Une dose de jazz
Le 28 juillet 2023
Dans les nuits chaudes new-yorkaises, au son du free jazz, suivez l’itinéraire de trois jeunes : deux frères et une sœur, en quête de devenir.
- Réalisateur : John Cassavetes
- Acteurs : Hugh Hurd, Ben Carruthers, Lelia Goldoni, Anthony Ray, Rupert Crosse
- Genre : Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Orly Films
- Editeur vidéo : Orange Studio
- Durée : 1h20mn
- Reprise: 11 juillet 2012
- Date de sortie : 21 avril 1961
- Festival : Festival de Venise 1960
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– Année de production : 1959
Résumé : New York, à la fin des années 50. Benny est un jeune homme révolté qui passe son temps à jouer de la trompette et à trainer dans la rue avec ses amis Dennis et Tom. Hugh tente quant à lui de faire carrière comme chanteur de jazz, tandis que Lelia nourrit le rêve de devenir écrivain. Ils vivent sous le même toit, ils sont frères et sœurs, et ils sont Noirs. Nous suivons les péripéties de leur quotidien dans les rues de Greenwich Village ou les nuits chaudes des clubs de jazz...
Critique : Tourné en noir et blanc en 1958, Shadows est le premier film du cinéaste américain John Cassavetes. On y découvre un univers commun à son œuvre à savoir la thématique identitaire voire existentielle ou encore la difficulté de vivre sa différence avec l’autre. Pourtant Shadows revêt une ambiance différente tout comme son second film Too late blues, sans doute dû à sa musicalité et à son époque.
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John Cassavetes rompt avec le code Hays en vigueur depuis 1934. Un système de censure pratiqué à Hollywood, où l’on proscrit ostensiblement l’alcool en dehors d’une véritable nécessité scénaristique et où l’on se doit d’appliquer de bonnes mœurs, une décence où la sexualité serait invisible. A cela vient s’ajouter le non-métissage entre « les races » : un homme ou une femme, de couleur blanche ou noire, ne peut se voir lié intimement avec une autre personne d’une couleur de peau différente. C’est avec la volonté de se soustraire de ce carcan moral ou commercial, qu’il propose un scénario, « révolutionnaire » pour l’époque, qui évolue au fur et à mesure de l’improvisation de ses acteurs. Il situe son action à New York à Greenwich Village, au cœur des clubs de jazz, une aire où les musiciens brisent et s’affranchissent des règles. C’est avec ce même désir d’émancipation qu’il fait appel au contrebassiste Charles Mingus et au saxophoniste Shafi Hadi pour composer une bande originale impromptue aux couleurs du free jazz. Libérée, la musique y tient un rôle majeur et fait écho à l’interprétation des comédiens. Le réalisateur fait en sorte de garder les prénoms des acteurs pour que ces derniers puissent être imprégnés de leur rôle, et que leur personnage devienne comme une seconde peau. Pour Cassavetes, lui-même acteur, le film doit tirer sa force du jeu de ses interprètes. Pourtant, même si le long-métrage se veut libre et improvisé, le réalisateur garde une ligne directrice et oriente le jeu de ses comédiens vers ce qu’il attend. Qui plus est, disposant de moyens limités, il s’entoure d’une équipe technique débutante. Cet aspect lui confère également le côté improvisé tant prisé par Cassavetes. Toutefois, après une première projection publique, le film ne rencontre pas l’approbation de son auteur, qui décide, moyennant un nouveau financement, de retourner des scènes supplémentaires qui rendent plus explicites son histoire.
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Le spectateur est amené à observer les déambulations de trois jeunes frères et sœur afro-américains confrontés aux problèmes raciaux et existentiels. L’aîné des frères, Hugh, est un chanteur noir qui évolue dans les clubs de jazz, mais parce qu’il se sent sous-estimé, rechigne à effectuer certains contrats. Mais contrairement à ses frère et sœur, il se situe parfaitement dans sa vie : sa couleur de peau ne lui suscite aucune gêne. Il est noir et l’assume entièrement. Pour son frère Bennie, métisse, sa couleur ne lui permet pas de trouver sa place dans la société. Il erre ainsi avec ses amis à la recherche de son identité. Sa sœur, Lelia blanche de peau, vit très bien son métissage. Elle se sent aussi bien dans les deux communautés. Mais lorsqu’elle est confrontée au racisme, elle prend véritablement conscience de sa différence. Son personnage est d’autant plus perturbateur, qu’il bouleverse l’habitude du spectateur de l’époque. On la montre nue, même si elle est couverte d’un drap, dans un lit en compagnie d’un homme blanc, en situation illégitime car hors-mariage. Et plus encore va-t-elle choquer le spectateur en parlant de sa première expérience sexuelle (car aujourd’hui il faut l’avouer, on en a vu d’autre). Voilà bien un film visionnaire pour son temps.
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