Ma jeunesse fout le camp
Le 6 février 2016
Surprenant et déroutant, Alaska dresse le portrait cynique d’une planète mondialisée, où même l’amour tend à se transformer en bien marchand prêt à consommer.
- Réalisateur : Claudio Cupellini
- Acteurs : Lubna Azabal, Roschdy Zem, Elio Germano, Astrid Berges-Frisbey, Paolo Pierobon, Marco D’amore, Valerio Binasco
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Italien
- Durée : 2h05mn
- Date de sortie : 10 février 2016
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Surprenant et déroutant, Alaska dresse le portrait cynique d’une planète mondialisée, où même l’amour tend à se transformer en bien marchand prêt à consommer.
L’argument : Fausto est italien, mais il vit à Paris et travaille comme serveur dans un grand hôtel. Nadine est une jeune Française de 20 ans, à la fois fragile et déterminée. Lorsque les deux jeunes gens se rencontrent par hasard sur un toit, ils se reconnaissent : fragiles, seuls et obsédés par une idée du bonheur qui semble inatteignable. Ils ne soupçonnent pas encore qu’ils vont s’aimer, se perdre, souffrir, se retrouver.
- © Federico Vagliati
Notre avis : Réalisateur très en vue du nouveau cinéma italien, Claudio Cupellini est un homme à la caméra depuis déjà une quinzaine d’années, bien qu’il ne se soit fait connaître en France qu’en 2010, avec son second long-métrage Une Vie Tranquille – son premier, Lezioni di Cioccolato, n’étant pas sorti sur les écrans hexagonaux.
Auteur d’une œuvre cinématographique se voulant à la fois romanesque et engagée, le cinéaste de 42 ans revient dans nos salles avec Alaska, livrant, à travers les amours ardentes et passionnées de ses protagonistes, une vision sensible et complexe de l’Europe d’aujourd’hui, perdue dans ses valeurs et ses contradictions.
- © Federico Vagliati
Au milieu d’un monde quelque peu déréglé et en constante mutation, une majeure partie de la jeunesse occidentale voit ses idéaux et ses aspirations mis à mal par les innombrables transformations géopolitiques du XXIème siècle. Nadine et Fausto, les deux héros de cette histoire – remarquablement campés par Elio Germano et Astrid Bergès-Frisbey – apparaissent, dès le début du récit, comme les banals produits finis des pays industrialisés, au cœur desquels le capitalisme s’est installé depuis un certain temps. Elle est mannequin, poupée de chair et de sentiments condamnée à disparaître sous des vêtements, lui est un émigré italien travaillant dans comme serveur dans un grand palace parisien, et contemplant, d’un œil gourmand et fasciné, l’argent de ses riches clients. Apparemment, ces deux-là étaient faits pour se rencontrer ; ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, que Claudio Cupellini a choisi de développer son intrigue entre La France et l’Italie, qui sont, certes, des nations fortes de l’Europe, mais traversées par des crises identitaire et politique majeures. Ainsi, de par les nombreuses péripéties de son film, le montage dynamique, les cadrages très précis et les mouvements de caméras soutenus, le cinéaste met en lumière les nouveaux codes sociaux régissant nos pays.
- © Federico Vagliati
Dans la ville de Milan, alors que Nadine embrasse une belle et fragile carrière de mannequin, Fausto, lui, s’associe, presque sur un coup de tête, à son vieil ami Sandro, investissant toutes ses économies, mais aussi celles de Nadine, dans une boîte de nuit, au risque de voir l’argent du ménage lui échapper pour de bon si la petite entreprise ne fait pas recette. De ce fait, Cupellini s’appuie sur l’antagonisme de l’amour et de l’argent, ainsi que sur les caractères explosifs de ses personnages, créant une tension permanente au sein de la diégèse, et révélant, du même coup, le pouvoir corrupteur de l’appât du gain sur des individus livrés à leurs espérances et à leurs convoitises. Entre confiance et trahisons, blessures et affection, mensonges et pétages de plombs, l’aventure est passionnante, et cependant terrible.
Mélodrame contemporain, vive critique lancée aux politiques d’austérité qui gouvernent l’humanité, Alaska est une production brillante, où l’émotion s’écoule en cascade intarissable, et où la fiction rejoint le réel pour fustiger les déboires du présent.
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