God save the Queen
Le 20 février 2011
Intrigues politiciennes et romance passionnée à l’aube du règne victorien. Une fresque soignée qui ravira les amateurs de pompe historique, mais reste assez largement conventionnelle.
- Réalisateur : Jean-Marc Vallée
- Acteurs : Paul Bettany, Emily Blunt, Rupert Friend, Miranda Richardson
- Genre : Historique, Romance
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 22 juillet 2009
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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– Durée : 1h44mn
– Titre original : The young Victoria
Intrigues politiciennes et romance passionnée à l’aube du règne victorien. Une fresque soignée qui ravira les amateurs de pompe historique, mais reste assez largement conventionnelle.
L’argument : La jeunesse de la reine Victoria, qui devint reine à 18 ans...
Notre avis : Que garde-t-on en mémoire du règne de la reine Victoria ? L’évocation d’une Angleterre guindée, en pleine révolution industrielle, qui voit se multiplier des maisons encombrées de bibelots et accessoirement de gens aux mœurs étriquées, gardiens d’une moralité rigoriste et soigneuse de l’étiquette. Jusqu’à ce jour, Victoria détient le record de longévité d’un(e) souverain(e) en Grande-Bretagne, et l’histoire a retenu ce portrait d’une vieille femme déprimée veillant sur son Empire et ses sujets (et parallèlement, le pendant parodique de la “Reine de Coeur” que Lewis Carroll a imaginé dans Alice au pays des merveilles). Le film se situe délibérément en amont de cette période. Avant de se confiner dans des cols stricts d’un noir corbeau, Victoria a elle aussi été une jeune femme en proie à des sentiments contradictoires, dont la vie de princesse puis la fulgurante accession au trône n’ont pas été exemptes de difficultés. La reconstitution historique des intrigues de palais, avec sa galerie de comploteurs et de demi-habiles, prend ainsi ici le parti de se mêler constamment aux envolées romantiques qui retracent les premiers moments d’amour entre Victoria et le prince Albert. Entre Windsor Castle et Buckingham Palace comme toile de fond, la reine, incarnée par une Emily Blunt très sérieusement impliquée dans son rôle, finit par dicter ses volontés aussi bien à sa cour qu’à son futur compagnon de chambre.
- © Initial Entertainment Group
Victoria : les jeunes années d’une reine est incontestablement un film documenté, soucieux de nous lancer aussi loin que possible dans l’atmosphère contradictoire du XIXème anglais naissant, magnifié par le faste royal de ceux qui résident dans le palais, mais entaché de réalités politiciennes rivales. Le scénario dresse une représentation assez subtile de l’organisation du pouvoir et du contrôle qui verrouille ce dernier à tous les niveaux. Seule la présentation de Victoria en libérale souhaitant œuvrer pour le bien-être matériel et social de son peuple, prête assez à sourire, et semble apporter une maigre pierre de mérite à l’édifice monarchique (le film est en partie produit par l’actuelle duchesse d’York, auteur de livres sur les valeurs humaines et la philanthropie...). La précision historique n’a cependant pas constitué un obstacle majeur pour Jean-Marc Vallée, lui permettant de livrer une vision artistique classique (à des kilomètres de son film précédent) mais fignolée, appréciable scène par scène - chacune prise en elle-même étant très unie formellement -, où la profusion des motifs et des espaces perd presque l’oeil dans le décor. Néanmoins, le tout souffre d’un pesant excès de convention, qui empêche le film de prendre son envol, à la différence de l’excellente adaptation d’Orgueil et préjugés (dont l’univers était tout aussi guindé, mais parcouru d’une insolence légère et fulgurante). Victoria n’aura jamais la vivacité d’une héroïne de Jane Austen ; la romance prend une tournure de mélodrame sirupeux, la fresque historique sacrifie au décorum pompeux, sous une mise en scène insistante que ne sert pas la musique originale, omniprésente et dont on ressort les oreilles épuisées. C’est d’autant plus dommage que la distribution présente un panel intéressant de personnalités et d’interprétations diverses, de Paul Bettany à Jim Broadbent, et qui auraient mérité un peu plus de finesse et d’esprit... au sens victorien et anglais du terme, bien entendu.
- © Metropolitan FilmExport
- © Initial Entertainment Group
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