Rush Hour 3 - la critique

Crédit : Comment renouveler une série, déjà poussive à la base, dont le concept repose sur la figure désormais obsolète du buddy movie des années 80 ? En transposant l’action en terre étrangère, pardi ! Pas de bol, ça tombe sur nous, nous les Français grincheux qui accueillons les touristes à coup de sonde anale (c’est le pauvre Roman Polanski qui s’y colle). Heureusement que le film ne se prend pas au sérieux et cultive même une certaine autodérision qui offre à ce troisième opus ses moments les plus drôles : Jackie Chan chantant sur un trapèze dans une boîte de strip-tease, Tucker essayant d’apprendre l’hymne américain à un Yvan Attal réticent... Ce dernier s’en sort d’ailleurs plutôt bien dans le rôle d’abord caricatural d’un anti-américain qui changera d’avis après avoir ressenti « le plaisir de tirer sur n’importe qui », sous-entendu comme les Américains en Irak. Plutôt corrosif, n’est-ce pas ? Ajoutons à cela quelques quiproquos verbaux rigolos et la tchatche de Tucker qui fait mouche une fois sur trois, et on obtient un film qui parvient à nous arracher quelques rires.
Hélas, le problème reste le même que dans les deux précédents épisodes : nous n’arrivons pas à nous attacher aux personnages. L’action se déroule sur un temps très court qui ne permet pas de voir Lee et Carter évoluer dans leurs vies privées (contrairement à L’arme fatale par exemple). De plus, les acteurs principaux sont plutôt mauvais, il faut bien le dire, et cabotinent de manière pesante (surtout Tucker). Mais le pire concerne la pauvreté des cascades et des scènes d’action, indignes des performances habituelles de l’ami Jackie. La faute au temps qui passe tout simplement : Chan (cinquante-trois ans au compteur tout de même) n’a jamais paru aussi vieux à l’écran, et puisqu’il s’obstine, comme notre Bébel national, à faire lui-même ses cascades, le spectacle en pâtit forcément.
L’ennuyeuse fin sur l’inévitable tour Eiffel achève de faire de ce film un divertissement bas de gamme, malgré quelques pépites humoristiques, qui se laisse toutefois regarder sans réel déplaisir.
À noter pour finir, et pour l’anecdote, l’une des dernières scènes du film dans laquelle Chan et Tucker balancent un pain à un Polanski mielleux qui répète inlassablement « ensemble tout devient possible ». Alors, message ironique à notre décidément très envahissant président de la République ou bien simple coïncidence ? Mystère. En tous cas, l’effet est saisissant.