Le 15 octobre 2020
L’univers de Blanche-Neige s’extirpe habilement de l’écrasant moule du divertissement adulte pour y faire naître un romantisme aussi naïf que salvateur.
- Réalisateur : Cedric Nicolas-Troyan
- Acteurs : Charlize Theron, Nick Frost, Emily Blunt, Rob Brydon, Chris Hemsworth, Jessica Chastain, Sam Claflin
- Genre : Aventures, Fantastique, Action, Heroic fantasy
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 13 novembre 2024 22:55
- Chaîne : NRJ 12
- Box-office : 812 959 entrées France / 218 515 entrées P.P.
- Titre original : The Huntsman: Winter's War
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Résumé : Il y a fort longtemps, bien avant qu’elle ne tombe sous l’épée de Blanche Neige, la reine Ravenna avait dû assister, sans mot dire, à la trahison amoureuse qui avait contraint sa sœur Freya à quitter leur royaume, le cœur brisé. Celle que l’on appelait la jeune reine des glaces, à cause de son habilité à geler n’importe quel adversaire, s’employa alors à lever une armée de guerriers impitoyables, au fond d’un palais glacé. Mais au sein même de ses rangs Eric et Sara allaient subir son impitoyable courroux pour avoir enfreint l’interdit : tomber amoureux. Plus tard, à l’annonce de la défaite de sa sœur, Freya envoie ses guerriers récupérer le miroir dont elle est la seule à pouvoir catalyser les sombres facultés. Des tréfonds dorés de la psyché, elle réussit à ressusciter Ravenna. Les deux sœurs vont alors retourner leur puissance maléfique, décuplée par la rage, sur le royaume enchanté. Leur armée s’avèrera désormais invincible…à moins que… les deux proscrits qui avaient jadis trahi la règle d’or, subissant l’exil et la séparation, ne parviennent à se retrouver…
Critique : Avec Blanche Neige et le chasseur, il s’agissait de transformer cette figure à la grâce juvénile mythique en guerrière en armure, prête à se battre pour reconquérir le royaume qui lui était dû. Une tentative qui pouvait sembler opportuniste, à une époque où tous les héros de notre enfance sont l’un après l’autre fondus dans un moule façonné par la vision réaliste et sombre du Batman de Christopher Nolan. Mais là où un film comme Batman V Superman se soustrait tout entier à ce nouvel académisme, en faisant fi de toute la candeur de ses super-héros, préférant la psychanalyse de comptoir au fait d’avoir des icônes, l’univers de Blanche-Neige parvenait à prendre à revers cette tendance, pour rejoindre le positivisme du conte de fées, avec un entrain renouvelé. En construisant un univers proche de celui de Game of Thrones où la magie aurait pris le pas sur le naturalisme moyenâgeux, le premier opus parvenait à injecter à sa trame réaliste une verve enchanteresse qui détonait dans le paysage du blockbuster contemporain, privilégiant une photographique lumineuse, bien éloignée des palettes fades des divertissements sus-cités.
- Universal Pictures International France
Malheureusement, en réinvestissant cet univers, vaquant entre immenses forteresses et forêt luxuriante peuplée de créatures variées, Le Chasseur et la reine des glaces peine d’abord à trouver son identité propre, lorgnant d’une part vers la redite (le retour des nains comme compagnons de route) ou le pillage pur et simple (le miroir a les mêmes pouvoirs que l’anneau du Seigneur des anneaux), et manquant là où il pouvait se démarquer (les tentatives d’humour sont souvent mal dosées). À cela s’ajoute des scènes d’action moins bien troussées, délaissant le dénouement épique du premier opus pour une troupe plus restreinte de héros motivant de ce fait des scènes de bravoure moins spectaculaires. D’autre part, ce recentrage de l’intrigue sur deux voire trois personnages est payant, grâce à l’incroyable casting qui porte le film tout entier sur ses épaules. Si Charlize Theron retrouve son rôle de sorcière over the top, cabotinant joyeusement en serpent anguleux et maléfique, c’est sa sœur incarnée par Emily Blunt qui se révèle la plus impressionnante, parvenant en une poignée de scènes à rendre son rôle d’antagoniste touchant, assimilant sa transformation en sorcière à un passage de fille à femme, bouleversée par une déception affective en forme de douloureuse perte de l’innocence (à la manière du rôle de Mila Kunis dans Le monde fantastique d’Oz de Sam Raimi). De son côté, Jessica Chastain incarne Sara et prend plaisir à déjouer les attentes annoncées par son rôle, se montrant physiquement plus apte au combat que le chasseur et évitant soigneusement de devenir le gain de ce dernier après ses preuves de courage.
- Universal Pictures International France
Prenant comme moteur l’histoire d’amour qui unit le chasseur à Sara, tous deux bannis du royaume des Glaces par une reine interdisant tout lien amoureux au sein de son empire, le film se construit autour d’une dynamique simple : est-ce que l’amour est possible dans un monde tel que celui-ci ? Ainsi, lorsque la reine proclame que « l’amour n’est rien qu’un conte de fée », elle questionne la possibilité de l’union amoureuse dans la dureté du monde dépeint (la mise en esclavage de jeunes enfants tout de même), mais aussi et surtout la viabilité d’un véritable conte de fées à notre époque plus empreinte aux tourments intérieurs qu’à la fascination béate. Dans le premier opus, l’innocence du genre était entachée par une guerre inévitable qui, par son dénouement heureux, retrouvait in fine la félicité première du conte de fées. La dureté de l’univers agissait ainsi en toile de fond, ne devenant jamais qu’un décor prompt à questionner l’apparente naïveté du genre pour mieux en faire surgir le merveilleux. Le Chasseur et la reine des glaces réitère le même dispositif et parvient par le même effet à renforcer l’aspect enchanteur qui en sort vainqueur. Au final, le film se fait le chantre d’un divertissement dont l’absence de cynisme force une nouvelle fois le respect, réitérant sans retenue sa profession de foi en faveur d’une certaine innocence des figures héroïques qui fera grimacer autant qu’elle ravira les spectateurs les plus avides de grand romantisme cinématographique, donnant presque au film l’allure d’une alternative bienvenue prompt à dissimuler ses évidents défauts.
- Universal Pictures International France
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Frédéric Mignard 22 décembre 2016
Le Chasseur et la Reine des glaces - la critique du film
Suite morne au rythme lambinant. Fuyons ce naufrage !