Tu seras un homme, mon fils
Le 14 janvier 2014
Récompensé par l’Ours d’Or du festival de Berlin 2013 et désigné pour représenter la Roumanie dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger 2014, Mère et fils s’impose comme un drame familial porté par une actrice au sommet.
- Réalisateur : Călin Peter Netzer
- Acteurs : Luminita Gheorghiu, Bogdan Dumitrache, Ilinca Goia
- Genre : Drame
- Nationalité : Roumain
- Durée : 1h52 mn
- Titre original : Child’s pose (Pozitia Copilului)
- Date de sortie : 15 janvier 2014
Récompensé par l’Ours d’Or du festival de Berlin 2013 et désigné pour représenter la Roumanie dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger 2014, Mère et fils s’impose comme un drame familial porté par une actrice au sommet.
L’argument : Cornelia fait partie de la classe dirigeante roumaine, de tout point de vue : entourée de ses amis riches et puissants, parmi lesquels des membres du gouvernement, elle distille une autorité glaçante sur ses employés, sur son mari et surtout sur son fils unique, Barbu qui, après un excès de vitesse, renverse un adolescent de quatorze ans. C’est le début d’un long combat pour Cornelia, qui fera jouer ses relations afin d’éviter la prison à son fils. Barbu, de son côté, fait tout pour se détacher d’elle, tout en lui demandant de l’aide afin de se sortir de cette situation. Au risque qu’ils oublient tous les deux la portée du crime…
Notre avis : Alors que le thème de la mère castratrice et surprotectrice a été évoqué à de nombreuses reprises au cinéma, tout le talent de Călin Peter Netzer repose dans le traitement de son sujet : là où le spectateur s’attend à assister à l’affrontement entre une mère et son fils, le réalisateur ne met qu’elle sur le devant de la scène (et dans toutes les scènes). Là où il est d’abord question d’un accident de la route qui a coûté la vie à un enfant, il expose le tardif passage à l’âge adulte d’un grand garçon de plus de 30 ans, que sa mère a empêché de prendre le chemin naturel qui lui aurait permis de devenir un homme responsable.
© Sophie Dulac Distribution
Comment, alors qu’elle lui a tout donné, expliquer la prise de distance de ce fils qui peut paraître bien ingrat, dès qu’il cherche à se protéger de son emprise ? Précisément parce qu’il a conscience des lacunes de son éducation dorée, durant laquelle il a laissé sa mère décider de tout à sa place. Cornelia, aveuglée par son amour de mère, ne veut surtout pas comprendre que traiter son fils comme un grand bébé empêche Barbu d’être heureux. Jusqu’à l’accident…
Luminita Gheorghiu porte à bout de bras ce drame poignant et contrôle le masque porté par son personnage. Elle parvient à nous faire apprécier cette femme de poigne qui deviendrait presque détestable tant elle affiche son indifférence envers le crime de son fils, par ailleurs passé au second plan. L’accident n’est, après tout, qu’un prétexte pour aider cette mère, qui a placé tous ses espoirs dans son enfant unique, à comprendre que son fils a besoin de s’assumer seul et qu’elle l’en empêche.
Cherchant à écarter de la famille tout ce qui représente une perte de terrain, jusqu’à la compagne de son fils, qui ne lui plait pas, elle ne peut pas stopper la justice malgré tous ses efforts.
© Sophie Dulac Distribution
C’est quand Cornelia comprend que son combat est vain, et qu’elle lâche enfin prise, que le jeu de l’actrice prend son envol, et qu’elle exprime avec une incroyable humanité ce que toute mère désire : voir son fils devenir un homme.
Quand elle rencontre la mère de la victime, lors d’une scène où l’émotion casse sa froideur, elle montre qu’elle est également en deuil, et qu’elle pleure ce fils généreux, doux et gentil qu’elle souhaitait tant et que Barbu n’est pas devenu.
Jusqu’au dénouement, d’une grande puissance, où Cornelia fait tomber le masque et montre toute sa sensibilité, laissant enfin à son fils la liberté d’agir.
Figure montante de l’Ecole roumaine, ce nouveau cinéma qui met la critique internationale en émoi, Călin Peter Netzer signe avec ce film, son troisième long-métrage, une œuvre atemporelle sur l’amour filial, la prise de pouvoir et l’autorité que l’on peut dispenser à autrui et accepter pour soi-même. Traité avec subtilité, nuance et pudeur, cet affrontement sans éclat, de voix comme de colère, ne permet pas d’oublier qu’aucun des protagonistes n’a vraiment le choix : en tant que mère, Cornelia doit aider son fils ; en tant que fils, Barbu doit se détacher tôt ou tard de sa mère, prendre ses propres décisions, et comprendre qu’il peut être proche d’elle malgré tout. En attendant d’acquérir, enfin, un respect mutuel.
© Sophie Dulac Distribution
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Jean-Patrick Géraud 16 février 2014
Mère et fils - la critique du film
Excellent film, poignant et rythmé.