aimerait un jour, peut-être, la voir prendre le risque d’être gaie comme un pinson.
Au rayon « composition de plans », le film réserve quelques surprises qu’on ne dévoilera pas. Elles feront la joie des cinéphiles. Mais, il faut aussi l’admettre, We Need to Talk About Kevin est une expérience dure, un de ces moments de cinéma dont on ressort hésitant entre le plutôt bien et le plutôt glauque. La virtuosité est là, mais l’épreuve en valait-elle le prix ? On s’accordera sur un point : Kevin mérite vraiment qu’on parle de lui.
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roger w 10 octobre 2011
We Need To Talk About Kevin - la critique
Un film glaçant, aussi agréable qu’une séance chez le dentiste. Toutefois, le brio de la réalisation et le constat dressé font tout l’intérêt d’un long-métrage magnifié par le jeu subtil de la grande Tilda. Encore plus fort qu’Elephant.
Frédéric Mignard 15 octobre 2011
We Need To Talk About Kevin - la critique
Un film clinique dont le parti pris de décrire l’enfance du mal sans concession amuse plus qu’il n’effraie, malgré un final, lui, effectivement glaçant. Un très beau film néanmoins.