Love machine is watching you
Le 8 juin 2010
Une réflexion critique et non dénuée d’humour, sur la notion de réalité à l’heure où avatars et réseaux sociaux virtuels envahissent le quotidien.
- Réalisateur : Mamoru Hosoda
- Genre : Animation, Manga
- Nationalité : Japonais
- Date de sortie : 9 juin 2010
- Plus d'informations : Le site officiel
– Durée : 1h54min
Une réflexion critique et non dénuée d’humour, sur la notion de réalité à l’heure où avatars et réseaux sociaux virtuels envahissent le quotidien.
L’arguement : Bienvenue dans le monde de OZ : la plateforme communautaire d’internet. En se connectant depuis un ordinateur, une télévision ou un téléphone, des millions d’avatars alimentent le plus grand réseau social en ligne pour une nouvelle vie, hors des limites de la réalité.
Kenji, un lycéen timide et surdoué en mathématiques, effectue un job d’été au service de la maintenance d’OZ. A sa grande surprise, la jolie Natuski, la fille de ses rêves, lui propose de l’accompagner à Nagano, sa ville natale. Il se retrouve alors embarqué pour la fête traditionnelle du clan Jinnouchi. Il comprend bientôt que Natsuki ne l’a invité que pour pour jouer le rôle du " futur fiancé " et faire bonne figure vis a vis de sa vénérable grand mère. Au même moment, un virus attaque OZ, déclenchant catastrophe sur catastrophe au niveau planétaire.
Avec l’aide de Kenji, tout le clan Jinnouchi se lance alors dans une véritable croisade familiale pour sauver le monde virtuel et ses habitants...
Notre avis : Au cœur d’une société entièrement informatisée, les hommes sont dépendants des machines. Cette description n’a rien de futuriste ; l’action de Summer Wars se situe de nos jours. Mamoru Hosada déroule l’histoire d’un bug informatique monumental - ce qui n’est pas sans rappeler le soupçon d’un arrêt total des ordinateurs, les craintes de la chute de la station Mir et autres angoisses, plus ou moins loufoques, parfois légitimes, liées au passage au nouveau millénaire. Summer Wars, que Georges Orwell n’aurait pas renié, est réalisé par le cinéaste de l’ingénieux La traversée du temps, qui s’est entouré, pour l’occasion, du directeur artistique de Le voyage de Chihiro et Le château ambulant d’Hayao Miyazaki - de quoi expliquer l’important succès du film au Japon et la réussite tant graphique que scénaristique du nouvel opus de Mamoru Hosada.
- © Madhouse Productions
Summer Wars place face à face le monde virtuel et le quotidien sensoriel. La réunion d’une famille issue d’une longue lignée constitue le centre névralgique du récit ; c’est au cœur des liens qui se tissent et se perpétuent entre les différents individus que se construit l’intrigue. Lorsque le plus grand réseau social en ligne est piraté, la panique gagne la population ; le fonctionnement des institutions et du matériel technique est en déroute. C’est ainsi que la virtualité des relations tissées sur Internet est mise à mal et que l’ensemble des personnages doivent compter sur la mise en place d’une solidarité collective. Le jeune héros, doué en mathématiques, va devoir s’impliquer dans la lutte contre le pirate informatique, pour rétablir l’ordre du monde réel.
- © Madhouse Productions
La pertinence de Summer Wars tend à ce que Mamoru Hosada met en abyme le principe de duplication de la réalité, en tant que créateur. Même ce qui paraît être réel ne l’est pas ; il ne s’agit que d’une reproduction de la perception du cinéaste du monde qui l’entoure En effet, la réalité qu’il présente, supposément l’exacte réplique que nous connaissons, côtoie Oz, l’univers virtuel aux couleurs chatoyantes où circulent librement des avatars dans des décors suspendus dans l’espace. Il y a une explosion de lumière dans cet univers, comme autant de possibles qu’offre cette plateforme informatique. Autant de réalités sensibles et perceptibles, que seule l’imagination des individus permet de réunir.
- © Madhouse Productions
On retrouve chez Mamoru Hosada le même intérêt pour la réalité, sa poésie, ses contraintes et ses leurres, que chez Satoshi Kon dans Perfect Blue ou Paprika. Mais, à la différence de ces dernières œuvres, Summer Wars s’apprécie comme un film d’action où les nombreux retournements de situation coquaces et souvent inattendus, rythment un long-métrage à la fois réflexif et passionnant.
- © Madhouse Productions
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Jujulcactus 9 août 2010
Summer Wars - La critique
Vu en avant première, ce petit bijou de l’animation japonaise orchestré par Mamoru Hosoda (à qui l’on doit notamment « La traversée du temps ») m’a séduit. A la base dèja par son scénario actuel et original qui met en parallèle deux mondes (le vrai et Oz, le virtuel) où l’un entraine la chute de l’autre. Une sorte de course contre la montre pour stopper un déreglement virtuel lourd de conséquences pour le monde réel. La réalisation est prodigieuse : le film oscille entre les genres avec réussite, offrant une aventure riche et entraînante tout en évitant la lourdeur qui aurait pu s’installer grâce à un second degré et un humour omniprésent et efficace (rare dans ce genre de film, on pense par exemple à Porco Rosso). Passionant et drôle donc, « Summer wars » sait aussi se faire assez touchant, n’hésitant pas à mettre le drame social et familial en son coeur ; une famille très nombreuse et un peu barrée auquelle on s’attache rapidement à l’instar des personnages principaux. La palette graphique hallucinante complète la liste de bons points, très « manga » sur la vie réelle (dans le bon sens du terme ! Même si ça manque parfois d’un peu de fluidité, ça a son charme), le monde d’Oz a quand à lui un style incomparable, un graphisme soigné, épuré, coloré : une merveille ! Autant dire que « Summer Wars » a tout les ingrédients nécessaires pour faire passer à ses spectateurs une aventure passionante qui ne se prend pas complétement au sérieux (à l’image de la scène finale), qui explore une question moderne et récurrente sur la place du virtuel dans la société, et qui impose son réalisateur comme un grand de l’animation, à une distance respectable du maitre Miyazaki, remarquable !