Le 19 novembre 2014
Melancholia est une grande œuvre métaphysique sur fond de discordes familiales et de fin du monde. Magistral.
- Réalisateur : Lars von Trier
- Acteurs : Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgård, Brady Corbet, Udo Kier, Alexander Skarsgård
- Genre : Drame, Science-fiction
- Nationalité : Français, Allemand, Suédois, Danois
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 2h10mn
- Date télé : 18 septembre 2016 22:35
- Chaîne : France 4
- Reprise: 12 juillet 2023
- Date de sortie : 10 août 2011
- Festival : Festival de Cannes 2011
– Reprise en version restaurée : 12 juillet 2023
Résumé : À l’occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la sœur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre...
Critique : Melancholia marque le grand retour de Lars von Trier, pour une œuvre moins dérangeante qu’Antichrist mais tout aussi ambitieuse sur la forme. Découpé en deux parties, le récit part d’une trame de science-fiction catalyseur des rancœurs affectives au sein d’une cellule familiale. Mais von Trier nous offre d’abord un très beau prologue, à la tonalité wagnérienne, fantasmagorie autour de la fin du monde, et qui fait écho à la prophétie anticipée dans son précédent film (le « Chaos règne » du renard).
- © Les Films du Losange
L’histoire peut alors commencer, et le banquet de mariage auquel nous assistons est un jeu de massacre sans appel, qui tient tant de la farce burlesque d’Un mariage (Robert Altman, 1978), que du psychodrame thérapeutique de Festen (Tomas Vintenberg, 1998), sans oublier un air de famille avec les noces annonciatrices d’un Voyage au bout de l’enfer : dans cette tragi-comédie où l’on feint de croire au bonheur, Charlotte Rampling, dont le personnage de mère trouble-fête incarne la misanthropie tranquille et la désillusion affichée, semble être le porte-parole d’un cinéaste amer et désenchanté. Mais les deux figures centrales sont bien ses deux filles : la blonde Justine (Kirsten Dunst) et la brune Claire (Charlotte Gainsbourg) sont liées par une relation fusionnelle tout en étant antinomiques : quand la première a conscience de son vide existentiel et tente de s’affirmer, la seconde a davantage la tête sur les épaules et se raccroche aux branches du conformisme conjugal et maternel. Mais la plus fragile des deux est-elle celle que l’on croit ? Les deux actrices expriment avec nuance cette dualité ambigüe, et en particulier Kirsten Dunst, d’un feu intérieur qui n’est pas sans évoquer Emily Watson dans Breaking the Waves ou Nicole Kidman dans Dogville. Elle trouve ici l’un de ses meilleurs rôles, après Virgin Suicides et Marie-Antoinette, même s’il est permis de juger que son Prix d’interprétation est de circonstance, von Trier n’ayant pu être directement récompensé à la suite du scandale que l’on sait.
- © Les Films du Losange
Après la fulgurance de cette première partie, le second volet paraîtra plus serein et d’une sobriété toute bergmanienne. Il diffuse aussi davantage ce sentiment de « mélancolie » et de résignation, avec ce compte à rebours inhérent à la collision entre deux planètes. Il serait cependant hasardeux de parler de rupture esthétique : « J’aime le choc entre ce qui est romantique, grandiose, stylisé, et une certaine forme de réalité », a déclaré le cinéaste, fidèle à son style caméra à l’épaule mais pour filmer des décors luxueux (un château en Suède), alternant dialogues intimistes et envolées lyriques qui ne dévie jamais (ou presque) vers la grandiloquence. Ne doutons pas que Melancholia, aux accents métaphysiques, restera donc un jalon essentiel dans la filmographie de Lars von Trier, quelque part entre les expérimentations de Element of crime et le romanesque assumé de Dancer in the Dark : du grand art.
– Festival de Cannes 2011 : Prix d’interprétation féminine pour Kirsten Dunst
– European Film Awards 2011 : Meilleur film - Meilleure photo - Meilleur décor
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roger w 20 août 2011
Melancholia - Lars von Trier - critique
Divisé en deux parties bien distinctes, Melancholia est une oeuvre ambitieuse qui ne ressemble à rien d’autre qu’elle-même. L’introduction touche tout bonnement au sublime. Puis la longue séquence du mariage catastrophe alterne moments en creux et règlements de compte jubilatoire (mention pour Charlotte Rampling en mère cynique). La seconde partie, plus intimiste, ennuie parfois, mais finit par donner un réel sentiment de fin du monde. En tout cas, rarement un cinéaste a approché la sensation de dépression avec une telle acuité. Superbe.
Frédéric Mignard 21 août 2011
Melancholia - Lars von Trier - critique
C’est laid, pompeux, prétentieux et surtout VAIN... Quand Lars von Trier arrêtera-t-il le cinéma ? Cela nous fera des vacances !
Jujulcactus 21 septembre 2011
Melancholia - Lars von Trier - critique
Lars Von Trier nous livre sa vision de la fin du monde avec son « Melancholia », nom donné à une planète qui menace d’entrer en collision avec la Terre. Sous ce ciel des plus intrigants, qu’il surveille d’un œil tout au long de son œuvre, deux femmes, deux sœurs, évoluent : l’une organise un mariage, l’autre se marie, l’une s’inquiète de son destin, l’autre l’attends, impassible... Deux personnages pour deux chapitres, deux fins du monde en soi. Lars Von Trier dépeint deux psychologies complexes tout en lançant un compte à rebours oppressant. Tour à tour fascinant et lancinant, il cultive avec son ambiance singulière et très nocturne beaucoup de mystères, pose de nombreuses questions mais ne fait qu’entamer les réponses, laissant au spectateur une impressionnante marge de réflexion. Tout le film se tient dans une gigantesque demeure, huis clos symbolique, où il met au service de sa narration une mise en scène époustouflante, faite de tableaux, et on en prend réellement plein les yeux. Le casting est sans faille : Kirsten Dunst (palmée à Cannes) étonne dans la peau d’une femme imprévisible et au regard faussement vide et Charlotte Gainsbourg est juste phénoménale de justesse et de fragilité. Tirant peut être un peu trop en longueur au milieu, le rythme s’englue dans des sous-intrigues en apparence sans grands intérêts, pourtant avec un peu de recul, on leur trouve une justification, tout semble parfaitement construit et réfléchi. Oeuvre mystérieuse à la superbe plastique, elle réserve à son spectateur un final ahurissant de puissance, d’émotion et de beauté ... Le souffle coupé devant l’écran en tout point noir ... On vient d’assister à un grand film, d’une beauté et d’une densité psychologique rare. C’est ça un chef d’oeuvre ?
25 septembre 2011
Melancholia - Lars von Trier - critique
On ressort de Melancholia avec une impression embarrassante : celle que le cinéma de LVT n’a plus rien à dire de neuf. Le nihilisme du génial auteur de Dancer in the Dark est devenu poussiéreux et malade. La première partie, pâle ersatz de Festen, irrite par sa dénonciation polie du conformisme bourgeois. La seconde, habitée par la présence de Gainsbourg, est déjà plus convaincante avec ses accents bergmaniens et son atmosphère de tragédie feutrée. Mais dans ce film LVT recycle : parfois pour le meilleur, surtout pour le pire. Figé dans une posture apocalyptique creuse, le long-métrage est desservi par un scénario qui s’attache à ôter toute crédibilité à ses personnages. Reste à espérer que cette déception ne soit qu’une parenthèse dans une filmo qui compte par ailleurs des oeuvres bouleversantes et dont c’est ici l’un des rares impairs.