Le deuil lui va si bien
Le 15 septembre 2015
Cet hymne à la vie est un moment de pur bonheur, malgré un sujet d’une profonde tristesse qui sonde les solitudes de notre société contemporaine.
- Réalisateur : Uberto Pasolini
- Acteurs : Eddie Marsan, Bronson Webb, Joanne Froggatt, Karen Drury, Andrew Buchan
- Genre : Comédie, Drame
- Nationalité : Britannique, Italien
- Distributeur : Condor Entertainment
- Durée : 1h27mn
- Titre original : Still life
- Date de sortie : 15 avril 2015
Sortie DVD & blu-ray : le 8 septembre 2015
Cet hymne à la vie est un moment de pur bonheur, malgré un sujet d’une profonde tristesse qui sonde les solitudes de notre société contemporaine.
L’argument : Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu’au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin.
Notre avis : Uberto Pasolini, cinéaste inconnu en France, metteur en scène d’un obscur film inédit sur notre territoire Sri Lanka national hand ball team (2008), est surtout l’heureux producteur de Full Monty. Avec Une Belle Fin, il frappe d’un grand coup sur un sujet somme toute casse-gueule et inattendu, évoquant parfois Un illustre inconnu de Matthieu Delaporte. Il nous immisce ainsi dans la vie apparemment grisâtre d’un fonctionnaire londonien travaillant dans un service chargé de retrouver les proches de disparus sans familles apparentes.
Copyright : © Piffl Medien GmbH
De cet homme solitaire, sans amis ni famille, nous n’apprenons que peu de choses, sinon qu’il semble vivre par procuration, feuilletant les albums des morts, assistant seul aux enterrements des défunts esseulés. Le protagoniste solitaire emplit son existence de toutes ces morts anonymes à qui la société contemporaine n’a pu offrir la consolation d’un accompagnement au seuil de leur ultime voyage.
Copyright : © Version Originale / Condor
Viré sans ménagement par son supérieur hiérarchique pour cause de restriction budgétaire, nous suivons la dernière mission de John May, à la recherche de la fille de son voisin décédé. Plus qu’une coïncidence, cette mission va lui permettre de transcender ce qui n’aurait pu n’être qu’une histoire de transparence et de frustration, à l’image du film Un illustre inconnu. Le récit prend le cours des événement à rebours en tirant l’histoire du côté du conte. Ici pas de pathos mais une profonde empathie pour l’humain. Eddie Marsan contribue énormément à la réussite de cette entreprise funeste, admirable dans un rôle à contre-emploi des vilains qu’il jouait à répétition, notamment dans Gangs of New York de Scorsese, Hancock de Peter Berg, La disparition d’Alice Creed de J. Blakeson, ou encore dans Be Happy de Mike Leigh, où il prêtait ses traits à un moniteur d’auto-école acariâtre et frustré, à la négativité aux antipodes du personnage qu’il interprète dans Une Belle Fin. Grâce à un jeu tout en sobriété et en intériorité, l’acteur démontre l’étendu d’un talent d’exception, entièrement au service d’un personnage a priori terne qu’il joue, paradoxalement, avec incarnation.
Le film lorgne vers La vie fabuleuse d’Amélie Poulain de Jean Pierre Jeunet en s’aventurant sur les terres de la poésie et d’une certaine fantaisie, affirmant la promesse d’un moment de pur bonheur, tout en nous émouvant dans ce portrait brossé d’une société de la fracture où l’oubli guette. On en ressort serein, une fois éloigné des ressorts du psychodrame sordide d’un certain cinéma social britannique dont Uberto Pasolini a su se défausser pour élaborer le plus bel hymne à la vie.
Copyright : © Version Originale / Condor
Le DVD
Sobre, d’une infinie tristesse, tout en touche... Une Belle fin a ému les spectateurs français par la force de son discours sur les exclus de la société, ces êtres de l’ombre dont l’existence se vit dans l’ombre de leur propre solitude. Poignant.
Les suppléments :
Dans un français parfait, le cinéaste Uberto Pasolini se définit avant tout comme producteur et donne sa vision du cinéma. Il revient sur l’originalité de son sujet dramatique et la société contemporaine qui lui a inspiré cette oeuvre atypique qui fait beaucoup de bien. Ses propose passionnent, surtout que l’auteur se confit, sur ses tics, sa propre personnalité, qu’il qualifie d’égoïste... mais attention, ils ne seront disponibles qu’en exclusivité sur l’édition Fnac (30mn).
L’image :
On peut rester sur sa faim quand à l’attractivité de l’image, un peu grossièrement brossée dans une version HD chiche en détails. La colorimétrie est un peu poussée, les noirs approfondis de façon artificielle. La copie aurait pu gagner en excellence.
Le son :
Proposé en version originale exclusivement, en simple 5.1 ou en DTS, le film n’a pas toute la puissance que propose le média aujourd’hui, mais reste d’une belle clarté dans ses dialogues et sert de bel écrin à la composition musicale somptueuse qui accompagne le film.
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Marla 17 avril 2015
Une belle fin - la critique du film + le test DVD
Je suis aussi très fan du film. Il est drôle et bouleversant, et offre une vision particulière de l’Angleterre : http://marlasmovies.blogspot.fr/2015/04/une-belle-fin-y-aura-du-monde.html