Critique

CINÉMA

Le procès - Orson Welles - critique

Le 9 janvier 2023

Au petit matin, Joseph K., un bureaucrate à priori sans histoire, est mis en état d’arrestation. Orson Welles adapte Franz Kafka à sa propre démesure. L’œuvre est plutôt une réussite.

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© Potemkine Films
  • JIPI 11 mai 2012
    Le procès - Orson Welles - critique

    « Porter des chaînes est parfois plus sur que d’être vivant »

    K est ciblé, laminé puis éliminé par un ou plusieurs pouvoirs anonymes munis de forces destructives broyant un organisme de défenses harcelé par des interrogatoires uniquement basés sur l’auto persuasion d’un mal en soi.

    Le complexe de culpabilité s’entretient dans des décors démesurés. Un processus d’extermination comprime un homme dans des pièces basses de plafonds pour soudainement le projeter dans des salles gigantesques robotisées ou accusatrices jumelées à un Adagio répétitif.

    Il faut atteindre péniblement des tribunes surélevées. Côtoyer des créatures offertes sur des tonnes d’archives servant de support d’étreintes. Encaisser de soudains revirements incohérents. Se miniaturiser dans un péplum architectural archaïque ou moderne.

    Survivre à la claustrophobisation d’une pièce exiguë scrutée par des regards adolescents joueurs et moqueurs. S’enfuir terrorisé dans des passages criblés de raies de lumières. Soutenir l’impossibilité de communiquer à travers une baie vitrée.

    K endure son Golgotha dans un cauchemar de dominances et de soumissions en alternances. Certains tyrans se retrouvent tyrannisés par leurs propres systèmes. Les femmes s’offrent sans tarder puis congédient rapidement. K perd pied en s’enfonçant dans le royaume le plus redoutable : L’incompréhension.

    L’acharnement administratif procédurier fait rage, l’incohérence, le rabaissement continuel par un geste éprouvant autant qu’inutile lamine un visage de plus en plus décomposé. L’escalade est prescrite afin de se disculper devant des accusateurs lubriques entretenant une paranoïa individuelle par un pseudo procès susceptible de toucher n’importe lequel d’entre nous. Le système n’a pas la maturité de s’apercevoir qu’en pulvérisant une ressource il se dynamite de l’intérieur.

    Orson Welles cinéaste surdimensionné en lui-même et dans son œuvre offre un travail exceptionnel. Le procès opus de référence d’un noir et blanc indispensable à sa valeur livre des clairs obscurs magnifiques. Certains plans extérieurs d’une luminosité blafarde offrent des brèches contemplatives étonnantes.

    Un processus de démolition cauchemardesque calibré dans une technique contenant quelques pépites de Citizen Kane font de cette merveille paranoïaque un esthétisme baroque de premier ordre.

    « Le procès » œuvre maîtresse d’un technicien hors pair déploie les vérités d’un visuel déprimant mais terriblement accrocheur, presque attirant.

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