Connected people
Le 5 décembre 2014
Des hommes, des femmes et des enfants, plus connectés à Internet qu’à leurs proches. C’est le constat, plutôt bien mené mais un peu schématique du nouveau film de Jason Reitman.
- Réalisateur : Jason Reitman
- Acteurs : Adam Sandler, Jennifer Garner, Dennis Haysbert, Rosemarie DeWitt, Judy Greer, Dean Norris, Ansel Elgort, Olivia Crocicchia, Kaitlyn Dever
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h56mn
- Titre original : Men, Women & Children
- Date de sortie : 10 décembre 2014
Des hommes, des femmes et des enfants, plus connectés à Internet qu’à leurs proches. C’est le constat, plutôt bien mené mais un peu schématique du nouveau film de Jason Reitman.
L’argument : Regard sur l’influence des nouvelles technologies de communication sur les comportements des humains du XXIe siècle, à travers les histoires vécues par divers adultes et adolescents américains.
Notre avis : Après Last Days of Summer, un drame classique en rupture avec le ton mordant de ses premiers films, Jason Reitman revient au genre de la comédie sociétale qui a fait son succès.
Pour la première fois cependant, le réalisateur propose un film choral, qui suit cinq adolescents et cinq parents, dans leurs relations les uns avec les autres et dans leurs rapports aux nouvelles technologies de communication. L’ambition du film est claire : ausculter la vie de tous les jours dans les sociétés occidentales du début du XXIème siècle, décrire les rapports nouveaux qu’entretiennent les adolescents entre eux, les adultes entre eux, les parents avec leurs enfants, à l’âge d’Internet et des smartphones.
La première partie du film est bien conduite, on suit avec plaisir les aventures 2.0, encore inimaginables il y a 20 ans, de ces personnages auxquels on s’identifie forcément un peu. Jeux vidéo immersifs en ligne, blogs, sites de rencontre, sextos, photos publiées sur Facebook, sites personnels d’autopromotion ou sites pornographiques, les différentes facettes d’Internet dessinent le portrait virtuel d’une génération plus habituée aux avatars qu’à la communication IRL.
- © Paramount Pictures
Le film met habilement en scène l’incursion du numérique dans la vie réelle. Les textos et les écrans se fondent dans la réalité et Jason Reitman propose une image saisissante d’un flux d’êtres humains qui marchent solitaires, tous accompagnés d’une image virtuelle relatant leur activité du moment (Facebook, texto...), un peu à la façon des informations qu’on peut voir à côté d’un personnage dans un jeu vidéo. Avec une évidence : aujourd’hui, chacun superpose à son existence concrète une existence numérique. Plus personne n’existe seulement par lui-même, la réalité d’un individu est toujours "augmentée" de ses identités et interventions virtuelles.
Mais alors que les différentes histoires étaient plutôt bien imbriquées et prometteuses, portées par une distribution impeccable, le film, arrivé à mi-chemin, connaît un coup de mou dont il ne se relèvera pas. Les personnages semblent tous être peu à peu aspirés par une voie du milieu consensuelle : Internet est un outil fascinant qu’on ne peut pas rejeter en bloc, mais il faut faire attention car il peut être dangereux. La mère surprotectrice et la mère trop indulgente sont amenées doucement sur le chemin de la rédemption, le couple en crise pourrait trouver un second souffle, la jeune fille anorexique comprend peu à peu les dégâts de la dictature de l’image, le jeune homme accroc aux sites pornos prend conscience de l’impasse dans laquelle il se trouve...
- © Paramount Pictures
A vouloir comprendre et soutenir les faiblesses et les frustrations de tous ses personnages, à vouloir donner à chacun le chemin du salut, le film se fait à la fois trop complaisant et doucement moralisateur (sentiment renforcé par la voix off et par la perspective cosmologique). Jason Reitman ne cache pas que son histoire d’amour préférée est celle de deux adolescents réservés et pudiques, qui lisent des livres (!) et dont la vie virtuelle reste séparée de la vie réelle. Ce sont également les seuls personnages qui ne parlent jamais de sexe.
Comme dans Juno ou Young Adult, le cinéaste continue à tisser sa toile un brin réactionnaire. Trop occupé à ramener ses personnages dans le droit chemin et à privilégier l’amour et la famille (même de façon artificielle), il rate la fin de son film. Il n’en reste pas moins qu’il dresse un portrait plutôt convaincant d’une époque où l’explosion des moyens de communication rend paradoxalement la communication difficile. Comment prendre encore le temps de regarder autour de soi et de discuter longuement et profondément avec quelqu’un, sans être distrait par un écran ? Men, Women & Children se fait le témoin d’une révolution dont on ne voit sans doute aujourd’hui que les prémisses, et qui actualise des questions intemporelles : comment se comprendre les uns les autres ? comment rompre la solitude ?
- © Paramount Pictures
- © Paramount Pictures
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
birulune 14 avril 2018
Men, Women & Children - la critique du film
Le film le plus malsain que j’ai jamais vu. The ABC of the Death 1 et 2 c’est rien à côté. Un cauchemar éveillé avec une voix off lancinante. J’ai pas réussi à tenir jusqu’à la fin.