Perfect sense - la critique

Par le biais d’une passion sensuelle transcendée, MacKenzie plonge au cœur de l’intime, dans un monde dévasté et en perte de sens graduelle, pour donner une résonance universelle au désir amoureux. L’alchimie entre Ewan McGregor et Eva Green irradie l’écran d’une énergie jouissive et contagieuse...

L’argument : Au milieu d’un monde frappé par une étrange épidémie qui détruit progressivement les cinq sens, un cuisinier et une brillante chercheuse tombent amoureux...

Notre avis : Tandis qu’on émerge brusquement d’une expérience sensorielle rarement atteinte sur grand écran, des sentiments antagonistes nous envahissent au plus profond de notre être. Étrangement, la plénitude ressentie inhérente à l’essence de la vie se mêle à la tristesse provoquée par cette histoire d’amour personnelle, laquelle prend des proportions universelles en faisant écho aux questions métaphysiques que nous nous posons continuellement en raison de notre passage éphémère sur Terre. N’est-ce pas ce qui caractérise l’espèce humaine, en plus de son ambivalence, de s’interroger en permanence sur le sens qu’il donne à son existence ?! En cela, Perfect sense se veut le digne héritier de l’indicible La jetée de Chris Marker ; à l’instar de L’armée des 12 singes, même si l’angle de ce dernier est diamétralement opposé du fait que Terry Gilliam préfère se focaliser sur le voyage à travers le temps qui, en modifiant le passé, viserait à contrecarrer l’"inévitable". L’optique adoptée par David MacKenzie, quant à elle, tend à approcher au plus près de l’intime, à même les ébats d’une relation amoureuse en train de prendre corps entre "elle et lui", alors que simultanément une épidémie inconnue fait son apparition en annihilant le sens olfactif de chacune des personnes contaminées, dont une épidémiologiste (Eva Green) qui voit naître enfin une relation intense avec un chef cuisinier (Ewan McGregor). La voix-off liminaire accentue l’ampleur du drame, bientôt planétaire, qui évolue crescendo, dès lors que la perte du goût s’ajoute à l’anosmie, suivie de la surdité (... sans en dire davantage afin que l’histoire ne perde pas tout son sens !) pour les isoler de plus en plus du monde environnant. Présenté au festival de Gérardmer, Perfect sense s’inscrit comme une métaphore de notre société actuelle qui, au rythme frénétique auquel elle progresse, court vers son propre déclin. Chaque nouvelle perte d’un des cinq sens redonne de l’importance aux choses simples de la vie (écouter de la musique, regarder un film, serrer l’être aimé dans ses bras,...). De l’amour, justement, il y est beaucoup question au cœur de ce mélodrame singulier réunissant l’un des plus beaux couples de cinéma vus depuis très longtemps. Que ce soit Eva Green qui retrouve un rôle fort à la mesure de celui dans Innocents, et bien plus encore le toujours impeccable Ewan McGregor dont la grande sensibilité émeut toujours autant. Concrètement, Perfect sense est le titre approprié tant il donne envie de mordre la vie à pleines dents...