Long Island Expressway (L.I.E.)

Long Island Expressway. La banlieue s’étire en marge de l’autoroute. Grise et vide, comme la vie de Howie, qui la joue à pile ou face, debout sur le parapet qui surplombe le flot de voitures. "Des voies qui mènent vers l’est, des voies qui mènent vers l’ouest, et des voies qui mènent droit en enfer."

Vide, la vie de Howie, comme celle de ses potes en mal de repères, qui tuent l’ennui en cambriolant les maisons du quartier. Et puis il y a Gary, la petite frappe à la gueule d’ange, qui se fait de l’argent de poche en tapinant sur les parkings et joue à Howie le grand jeu de la séduction et de l’amour éternel.

Puis arrive Big John, l’ancien marine, montagne de bidoche au grand cœur. Il n’a qu’un défaut, il est pédophile. Entre l’ogre et l’enfant perdu va se jouer une histoire faite de non-dits et de désirs inavoués qui va conduire doucement Howie sur le chemin de la vie.

Cette troublante ambiguïté de Big John a déjà fait couler beaucoup d’encre. Cet homme qui collectionne des polaroïds de petits garçons et des vidéos de fellations est pourtant le seul qui saura être la présence qui manque à Howie, la figure paternelle qui le guidera à la rencontre de son propre père. Comme un espoir dans la grisaille, la voiture de Big John est la seule touche de couleur dans cet univers, la seule part de rêve.

Portraits d’adolescences à la dérive, sans lois ni marques, L.I.E. est finalement un bouleversant récit initiatique qui nous dit aussi que rien n’est jamais perdu.