Vous en prendrez bien une petite goutte
Le 19 mars 2021
Sélectionné pour la dix-septième fois à Cannes, le plus social des cinéastes anglo-saxons revient avec une comédie patinée d’humour écossais. Une plongée caustique, joyeuse et bon enfant au pays du whisky.
- Réalisateur : Ken Loach
- Acteurs : Roger Allam, John Henshaw, William Ruane, Paul Brannigan, Gary Maitland
- Genre : Comédie
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h41mn
- Date télé : 18 mars 2021 13:35
- Chaîne : ARTE
- Titre original : The Angels' Share
- Date de sortie : 27 juin 2012
- Plus d'informations : Site de Sixteen Films
- Festival : Festival de Cannes 2012
Résumé : À Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Henri, l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent…
Critique : Après s’être essayé au drame social (Family Life), au film militant (The Navigators), et à l’épopée historique (Le vent se lève), Ken Loach tente le coup et prend d’assaut la comédie. Par goût de l’aventure sûrement ou peut-être par esprit de contradiction, histoire de montrer à tous ses détracteurs qu’il a encore bien des choses à nous raconter. Léger, cocasse et presque optimiste, La part des anges marque un tournant dans la carrière d’un cinéaste plus habitué à dépeindre l’obscurité et la descente aux enfers d’une génération sacrifiée. Pourtant, il ne faut pas s’y tromper, La part des anges se joue d’une note d’humour pour mieux rythmer la gravité. Dès la première séquence, le ton du décalage est donné. Sous nos yeux, un banc d’accusés, étiquetés jeunes délinquants, et d’ores et déjà condamnés par la justice et la société. La sentence ? Une bonne dose de travaux d’intérêt général sous la houlette de Harry, éducateur au grand cœur. Très vite, Robbie et sa bande se lient d’amitié, allégeant leurs peines d’éclats de rire, d’insouciance et de partage. Un matin, Harry décide d’emmener toute la troupe en week-end. Destination l’arrière-pays écossais et sa célèbre route du Whisky.
Coincé entre les murs de quartiers désœuvrés où les jeunes chômeurs zonent et s’entassent à chaque coin de rue, Robbie tourne en rond. Traqué par un gang et zébré d’une large cicatrice au visage, il est, malgré sa volonté de s’en sortir, pris au piège de son passé. Sur le point de devenir père, il est décidé à prendre un nouveau départ et ce quel qu’en soit le prix. Un objectif encouragé par Harry (John Henshaw) qui se prend d’amitié pour le jeune homme et entreprend par le jeu de la dégustation, de développer son palet, ses manières et son esprit. Une éducation en finesse bâtie sur les mille subtilités du whisky. La découverte du breuvage et les premières leçons sont assez savoureuses. Entre Albert qui en profite pour s’alcooliser à haute dose, Rhino totalement absorbé par la poitrine de la guide et Mo qui chipe compulsivement des échantillons, le bon goût est encore loin. Mais peu à peu, Robbie va se découvrir ’’un nez’’ et un certain talent olfactif.
À mi-chemin entre le décor étriqué de la banlieue glaswegienne et les étendues sauvages des Highlands, La part des anges baigne dans le contraste. Aux cadrages resserrés sur les paysages grisâtres et surchargés de Glasgow succèdent en deuxième partie les longs plans-séquences en pleine nature et les panoramas majestueux. Plantée dans un fabuleux décor, l’histoire prend du relief. L’arrivée à la mythique distillerie de Balbair, ouvre l’horizon de Robbie, littéralement. La magie du whisky fait le reste. Entre les cuves, les fûts et les alambics, Robbie est frappé d’un éclair de génie : tirer profit de cette mystérieuse évaporation du whisky au fil des ans, nommée "la part des anges". L’idée ? Se faire passer pour un club de passionnés afin de pénétrer les caves de Balbair et subtiliser un cru millésimé. Robin des bois des temps modernes, Robbie négociera son happy end avec Thaddeus, expert et revendeur de whisky. En échange d’un butin estimé à quelques millions, il n’a qu’une seule exigence : un travail stable, une camionnette et un cottage pour y installer sa famille. Le vœu est exaucé. Une belle revanche pour tous les heureux malheureux de Ken Loach, de Billy Kasper (Kes) à Liam (Sweet Sixteen) en passant par Janice (Family Life). Au final, une réinsertion cinématographique enracinée dans la tourbe et la bruyère, qui tend à prouver que l’accès à la culture et l’histoire de son pays reste encore aujourd’hui pour une minorité, un savoir hors de portée. Acteurs non professionnels, improvisations et spontanéité rajoutent au film la fraîcheur d’une jeunesse hantée par la rage de vaincre. Rieuse et émouvante, La part des anges souligne avec humour et légèreté, l’humanisme d’un très grand cinéaste.
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Frédéric Mignard 1er juillet 2012
La part des anges - la critique
Cinématographiquement, le dernier Ken Loach n’a pas grand chose à offrir. Il vaut surtout pour l’humanité qui se dégage de son récit cocasse et de l’interprétation sans faille. Un feel good movie agréable.
roger w 15 juillet 2012
La part des anges - la critique
Certes, Ken Loach est en terrain connu avec cette chronique de petites frappes qui vont tout faire pour repartir à zéro dans l’existence. Toutefois, le charme opère grâce à un scénario bien construit et auquel on croit alors même que la situation est improbable. On marche à fond dans cette chronique qui se transforme en conte de fée. Un petit bonheur, simple et rafraîchissant. Avec modération.
Damien 6 décembre 2012
La part des anges - la critique
Personnellement j’ai beaucoup apprécié ce film et le portait dépend par Ken Loach. Vous devriez également lire la critique émise sur ce site, qui d’ailleurs se rapporte au whisky car la vision qu’il en donne est vraiment différente de ce que j’ai pu lire sur les différents forum. A bientôt. Damien.