La chambre (mortuaire) du fils.
Le 26 octobre 2018
Trop fidèle aux attentes du genre, ce drame respectable ménage un peu trop notre sang froid.
- Réalisateur : Claudio Cupellini
- Acteurs : Toni Servillo, Marco D’amore, Francesco Di Leva, Juliane Köhler
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Bellissima Films
- Durée : 1h45mn
- Titre original : Una vita tranquilla
- Date de sortie : 3 août 2011
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Résumé : Rosario Russo, un restaurateur de cinquante ans, s’est installé depuis douze ans en Allemagne où il mène une vie paisible entouré de sa femme, Renate, de son fils Mathias et de son ami Claudio. La vie tranquille de Rosario va prendre un tournant le jour où deux Italiens arrivent sans prévenir dans son restaurant. L’un d’eux, Diego, n’est autre que le premier fils de Rosario, qu’il avait abandonné quinze années auparavant pour fuir un passé qu’il aurait préféré oublier. Rosario s’appelait alors Antonio DeMartino, il était l’un des plus féroces et des plus puissants camorristes de la région de Caserta.
Notre avis : Une vie tranquille : c’est exactement ce à quoi aspirent les personnages de ce drame angoissant et sincère, mais esthétiquement lisse. Bien sûr, le titre désigne avant tout un idéal inaccessible pour qui a eu le malheur de plonger dans les affaires de la camorra, à l’image de Rosario, le père, restaurateur de renom dont l’enseigne dit bien l’étrange familiarité du personnage - trop honnête pour ne pas dissimuler de lourds secrets. A cet égard, il faut saluer les performances de Toni Servillo et Juliane Koehler, dont l’angoisse est subtilement révélée au long du film. Dès l’attentat de la première scène, le cinéaste instaure un climat inquiétant et qui travaille à l’éclatement d’une menace latente. Le danger, ici, est clairement identifiable : il s’agit d’Edoardo (Francesco di Leva), élément intrusif sur lequel repose toute la tension des premières séquences et sans lequel Une vie tranquille manquerait parfois de force - la prestation du fils est assez faible et la mise en scène, assez démonstrative. La musique, le jeu des éclairages et du huis-clos, les inquiétudes de Renate pour son mari et son fils concourent à instaurer une méfiance entre les personnages qui vire parfois à la paranoïa, comme dans la scène où l’un des cuisiniers est licencié par Rosario. De ce fait le récit ne peine pas à entretenir une dynamique où la violence, le plus souvent refoulée, éclate par de saisissants dérapages (froide élimination d’Edoardo). Si quelques longueurs se font sentir, le scénario les balaye par une fin assez virtuose, belle échappée du personnage principal rendu animal par l’homicide (involontaire) de son fils et par la traque organisée de la camorra.
© 2010 Acaba Produzioni Babe Film EOS Entertainment. Tous droits réservés.
Pourtant, en dépit de toutes ces qualités, Une vie tranquille peine à nous bouleverser. Certes, la mise en scène se veut épurée pour dire le refoulement de la violence et de la haine, et elle est en cela parfaitement cohérente avec le "propos" du drame. Mais celui-ci demeure, en définitive, assez conventionnel : même s’il donne lieu à des moments forts, il ne parvient pas à nous surprendre et - plus regrettable - à nous émouvoir. En nous renvoyant, par l’antiphrase, l’image d’une vie cauchemardesque abandonnée au meurtre, Claudio Cupellini semble refuser de convoquer le spectateur à ce qui reste avant tout une histoire entre Rosario et "le clan". Peut-être aurait-il gagné à nous introduire davantage dans l’intimité de ses personnages ou, quitte à jouer la carte du minimalisme, à dépouiller son intrigue pour nous livrer un huis-clos menaçant. Convaincant mais sans plus, le film a au moins le mérite de nous dire combien filmer le secret et le mensonge est une chose difficile au cinéma.
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