He’s the Mann
Le 5 octobre 2013
La trajectoire sombre et sanglante d’un gangster incarné par Johnny Depp, signée d’une main de maître par un Michael Mann soucieux de ses effets, et distillant la vision puissante d’une Amérique en plein désarroi.
- Réalisateur : Michael Mann
- Acteurs : Johnny Depp, Marion Cotillard, Christian Bale, James Russo, Billy Crudup, Giovanni Ribisi, Lili Taylor, Channing Tatum, Stephen Dorff, Jason Clarke
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Biopic
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h10mn
- Date télé : 20 février 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 8 juillet 2009
- Plus d'informations : Le site officiel du film
Résumé : Basé sur l’histoire vraie de John Dillinger, un braqueur de banque hors pair qui sévit à de nombreuses reprises dans l’Amérique des années 1930. Avancé comme "l’ennemi public numéro 1" par le patron du FBI, John Edgar Hoover, Dillinger sera traqué sans relâche par Melvin Purvis, l’un des agents fédéraux des plus efficaces.
Critique : “A girl and a gun” : voilà ce à quoi, selon le mot de Godard, se résume le cinéma. Et à l’heure de la vidéo numérique, de l’épuisement proclamé du storytelling hollywoodien classique et du regard douloureux de l’Amérique sur elle-même, Michael Mann revoit ses fondamentaux, tout en assumant un rôle de pionnier. Public Enemies affiche, à première vue, tout du film de gangsters habituel, avec en son centre un héros mi-truand au cœur froid, mi-Robin des bois, incarné dans la sobriété et l’élégance par Johnny Depp. Pour lui faire face, le non moins réservé Christian Bale, col serré et regard glacial, donnant dans la réplique et la gâchette assassines ; à tel point que le film prend parfois des allures de machine effrayante, où les sentiments et les instincts proprement humains sont brusquement réduits au silence. Pourtant, Public Enemies n’est pas un film noir supplémentaire sur la prohibition, et l’abondance de repères a priori familiers - costumes sombres, ambiance glamour d’un night-club ou air froid de Chicago - est trompeuse. Mann poursuit les expérimentations esthétiques et visuelles qu’il avait défrichées dans ses précédents films, notamment Miami Vice ; mais au lieu d’abuser de tout ce qui fait la nouveauté du passage de la pellicule à la vidéo, son doigté s’est affiné. Le cinéaste semble être parvenu à un point d’équilibre dans la maîtrise du numérique (le film est en effet tourné en haute définition), comme si la vidéo, sans plus se faire remarquer en tant que telle, déployait tout le potentiel de ses effets au service d’une véritable puissance cinématographique. Mann distille les mouvements de caméra à l’épaule, joue sur les déformations provoquées par les très gros plans, mais s’en sert désormais comme ponctuation, des respirations qui viennent par exemple rehausser des scènes d’action au thème parmi les plus éculés de l’histoire du cinéma - la fameuse fusillade entre gangsters et policiers -, mais dont l’intensité n’est pas loin d’égaler celle du Scarface de Howard Hawks.
- © Universal Pictures International France
Fondu au noir réussi, donc. Ce que vient remettre en question Public Enemies, c’est l’idée même qu’il existe des genres et des codes cinématographiques bien définis, dussent-ils être parodiés à la manière d’un Tarantino. Malgré la profusion d’accessoires et de décors historiques, l’Amérique de la prohibition oscille sur l’écran entre réalisme actuel et nuage de fumée. L’importance dans le film du thème de la notoriété, par les flashes de photographes et la présence des mass media, nous rappelle que ce monde en crise est aussi une estrade de spectacle, où les scènes de crime, pour permettre une meilleure visibilité aux enquêteurs, sont éclairées en pleine rue comme les plateaux des grands studios hollywoodiens. La vision de Michael Mann est sombre, mais nullement moins humaniste pour autant : comme dans les ballets macabres des films d’action hongkongais ou des westerns de Peckinpah, la mort intervient comme un point sanglant mais ultime de résolution de tous les conflits, et sur lequel il convient de jeter un regard pudique, légèrement ralenti, en guise d’hommage discret à une certaine idée de la morale.
- © Universal Pictures International France
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Norman06 9 juillet 2009
Public Enemies - Michael Mann - critique
Très bon film criminel qui confirme le savoir-faire de Michael Mann, tout en se voulant un hommage à l’âge d’or du polar hollywoodien. Même si Johnny Depp peut sembler en contre-emploi, le récit est saisissant. Un futur classique !
Michael2208 12 juillet 2009
Public Enemies - Michael Mann - critique
Après un "Miami Vice" mitigé, Mann revient pour un film de gangster agréable à regarder mais on est loin de la claque espérée. Le problème vient surtout du scénario et de quelques temps mort dans la mise en scène. Le personnage interprété par Bale est a bien trop peu de place, la rivalité entre l’agent fédéral et Dillinger n’a aucune intensité. La grande idée du film, c’est Johnny Depp en Dillinger il porte le film à lui tout seul. On a connu Mann plus inspiré.
Frédéric de Vençay 20 juillet 2009
Public Enemies - Michael Mann - critique
Michael Mann, actuel plus grand réalisateur américain de polars, continue ses expérimentations en numérique et confère à Johnny Depp/Johnny Dillinger un étrange halo lumineux, entre mythe historique et bandit romantique. Un beau film noir au final déchirant... Mais on attend toujours un nouveau ’’vrai’’ chef d’oeuvre de la part de Mann, après Heat et Révélations, les derniers en date.
roger w 23 juillet 2009
Public Enemies - Michael Mann - critique
Après une première partie plutôt mal ficelée et souvent entachée de cadrages privilégiant les gros plans, le cinéaste Michael Mann parvient à donner un peu plus d’intérêt à son film dans la deuxième partie, centrée autour de la traque de Dillinger. Malgré ce sursaut, on peut être déçu par ce bel exercice de style, dépourvu de la moindre psychologie et à l’arrière-plan politico-social trop peu développé. Loin d’être un chef d’oeuvre en tout cas.
fredalo 25 juillet 2009
Public Enemies - Michael Mann - critique
plutôt déçu, il ne faut pas aller le voir en rêvant d un héritier aux affranchis, bonnie and clyde... Mann n a pas la carrure de Penn ou scorsese ou coppola. Ses personnages sont fades. l interprétation ne frise pas les sommets non plus, j attendais beacoup plus de Depp au moment de revêtir le costume du plus célèbre criminel de tous les temps. Peut être même que Warren Oates était meilleur dans le confidentiel dillinger de 1973. Où est cette aura qui entoure les plus grands ? lui et bale en manquent ils ? ou est ce la mise en scène fadasse qui nous prive de la présence de ces deux acteurs considérés comme deux grands actuellement ? pourtant entre eux et Beatty, De Niro, Al Pacino, Brando je trouve qu il n y a pas photo.
A mon sens le meilleur Mann restent le solitaire ou heat. Est ce de s attaquer à un personnage de légende qui a paralysé mann ? toutes proportion gardées en comparaison de la prod actuel Public ennemies reste un film à voir même si on attendait mieux