Le 6 avril 2016
Un film attachant où la force de la non-violence est si éclatante qu’elle le transforme en un plaidoyer d’utilité publique en faveur de l’amitié entre les peuples.
- Réalisateur : Zaza Urushadze
- Acteurs : Lembit Ulfsak , Elmo Nüganen , Giorgi Nakashidze , Misha Meskhi , Raivo Trass
- Nationalité : Estonien
- Distributeur : Ace Entertainment Films
- Durée : 1h27mn
- Box-office : 15.782 entrées France / 5.351 entrées P.P.
- Date de sortie : 6 avril 2016
L’argument : En 1992, la guerre fait rage en Abkhasie. Un village ne compte comme seuls habitants qu’un vieil homme, Ivo, et un producteur de mandarines, Markus, qui refuse de quitter sa plantation alors que les fruits sont presque mûrs.Tous deux sont d’origine estonienne. Le conflit est de plus en plus proche mais Ivo décide de venir en aide à Akhmed, un Caucasien blessé, et le cache chez lui. Markus, à son tour, découvre un Géorgien laissé pour mort sur le champ de bataille. Il l’emmène lui aussi chez Ivo. Deux combattants de camp opposé se retrouvent alors sous le même toit.
Notre avis : Premier film estonien à concourir dans la catégorie meilleur film étranger aux Oscars 2015, Mandarines nous permet de faire connaissance avec ce petit bout du monde, éloigné de tout, sauf des conflits. L’Abkhazie est une région du Nord-Ouest de la République de Géorgie, peuplée de villages où réside une grande communauté estonienne. Elle occupe une position stratégique sur la mer Noire. Quand la guerre éclate entre les Géorgiens séparatistes de l’Abkhasie et les Tchétchènes à la solde des Russes, les Estoniens sont priés de retourner chez eux. Certains refusent et s’exposent alors à tous les risques. Même s’il est originaire de cette région, ce n’est pas ce conflit en particulier qui intéresse le cinéaste, mais bien plutôt l’universalité des guerres, toutes porteuses de la même haine aveugle et toujours accompagnées de destructions inconcevables, tant morales que physiques.
Le plan d’ouverture campe le décor, immuable : un bout de campagne grise et boueuse, témoin d’années de violence, où ne subsistent que deux vieilles maisons. Une note de couleur cependant : des arbres couverts de mandarines éclairent ce huis-clos désolé où des hommes jetés là par hasard vont finalement apprendre à accepter leurs différences. Ivo fabrique, en toute tranquillité, des cagettes pour recevoir les mandarines de son ami Markus, son seul et unique voisin. Cette sérénité est vite interrompue par l’arrivée intempestive de deux soldats. Va t-on assister à un moment de violence gratuite ? Non, ce sont juste des rustres au comportement envahissant qui exigent un repas. Ivo les sert généreusement et avec déférence. A son contact, ils abandonnent peu à peu leurs manières grossières et reprennent visage humain. Nous voilà au cœur des élans de paix et de respect portés par ce film. Quelques instants plus tard, après l’affrontement qui se déroule à deux pas de chez lui, il n’hésite pas à porter secours à ces hommes blessés et ennemis qui vont largement perturber sa vie désormais apaisée mais que l’on devine traversée de moments tragiques. Lembit Ulfsak (Ivo), vraie légende du cinéma dans son pays, au regard doux et aux cheveux blanchis par l’âge incarne avec force ce vieux sage qui tente de transmettre ses valeurs humanistes. Son charisme et son autorité naturelle feront le reste. Il suffit qu’il affirme à ses hôtes que « dans sa maison, nul n’est autorisé à tuer son prochain » pour qu’il soit obéi. Il finit même par éprouver de l’affection pour ces deux jeunes exaltés. Certes, il n’approuve pas leurs échanges belliqueux mais il comprend leur ressentiment face à l’absurdité de leur situation.
Des scènes ubuesques, non dénuées d’humour équilibrent habilement les moments de tension, tandis qu’une réalisation simple et soutenue par des dialogues courts et précis laisse toute la place à l’émotion, nous livrant un récit concis et touchant. La conclusion rédemptrice affirme, s’il en est encore besoin, que l’humanité gagnera toujours à choisir le parti de la tolérance et de la réconciliation, encore faut-il qu’elle parvienne à s’en persuader. Un film utile et noble tout à la gloire du cinéma qui peut parfois avoir le pouvoir d’amorcer une réflexion salutaire, sans discours ostentatoire. En cela, Mandarines excelle. Une histoire émouvante qui combat la guerre, le rejet de l’autre et la haine sous toutes ses formes, à proposer d’urgence à tous les publics.
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leina159 4 janvier 2018
Mandarines - la critique du film
Un film magnifique. Ivo est devenu un roi philosophe. IL a choisi de rester vivre là où la guerre lui a pris son fils, de rester vivre près de la tombe de son fils tué par l’"ennemi". Il parvient à ne pas sombrer dans le chagrin et le désespoir pour raviver un esprit de paix en lui et auprès des 2 soldats ennemis qu’il accueille, soigne.
Jean-Marc Morin 28 novembre 2019
Mandarines - la critique du film
En ces temps de division, ce film est le bienvenu et j’espère, réveillera certaines consciences. Si il n’y a qu’un mot pour le décrire, ce mot se nomme SUBLIME.