Éloge de la chanson
Le 29 mars 2009
Bouillonnement musical et silence clouant. Pour son troisième film, Luhrmann prouve qu’il est de la trempe des plus grands.
- Réalisateur : Baz Luhrmann
- Acteurs : Nicole Kidman, Ewan McGregor, John Leguizamo, Richard Roxburgh, Jim Broadbent
- Genre : Romance, Musical
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UFD
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 2h06mn
- Date de sortie : 3 octobre 2001
- Festival : Festival de Cannes 2001
Résumé : À la fin du XIXe siècle, dans le Paris de la Belle Époque, Christian, un jeune poète désargenté, s’installe dans le quartier de Montmartre et découvre un univers où se mêlent sexe, drogue et french cancan, mais se rebelle contre ce milieu décadent en menant une vie de bohème. Il rêve d’écrire une grande pièce, et le peintre Henri de Toulouse-Lautrec est prêt à lui donner sa chance. Celui-ci a besoin d’un spectacle grandiose pour le Moulin Rouge et le poète est embauché pour rédiger le livret de la revue. C’est là qu’il tombe amoureux de la courtisane Satine, la star du prodigieux cabaret...
Critique : Film musical, avant toute chose, Moulin Rouge reprend avec bonheur plusieurs "classiques pop" de la chanson qui ont marqué le XXe siècle (anglo-saxon) :
les Beatles, All You Need Is Love, Police Roxane, Madonna Like a Virgin, et même une chanson de film interprétée à la base par Marylin Monroe et Jane Russel intitulée Diamonds Are a Girl’s Best Friend (de Jule Styne) tirée du film Gentlemen Prefer Blondes.
Dans ce film, la lune a un visage (Méliès), et chante dans la nuit (la voix est d’ailleurs celle de Placido Domingo). Dans ce film, du french cancan se mêle au rap, au rock et au tango. Les anachronismes musicaux pourtant ne sont pas vécus une seconde comme risibles car ils s’intègrent très bien dans la cohérence du film qui a pour dessein l’irrévérence, mais aussi l’énergie, le burlesque, le rêve, et la multiplicité. Le gothique également.
Moulin Rouge se déroule en pleine Belle Époque (qui s’étale de 1889 jusqu’au début de la Première Guerre mondiale) marquant le déclin de l’élitisme pour la consécration des frasques éclectiques et électriques de la grande culture populaire : constructions du métro parisien, de la tour Eiffel lors de l’Exposition universelle de 1889. Période d’excès architectural (cf. l’Art nouveau de 1890 à 1905), dans laquelle le gothique se mêle au baroque et à la culture orientale, comme on le voit très bien dans le film (le duc habite un château à la Dracula, et l’héroïne habite le célèbre éléphant construit pendant l’Exposition universelle). Le Moulin Rouge est né à cette époque au pied de la butte Montmartre, grâce à Joseph Oller (inventeur du PMU). Oller a été à l’origine de nombreuses salles mythiques parisiennes (boulevard des Capucines, l’Olympia). À cette époque, la butte Montmartre était un quartier fourmillant d’anciens moulins et de hangars devenus très vite des cabarets. De ces salles, de ces " halls", Joseph Oller lança le "music-hall ".
Pas étonnant donc que Baz Luhrmann choisisse de la musique de variété pour retranscrire l’esprit populaire de cette période. Dans son film, la musique est dans tous ses états, fiévreuse comme un soir de première, agitée comme des froufrous colorés, enivrante comme un bastringue. Mais la musique est ici plus que mise en avant, elle est même "en avance." En avance sur le temps décrit.
Éloge de la chanson comme forme d’art résolument moderne, voire visionnaire. Ces emprunts musicaux comme langage entre les protagonistes peuvent rappeler On connaît la chanson dans lequel tous chantaient des chansons préexistantes pour communiquer. Mais ici l’utilisation musicale a deux atouts de taille : le décalage temporel (les héros ont la tête dans les étoiles de l’à-venir) et ce sont surtout les vraies voix des interprètes que nous entendons, non de simples emprunts d’enregistrements originaux. L’expérience audiovisuelle n’en est ainsi que plus authentique et saisissante.
Pourtant, au-delà de ce bouillonnement musical, le vrai leitmotiv du film s’avère vite non tant "le bruit et la fureur ", que le silence. C’est peut-être d’ailleurs la force intemporelle de Moulin Rouge de Luhrmann. La mise en lumière du silence. Quand la folie sonore s’achève, le silence est mille fois renforcé, surprenant, à tel point qu’il nous arrache parfois le cœur tellement l’arrêt musical est violent. Le silence implose dans le film et explose dans la salle, telles des éclaboussures poignardant notre corps.
L’émotion du visage de Nicole Kidman, sur un large écran de vingt mètres. Sa peau blanche bleutée, lunaire, ses lèvres d’un rouge qui ensanglante notre regard, ses yeux perçant la salle obscure, et le tout dans le silence. Nous restons cloués. Pas un mouvement dans la salle. Or n’est-ce pas là le but de toute démarche artistique et ce qui la relie aux pires tyrannies ? Nous réduire au silence ?
Mais il ne s’agit pas d’un silence honteux ni fasciste, mais grandiose, d’une libération, celle du cœur qui arrête un instant sa routine mécanique pour vivre, souffler, respirer, se restaurer, libre d’aimer.
Si Alain avait vu ce film, peut-être aurait-il dit une fois de plus : "La beauté ne plaît ni ne déplaît, elle arrête."
Moulin Rouge est un film bouillant, sans cesse en mouvement, qui "arrête" et s’arrête à la toute fin sur un rideau rouge. Luhrmann revendique ses trois films comme sa trilogie du rideau rouge. Le métrage débute sur un rideau dévoilant l’écran et le logo de la 20th Century Fox. En bas de l’image, un chef d’orchestre agite hystériquement les bras devant son orchestre hors champ. Le film démarre dans l’excitation, l’aigu, mais peu à peu devient plus grave, noir et dur. Car le vacarme glorieux et enthousiaste se déroule lentement dans un decrescendo épique et courageux. Beaucoup de films aujourd’hui sont construits en crescendo, augmentant la sauce toujours plus lourdement et rapidement. Ici, Baz Luhrmann prouve aux yeux du monde qu’on peut encore faire un film à contre-courant des habitudes.
Moulin Rouge décrit par sa structure la lente pente glissante vers la noirceur. Pente de l’argent contre le sentiment, du pouvoir contre la contemplation amoureuse. Descente aux enfers de la civilisation moderne. Effondrements architecturaux et humains des guerres mondiales qui suivent cette Belle Époque. Et effondrements des amours humains impossibles décrits par le film. Un film d’amour et de musique. Un film enchanté et en couleurs, magistral et visionnaire.
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1er septembre 2004
Moulin Rouge - la critique
Le film Moulin Rouge de Baz Luhrman est un vrai chef d’oeuvre !!!!!!!!
Ce film est très riche en émossions, On passe de la joie, de la surprise, de l’étonnement mais aussi à de la tristesse et tout ça fait que ce film est "spectaculaire" grandiose et plus encore.
Les acteurs jouent tous leurs rôles à merveille. On est vraiment pris par l’histoire qui nous est raconté : on a le sentiment de faire parti des spectateurs mais dans le film lui même.
On rit mais on pleure aussi et on ce sens vivre avec ce film.
Vous avez compris que ce film est à ne pa manquer car une fois vu vous ne l’oublirez jamais !
LeSariDeMadame 2 mars 2007
Moulin Rouge - la critique
La dame aux camélias revisitée, une vision fantasmée du "gai Paris", pourquoi pas ? Mais pourquoi pas non plus faire appel à de bons compositeurs plutot que de reprendre ces chanson insipides, beuglées plus souvent que chantées (cf la scène d’introduction, affreuse !). Mc Gregor et les comédies musicales j’adore, Nicole Kidman aussi même si elle ne possède pas la sensualité censée émaner de son personnage, mais là ça m’a paru lourdingue, des décors aux jeux des acteurs, aux chansons qui déboulent comme s’il fallait les placer au mieu d’arriver naturellement. Une scène toutefois est fort jolie et bien placée (tango et Rooooxane). Trop peu.
alinea 7 avril 2007
Moulin Rouge - la critique
Que de paillettes et de décors à tourner la tête ! J’ai trouvé le tout très "tape à l’oeil". La caméra virevolte au rythme des chansons et des costumes et ça devient agaçant. Cette histoire d’amour impossible fleur bleue ne m’a pas émue. C’est répétitif et kitch. Kidman (aussi sexy qu’un glaçon) est à fond dans le mélo, c’est rasant et indisgeste. Le scénario est inconsistant. Entre pute de luxe et poète maudit, le délude de chansons niaises m’a vita agacée.
bbjj83 25 novembre 2007
Moulin Rouge - la critique
Très très long film.
Tous ces décors sont tape à l’oeil.
Les acteurs niais.
Un film détestable à souhait.
A éviter à tout prix.
C’est un film très ennuyeux !!