La Duce vita
Le 8 juillet 2008
Très attendue, la nouvelle fresque italienne de Marco Tullio Giordana déçoit par le manque de conviction de son actrice principale et la langueur du récit, trop simpliste et trop fade, qui très vite nous laisse de côté.
- Réalisateur : Marco Tullio Giordana
- Acteurs : Monica Bellucci, Alessio Boni, Luca Zingaretti
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Italien
- Date de sortie : 9 juillet 2008
- Festival : Festival de Cannes 2008
– Durée : 2h28mn
– Titre Original : Sanguepazzo
Très attendue, la nouvelle fresque italienne de Marco Tullio Giordana déçoit par le manque de conviction de son actrice principale et la langueur du récit, trop simpliste et trop fade, qui très vite nous laisse de côté.
l’argument : A l’aube du 30 Avril 1945, cinq jours après la libération, on retrouve à la périphérie de Milan deux cadavres ensanglantés. Une pancarte fraîchement peinte les identifie : Osvaldo Valenti et Luisa Ferida, exécutés quelques heures auparavant par les partisans. Mais qui étaient Osvaldo Valenti et Luisa Ferida ?
Adulé du grand public, le couple, aussi célèbre à la ville qu’à l’écran faisait partie des acteurs de premier plan du cinéma des "téléphones blancs" que le régime fasciste avait voulu encourager. Parfaits dans les rôles du voyou séduisant et de la femme perdue et sans âme, ils scandalisaient la petite bourgeoisie italienne en incarnant ces personnages anarchisants et dissolus.
Notre avis : Tiré de l’histoire vraie de Luisa Ferida et d’Osvaldo Valenti, le métrage revisite, par le très petit bout de la lorgnette de deux stars du cinéma, l’Italie fasciste. A priori, on est alléché, d’autant plus que le réalisateur n’est autre que Marco Tullio Giordana, qui nous avait effectivement enchanté avec sa fresque Nos meilleures années. Sur le papier, le sujet fait envie et semble particulièrement intéressant. Mais voilà, très vite, l’ennui nous gagne et le film parait d’une longueur exagérée : plus de deux heures !
En entremêlant les flash-back et les images d’archives, on sent bien que le metteur en scène a très envie de nous embarquer dans sa vision de deux acteurs adulés du public, symboles d’une Italie brune. Il oscille constamment entre le point de vue des résistants, qui ne voient en Luisa Ferida et Osvaldo Valenti que des suppôts de Satan, et le journal intime que filme Osvaldo, sur sa vie et celle de sa compagne, où l’on perçoit comme excuse à leur débauche le cabotinage, la naïveté, l’inertie, et l’unique envie d’être connus et reconnus.
Ce métrage pèche par manque de rythme et de cohérence narrative, mais aussi par le jeu maladroit, monotone, et malheureusement peu convaincant de Monica Bellucci. Son personnage a des faux airs d’Isabelle Adjani dans Bon voyage, tant dans son insouciance et sa candeur que dans l’aspect physique, le côté éthéré en moins. Toutefois, il faut reconnaître la prestance et le jeu plein de finesse des acteurs. Luca Zingaretti est parfait en clown facétieux qui ne prend rien au sérieux, pas même la vie, et Alessio Boni énigmatique en doublure particulièrement réussie de Luchino Visconti.
Malgré un très bel emballage, le métrage a du mal à convaincre, et notre attention s’en ressent, l’ennui nous gagne beaucoup trop vite et l’on décroche avant même la fin de cette histoire italienne.
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lovelyplanete 14 juillet 2008
Une histoire italienne
Vu ce jour 14/07 "Une histoire italienne" ! Contrairement à l’avis précédent, je trouve Monica BELLUCCI très troublante dans ce rôle de Luisa et en aucun instant l’ennui n’est venu se loger au cours de ce très long et très beau film. On y trouve de l’excès, de la noirceur, la faiblesse du genre humain mais aussi le courage pour d’autres, et certainement de l’intensité au vu du sujet qu’il aborde : le fascisme ! Je dirai certainement que le découpage du film reste un peu déroutant mais on s’y retrouve très bien quand même et les documents d’archive ajoutent du réalisme et du poignant à cette tragique page d’histoire que l’Italie a du vivre ! Mon avis est très favorable, j’ai moi-même du sang italien dans les veines, ceci explique peut-être celà. C’est à mon sens un grand film et les acteurs y réalisent une belle performance avec des rôles pas faciles, reconnaissons le ! J’encourage les cinéphiles à aller voir "Une histoire italienne" et j’attends de voir d’autres avis positifs sur le film.
Norman06 29 avril 2009
Une histoire italienne
On a été injuste avec cette chronique attachante, Marco Tullio Giordana ayant été accusé d’académisme alors que ce récit, classique certes, est un film honorable sur deux des destinées les plus tragiques du cinéma italien. On a une chronologie qui alterne deux époques : les derniers jours de la fuite de Ferida et Valenti, et leur ascension depuis leur rencontre en 1936. Les meilleures séquences retrouvent le style du néoréalisme italien (les deux enfants en bicyclette dans l’exposition) ou celui de la comédie des « téléphones blancs » (les marivaudages dans le grand hôtel). Certes, des longueurs se font sentir et contrairement à Nos meilleures années, son chef-d’œuvre, le souffle romanesque manque ici de relief et d’intensité. À l’instar de Giuseppe Tornatore avec Cinema Paradiso (1989), Marco Tullio Giordana restera-t-il l’auteur d’un seul film ? Cela ne justifie pas pour autant l’accueil glacial de ce dernier opus à sa présentation cannoise, puis lors de sa sortie en salles, quand des nanars de premier ordre (celui des frères Larrieu) ont droit aux honneurs du Monde, des Inrockuptibles ou de Télérama...