Haut les cœurs
Le 11 janvier 2023
Belle réflexion sur la mort et le don de soi, ce chef-d’œuvre de Kurosawa est un modèle d’épure.
- Réalisateur : Akira Kurosawa
- Acteurs : Takashi Shimura, Minoru Chiaki, Kumeko Urabe, Shin’ichi Himori, Haruo Tanaka, Miki Odagiri, Kamatari Fujiwara, Nobuo Nakamura, Noriko Honma, Eiko Miyoshi, Nobuo Kaneko
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Aventi
- Durée : 2h23mn
- Reprise: 21 août 2024
- Titre original : Ikiru
- Date de sortie : 31 août 1966
- Festival : Cinémathèque de Nice, Festival de Berlin 1954
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– Année de production : 1952
– Reprise en version restaurée : 21 août 2024
Résumé : Atteint d’un cancer, Kanji Watanabe, chef de service du génie civil, n’a plus que trois mois à vivre. La proximité de la mort lui donne envie d’adopter un nouveau mode de vie qui le fait éveiller au monde extérieur.
Critique : Vivre appartient à la série des films « urbains » et dépouillés de Kurosawa, axés sur un contexte contemporain, loin du foisonnement esthétique épique des Sept samourais ou de Rashōmon qui firent sa renommée. Ours d’argent au Festival de Berlin, il devint rapidement considéré par certains comme le le chef-d’œuvre de son auteur. Cette réflexion sur le sens de la vie et les fluctuations de l’âme humaine est d’abord le magnifique portrait d’un homme littéralement à bout de souffle, et magistralement interprété par Takashi Shimura. La maladie révèle en lui l’inanité de sa vie familiale et professionnelle et la tentation d’une nouvelle existence permettant de donner du sens à sa fin de vie. Tel Ozu, auquel il est difficile de ne pas le comparer ici, Kurosawa dépeint un microcosme familial ancré dans des traditions de solidarité mais piètre refuge face à l’individualisme ambiant.
- © Carlotta Films
Devenu ami avec un écrivain festif, Watanabe rencontre une galerie de personnages pittoresques dans des virées nocturnes qui dévoilent un Tokyo tout de bruit et de fureur, fortement occidentalisé, avec ses boites à jazz et ses chansons françaises, mirage d’un nouveau départ : le montage du cinéaste met magistralement en lumière ces contrastes culturels et l’impasse dans laquelle s’engouffre Watanabe. Par ailleurs, Vivre excelle à montrer un monde du travail déshumanisé, avec sa bureaucratie inefficace et ses rapports sociaux ineptes, loin de l’idéal confucéen auquel on associe parfois l’économie japonaise. Mais c’est surtout la construction dramatique qui séduira le plus. L’usage ciblé de la voix off, une ellipse incroyable au bout de près de deux heures de récit puis une série de flash-back explicatifs confirment que Kurosawa est aussi un maître de la mise en abîme visuelle et narrative.
- © Carlotta Films
Et au détour d’une séquence assez drôle qui voit notre héros affronter deux mafieux menaçants, le cinéaste retrouve, furtivement, l’univers codé d’un genre qu’il expérimenta avec Chien enragé. Même si d’aucuns préfèreront Kagemusha ou Ran, œuvres charnières de la fin de sa filmographie, Vivre restera emblématique d’un style épuré.
– Festival de Berlin 1954 : Prix spécial du Sénat de Berlin
– Kinema Junpo Awards 1953 : Meilleur film
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