Les grandes reprises
Le 24 juin 2014
Venimeux et dérangeant : le triomphe d’une brute prénommée Marlon.
- Réalisateur : Elia Kazan
- Acteurs : Marlon Brando, Vivien Leigh, Karl Malden, Kim Hunter, Mickey Kuhn, Rudy Bond
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Park Circus France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 2h02mn
- Date télé : 23 septembre 2024 22:36
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 25 juin 2014
- Titre original : A Streetcar Named Desire
- Date de sortie : 28 mars 1952
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Résumé : Blanche DuBois, coquette et cultivée mais fragile et mythomane, vient s’installer chez sa sœur Stella à La Nouvelle-Orléans. Elle est perdue dans cet univers ouvrier misérable et ne parvient pas à combattre le sentiment d’attirance et de répulsion qu’elle éprouve pour son beau-frère, une brute sans manières. Stella, enceinte, doit se rendre à l’hôpital. La tragédie peut se nouer...
Critique : Avant toute chose, ce film est le triomphe de quatre comédien. Trois d’entre eux d’ailleurs seront récompensés par l’Oscar, Vivien Leigh en tant que meilleure actrice, Kim Hunter et Karl Malden comme meilleurs seconds rôles ; seul Brando restera sur le carreau [1]. Mais peu importe. Un demi-siècle plus tard, statuette ou pas, avec son tee-shirt crasseux et son charme ouvertement (et uniquement) sexuel, le personnage de l’ouvrier polonais Stanley Kowalski reste l’un des sommets du sex-appeal brut de décoffrage, et revoir Brando dans ce rôle où explose son magnétisme animal permet de comprendre comment et pourquoi, d’un seul coup, il est entré dans la légende de Hollywood.
Reconnaissons toutefois qu’il était déjà en orbite après son énorme succès sur les planches de Broadway où il avait créé le rôle quatre ans plus tôt, sous la direction du même Kazan. Le film est d’ailleurs une adaptation relativement fidèle de la pièce de Tennessee Williams, Kazan réussissant ce tour de force de délester le huis clos cinématographique de toute théâtralité. Bien sûr, il y eut quelques démêlés avec la censure, les thèmes obsessionnels de Tennessee Williams - homosexualité, alcoolisme, problèmes psychologiques et frustrations en tous genres -, ne pouvaient pas, on s’en doute, faire bon ménage avec les diktats puritains du code hollywoodien [2] ! Mais Kazan, dans l’ensemble, réussit à détourner la difficulté en suggérant plus qu’en ne montrant (quoique certaines scènes soient très réalistes) et à créer un climat sensuel violent dont le charme venimeux opère encore aujourd’hui. En même temps que nous submerge le trouble face à un thème toujours dérangeant, celui du désir si envahissant qu’il fait d’une femme une victime prête à tout accepter.
[1] L’Oscar 1952 lui sera raflé sous le nez par un challenger de poids, Humphrey Bogart pour son rôle dans African Queen de John Huston. L’année suivante, rebelote : Brando, sur les rangs pour sa composition d’Emiliano Zapata (Viva Zapata de Kazan encore) se fait doubler par Gary Cooper dans High Noon (Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann). Il continue à jouer de malchance en 1954 où, malgré son Marc Antoine époustouflant dans le Jules César de Mankiewicz, il est évincé au profit de William Holden (Stalag 17 de Billy Wilder). Il triomphe enfin en 1955, dans Sur les quais, une fois de plus sous la direction de Kazan
[2] Certaines scènes ont été coupées dans la version présentée en 1952, elles ont été réintégrées depuis
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