Set et match
Le 2 novembre 2022
Un bijou d’audace, drôle et déchirant. Enthousiasmant.
- Réalisateur : Woody Allen
- Acteurs : James Nesbitt, Brian Cox, Scarlett Johansson, Emily Mortimer, Jonathan Rhys-Meyers, Matthew Goode, Penelope Wilton
- Genre : Drame, Action, Film de sport, Policier
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : TFM Distribution, Twentieth Century Fox France
- Durée : 2h03mn
- Date télé : 2 novembre 2022 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 26 octobre 2005
- Festival : Festival de Cannes 2005
Résumé : Jeune professeur de tennis issu d’un milieu modeste, Chris Wilton se fait embaucher dans un club huppé des beaux quartiers de Londres. Il ne tarde pas à sympathiser avec Tom Hewett, un jeune homme de la haute société avec qui il partage sa passion pour l’opéra. Très vite, Chris fréquente régulièrement les Hewett et séduit Chloe, la sœur de Tom. Alors qu’il s’apprête à l’épouser et voit sa situation sociale se métamorphoser, il fait la connaissance de la ravissante fiancée de Tom, Nola Rice, une jeune Américaine venue tenter sa chance comme comédienne en Angleterre...
Critique : Coup de théâtre terrible : alors que Woody nous avait laissés sur la mauvaise impression de Melinda et Melinda, fausse mise en abyme plombée par un concept bancal, et qu’on n’attendait plus grand-chose de son cinéma, l’auteur surprend plus que génialement avec son dernier film, Match Point, dans lequel il dynamite son édifice fictionnel et renouvelle son style en musardant dans tous les registres possibles (du mélodrame à la comédie pure en passant par le vaudeville quand ce n’est pas le thriller voire le fantastique). On ne s’en rend pas compte au début : les vingt premières minutes trompent et installent le spectateur dans un système faussement conventionnel avec des réflexions sur la vie et les femmes, des répliques ajustées sur fond de blagues dostoïevskiennes et un bon surmoi bergmanien. Alors que l’exposition semblait accumuler benoîtement tous les tics et poncifs de son cinéma, la suite contredit rapidement cette pénible impression et instille le mystère dans des interstices obscurs pour atteindre très vite des sommets.
En double (flippant) du réalisateur, Jonathan Rhys-Meyer se glisse avec une aisance confondante dans la peau d’un type ordinaire, partagé entre deux amours (la petite amie ou la sœur de son pote) et soumis à des questionnements existentiels complexes. Oui mais voilà, contrairement aux précédents opus du réalisateur, ce n’est pas Woody qui soliloque et filme ses belles névroses avec sa vieille caméra mais tous les personnages confondus qui ont des problèmes avec l’image qu’ils véhiculent. Tous n’ont qu’une obsession (la normalité) et veulent se mouler dans le conformisme. Le personnage énigmatique de Scarlett Johansson constitue une aubaine pour l’actrice qui prolonge la grâce de Lost in Translation, œuvre ô combien sublime dans laquelle tous les romantiques qui préfèrent les silences aux mots se sont retrouvés. On a l’impression d’être dans un Allen des années 80 où ses muses étaient vraiment inspiratrices (Scarlett en nouvelle Diane et Mia).
Au contact de toute une nouvelle génération d’acteurs, pourvu d’un script intelligent, finement retors et quasi selbyien, Woody capte la sensualité de fragments érotiques, d’instants coupables ou volés, comme pour fomenter un contrepoint aux comédies romantiques meringuées, et traite sans tabou de l’ambiguïté morale en parsemant son jeu de massacre d’une bonne dose d’ironie et d’amoralité. Sous l’apparent classicisme de son sujet, Match Point s’inscrit comme le meilleur Woody Allen depuis... (depuis quand au fait ?), et s’impose surtout comme un bijou d’audace drôle et déchirant, enthousiasmant au-delà des espérances, qui tord le cou aux préjugés et rappelle aux cinéphiles les plus pyrrhoniens que le cinéaste juif new-yorkais (qui ici tourne en Angleterre) n’a rien perdu de son audace ni de sa vigueur. C’est le plus beau coup de revers de l’année.
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ragondin 27 octobre 2005
Match point - la critique
Merci Romain Levern de m’avoir donné envie de retourner voir un Woody Allen. C’était pas gagné vu les dernières daubes que ce cinéaste que j’adore, nous a pondu ces denriers temps.
ragondin 10 novembre 2005
Match point - la critique
Je suis donc allé voir Match POint et bien je ne le regrette pas ! Très très différents des autres Woody, ce film est palpitant ! Jonathan Rhys-Meyers et Scarlett Johansson sont parfaits.
La fin est totalement inattendue et comme toujours le fil rouge frôle l’immoralité. Du grand Woody Allen, je suis (re)conquis !
cgaillardot 14 novembre 2005
Match point - la critique
Un film très réussi. Ce n’est pas un film comme on peut s’y attendre car Woody Allen nous surprend par un film très enlevé avec beaucoup de rebondissements, d’actions’ et on oublie dans ce film ses complaintes.
A voir !
Mysterious31 20 novembre 2005
Match point - la critique
Un melange de sentiments en sortant de la salle et tout au long du film. Plein de rebondissements jusqu’au dernier moment, ce film est un bijou qui mérite largement la note maximale.
Bravo Mr Woody Allen, merci pour ce très bon film.
ncha 21 novembre 2005
Match point - la critique
Un film joliment réalisé, à la fois parfois attendu et réservant quelques surprises. Une petite déception cependant, car cette dernière production rentre davantage dans les standards hollywoodiens et ressemble assez peu à ce à quoi Woody Allen nous avait habitués. Reste une très belle photographie de Londres et de la campagne anglaise et toujours une évolution psychologique intéressante du héros Chris Wilton . Epatante Emily Mortimer.
sebou 23 novembre 2005
Match point - la critique
J’ai beaucoup aimé ce film. Il faut avouer qu’à la base, je n’apprécie pas tellement les films à l’humour un peu intello de Woody Allen. Celui là est donc très différent de ces films habituels. Il s’agit d’une tragédie contemporaine et londonienne (magnifique photographie et décors !). Les 3 acteurs principaux sont fabuleux, en particulier Scarlett Johannson ! On suit avec intérêt l’ascension de ce jeune professeur de tennis reconverti dans le business. La fin ménage un suspense et une surprise ... que je ne vous dévoilerai pas ! Bref courez y !
clayre 24 novembre 2005
Match point - la critique
Pour moi, "match point" est decevant et n’est certainement pas le meilleur film de ces derniers temps !
Naviguant sur le thème vu et revu de l’ascension sociale avec un personnage principal arriviste qui hésite entre amour et argent, Woody Allen nous donne à voir un film très convenu.
Quoi de plus banal en effet qu’un fiancé attiré comme par hasard par la femme inaccessible de son futur beau-frère ? Notons au passage la référence très convenue au bien et au mal avec une femme brune que contrebalance la femme blonde angélique...
Les personnages sont en outre très superficiels et le thème du tennis très absent (méritait-il ainsi de donner son titre au film ?)
La fin du film est enfin des plus inattendue, mais presque superflue avec une dramatisation forcenée bien inutile je trouve... seul le côté immoral du héros qui échappe à la justice (mais peut-etre pas à sa conscience...)reste peut-etre le point le plus positif et le plus étonnant de ce film bien joué, il est vrai...
Mais si loin d’un film comme "Mélinda et Mélinda" pour ne citer que celui là, au scénario-double si original !!
nemo 30 novembre 2005
Match point - la critique
Brillantissime !!!!!!
Woody Allen, quel âge déjà ? se livre ici à un exercice de haute voltige, alliant rythme et sensualité en proposant un scénario qui va crescendo, totalement immoral et jouissif, même si les personnages sont pieds et poings liés à leur volonté de vivre jusqu’au bout et à quel prix pour certains, leur passion ou leur arrivisme social... Superbement City of London, une vitalité dans la réalisation qui fait oublier le ronronnement de ses films précédents..... Jubilatoire.....
kaiman 21 avril 2007
Match point - la critique
« queen »
Pour paraphraser Forrest Gump, La vie, c’est comme un match de tennis, on sait jamais de quel côté du court la balle va tomber...
Peinture de la haute société londonienne, « Match Point » se double d’une mécanique de précision diabolique. Le très ambitieux Chris Wilton, simple prof de tennis, rappelle « Bel Ami » de Maupassant, Chris usant de ses charmes pour gravir les échelons sociaux. Mais si la route vers les sommets est droite, la pente est forte comme l’aurait dit un certain Jean-Pierre Raffarin. La passion vient mettre son grain de sable dans la froide stratégie de l’arriviste, quand il s’éprend de la sculpturale Nola. Le choix de raison, le mariage avec une riche héritière, se fendille à cause d’une partie de tennis de table tout en allusions et en séduction. Le film bascule alors de la chronique de moeurs vers le drame...
Excellent film de Woody Allen, Match Point est tenu de bout en bout grâce à une réalisation sobre, classique et efficace par un réalisateur au meilleur de sa forme. L’ambiance, nimbée d’airs d’opéra, nous plonge au cœur du sujet.
Les acteurs joue juste, Jonathan Rhys-Meyers en tête. D’une inflexion, d’un haussement de sourcil, Docteur Jekyll devient Mister Hyde. La dernière scène campe à merveille cette dualité, le sourire grinçant de Chris Wilton traversé par le tourment et par une espèce de sadisme jubilatoire est glaçant.
Scarlett Johansson gagne ses galons de sex-symbol avec sa moue mutine, son air de ne pas y toucher, sa grâce naturelle. Scarlett n’est pas une bimbo : elle a du charme, tout simplement.
Matthew Goode joue un aristo convaincant. L’accent, la distinction, la retenue... cet acteur a les attitudes d’un certain Jeremy Irons. La classe, quoi !
Emily Mortimer a le mauvais rôle, celle du pigeon roulé dans la farine. Pas facile mais Miss Mortimer s’en tire avec les honneurs !
Le scénario est millimétré, chaque scène comportant un suspens, le cours de l’histoire pouvant basculer d’une minute à l’autre. Pourtant, rien d’haletant (ni mouvement de caméras frénétique ni musique suggestive) juste une partition machiavélique.
Si la partition est belle, l’orchestration la transcende. Le parti pris de mis en scène audacieux - entre deux scènes successives, il peut s’écouler une minute ou neuf mois, sans indication de temps, mais des indices comme la naissance d’un bébé par exemple - renforce le suspens. Le réalisateur maîtrise l’intrigue mais aussi le temps. Il confisque nos repères et joue avec nos nerfs. Du grand art.
Vous l’aurez compris, « Match Point » est un grand film. Peut-être le meilleur de Woody Allen.
Frédéric Mignard 16 novembre 2008
Match point - la critique
Allen se prend pour Chabrol et, en changeant de cadre géographique, se pose en globe-trotter des mentalités talentueux et tortueux. Carrière relancée !
bgo06 20 mai 2023
Match point - la critique
Film sans épaisseur et d une banalité a pleurer - Seuls les acteurs sortent ce petit film digne d une série B de la torpeur du spectateur dans laquelle il est plonge au regard de cette enieme déclinaison du parvenu tentant de se hisser dans la haute société (ici anglaise) - Les Julien Sorel, Raymond Barry et autre Rastignac, ont connu des déboires comparables a ce Christopher vague professeur de Tennis (le beau frère joue mieux que lui) - La réalisation ne porte pas le theme mais au contraire la dessert - Des plans rapides et sans profondeur - Aucune Recherche esthétique - seul le rythme permet de ne pas trop se lasser après 1/2 heure (le film dure 2 heures...) -
Rien n est credible dans ce film - De la bêtise de la jeune femme (E Mortimer), a la complaisance niaise du beau père (B Cox) a la nonchalance du beau frère (M Goode) - La musique semble venir a l appui de la transparence du scenario mais on s aperçoit bien vite qu elle ne sert en rien l image - Elle est totalement décalée tant ce film manque de substance visuelle - En fait la seule originalité selon moi, reside dans le fait que pour une fois c est la Haute Société qui apparaît comme crédule et faible et les parvenus (Christopher et Nola) qui sont présentes comme malsains et manipulateurs .. C est très faible pour une pseudo oeuvre a 15 M de S - Je suis ébahi des critiques positives sur Wiki et autres sites cinématographiques qui encensent ce petit tout petit film .. J aurais aimé que ce film soit présenté sans que ces critiques connaissent le réalisateur .. J ai la forte impression qu ils l auraient jugé très très banal - La magie de la renommée au detriment de la profondeur ... VIVE HOLLYWOOD