La loi du silence
Le 23 décembre 2022
Toutes les ambiguïtés de la violence familiale, dites avec une extrême finesse.


- Réalisateur : Icíar Bollaín
- Acteurs : Rosa María Sardá, Laia Marull, Luis Tosar, Candela Peña, Kiti Mánver
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Haut et Court
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h49mn
- Titre original : Te doy mis ojos
- Date de sortie : 7 juillet 2004
Résumé : En pleine nuit, Pilar se réfugie chez sa sœur, en pantoufles, et son fils sous le bras. Sa carapace va peu à peu se craqueler et la violence quotidienne dont elle est victime éclater au grand jour. Pilar va alors tenter d’échapper à son enfer et trouver un sens à sa vie.
Critique : Le sujet était délicat et pouvait à tout moment basculer dans la caricature. Icíar Bollaín évite tous les pièges, dans un film d’une extrême finesse, magistralement interprété. Il s’en détache cette ambivalence qui pousse à la résignation, quand la main qui frappe est aussi celle qui caresse, quand les moments de tendresse, de regrets, poussent à tout accepter, tout oublier, tout recommencer. Car la réalisatrice n’oublie pas qu’avant la violence, il y a souvent eu de l’amour, des rêves et que c’est cette nostalgie-là qui renvoie sans cesse la victime à son bourreau.
En parallèle à la détresse de Pilar, se dessine le parcours d’Antonio jusque dans les groupes de thérapie où il tente tant bien que mal de comprendre les mécanismes de sa violence. Parenthèses de relative légèreté, ces scènes dévoilent aussi les failles de ces hommes qui ne se sentent exister que par leur force physique, incapables qu’ils sont de mettre des mots sur ce qu’ils vivent.
Iciar Bollaín montre l’usure de l’entourage dont tous les efforts sont balayés par un seul regard mouillé du mari repentant, l’épanouissement de Pilar, assombri par la culpabilité de vivre pour elle-même, et cette violence, insupportable, indicible, résumée par la scène du commissariat où à la question "où vous a-t-il frappée ?", Pilar balbutie "non, les coups sont à l’intérieur".
Grand vainqueur des Goyas 2004, grand prix du dernier festival de Créteil, Ne dis rien dénonce, sans jamais prendre parti, montre avec éclat que les choses ne sont jamais aussi simples qu’on veut bien le dire et que la fiction peut être une voie royale pour éveiller les consciences.
Maryse Legrand 9 juillet 2004
Ne dis rien - Icíar Bollaín - critique
Je vous propose une chronique à partir de ce film sur le site www.institut-espere.com à la page coup de coeur Cinéma
Voir en ligne : La part sombre de l’amour. Petite chronique illustrée à partir du film Ne dis rien
Norman06 3 août 2010
Ne dis rien - Icíar Bollaín - critique
Très beau film sobre et juste sur un sujet délicat, par la réalisatrice de Flores de otro mundo. Une cinéaste à découvrir. Cette œuvre, gros succès en Espagne, a obtenu 7 Goyas, l’équivalent de nos Césars.