White and black blues
Le 26 mai 2015
Un polar stylistique exemplaire. Une nouvelle preuve de l’immense talent de Michael Mann, cinéaste "blue note" par excellence.
- Réalisateur : Michael Mann
- Acteurs : Naomie Harris , Jamie Foxx, Gong Li, Colin Farrell, Tom Towles
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h15mn
- Date télé : 13 avril 2021 20:40
- Chaîne : OCS Choc
- Date de sortie : 16 août 2006
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Résumé : Miami... Deux agents fédéraux et la famille d’un informateur ont été sauvagement exécutés. Une nouvelle enquête commence pour Sonny Crockett et son coéquipier Ricardo Tubbs, avec une certitude : la fuite qui a permis ce massacre en règle provenait des sommets de la hiérarchie...
Critique : Autant le dire tout de suite, on adore Michael Mann. En quinze ans et une poignée de films, le cinéaste américain a réussi à insuffler une puissance esthétique inédite dans le paysage cinématographique hollywoodien. Ses films sont reconnaissables entre mille grâce à cette mélancolie diffuse, qui lui est propre, trempée dans une magnifique couleur bleu nuit. Car Mann est avant tout un cinéaste nocturne. Il parvient à nous maintenir constamment dans un état de demi-sommeil, alternant brillamment la tension des scènes d’action filmées au plus près des corps avec la contemplation d’envolées visuelles presque métaphysiques, en tous cas en apesanteur, soulignées par des choix musicaux toujours judicieux. A chaque nouveau film, nous vivons un rêve éveillé.
Miami vice ne déroge pas à la règle et l’on se réfugie volontiers dans cet univers de plus en plus familier. On retrouve notamment la boîte de nuit de Collateral et les fusillades de Heat. Mais surtout, on retrouve ce cinéma insaisissable comme Ali ("danse comme le papillon et pique comme l’abeille"), aussi léger et gracieux qu’une volute de fumée de cigarette (Révélations) malgré cette caméra menaçante, souvent appuyée contre la nuque de personnages perdus devant l’immensité de l’horizon, grâce à une profondeur de champ hallucinante. Miami est la ville parfaite pour cet univers poisseux et orageux qui préfère la moiteur ambiguë de la nuit à la chaleur univoque du jour.
Ce que Mann traque avant tout, ce sont les ténèbres. Ses personnages évoluent dans l’antichambre d’une mort qui peut surgir à chaque instant. Ici, plus de Bien ni de Mal. Tout se mélange, à commencer par le Noir et le Blanc bien sûr, incarnés par Jamie Foxx et Colin Farrell qui se complètent jusque dans leur look (cheveux longs/cheveux courts, moustache/bouc). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le thème musical repris durant tout le film provient du morceau introductif co-signé par le rappeur noir Jay-Z et les petits blanc-becs de Linkin Park.
Avec Miami vice, Mann nous offre un polar adulte exempt de tout second degré. La violence est crue, les armes sont assourdissantes et les impacts des balles font très mal. L’humour est quasi-absent. Nous sommes loin du genre buddy movie développé dans L’arme fatale et ça fait du bien. Crockett et Tubbs se parlent peu comme si tout avait été dit entre eux, ils se comprennent par de simples regards ou attitudes corporelles, et ne rient presque jamais. Touchés par la grâce de la caméra de Mann, ils évoluent avec une fluidité proche du cool absolu et roulent des mécaniques avec élégance. Le charme opère instantanément, renforcé par la tristesse existentielle émanant de leurs visages.
Le blues du business Mann fonctionne encore à merveille et n’est pas près de nous lasser.
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