La fille du train - la critique du film

Notre avis : L’inspiration d’un roman palpitant (l’oeuvre homonyme de Paula Hawkins) qui se dévore d’une traite, un réalisateur hollywoodien, Tate Taylor, oscarisé pour son film la couleur des sentiments, une comédienne birtannique de renom et au talent sûr. Tous les ingrédients sont réunis pour nous assurer un excellent film. Et pourtant pas si sûr !

Copyright Constantin Film Verlieh GmbH

Prétendant nous immerger dans une ambiance de thriller, Tate Taylor s’oblige à nous jeter, tels des morceaux de puzzle éparpillés, quelques élèments sur la personnalité de ces femmes que l’on pressent fragiles, à commencer par Rachel, la fille du train. Afin de nous restituer l’état d’esprit de cette femme rongée par l’alcool et les tourments amoureux, Il multiplie les gros plans sur le visage de la jolie Emily Blunt, enlaidie, et ne parvient qu’à créer un sentiment de compassion et de malaise. A l’inverse, on ne voit qu’à travers les vitres de sa maison Anna, la mère de famille, chic et blonde, maintenant le spectateur trop à distance pour qu’il comprenne immédiatement l’importance de son rôle. Sans en comprendre immédiatement les raisons, on découvre qu’elle ressemble à s’y méprendre (même blondeur, même finesse de la silhouette) à la jeune Megan, la baby-sitter, elle-même porteuse d’un terrible secret.

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Nous voilà submergés d’indices brouillons qui ne nous mènent nulle part et rendent le récit inefficace. Si l’effroi ne nous a toujours pas gagné, l’ennui, lui, s’est installé d’autant que l’on s’achemine gentiment vers un téléfilm de seconde zone, doté d’une réalisation atone et d’un décor glauque plus désespérant qu’effrayant. Et ce ne sont pas les quelques scènes de sexe à l’érotisme convenu qui émoustilleront les sens. Mais tout ça n’est rien à côté de la scène de fin qui flirte avec des sommets de ridicule rarement atteints, et qui aura au moins l’avantage de nous apprendre comment un tire-bouchon, gros plans et bruitages à l’appui, peut devenir l’arme la plus efficace pour se débarrasser de son semblable.

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Les comédiens font ce qu’ils peuvent pour tenter d’éviter le déraillement. Emily Blunt, méconnaissable sous les traits de cette femme à la limite de la folie met tout son talent au service de ce personnage dont on partage la détresse et la solitude. La jeune Haley Bennett, ange blond au visage empreint de sérénité épouse à la perfection les contours de cet être complexe à multiples facettes. C’est finalement Justin Theroux dans le rôle du mari viril et protecteur qui, en ne se dévoilant qu’au tout dernier moment, préservera le mieux sa part de mystère. Une belle surprise mais sa prestation n’étant que secondaire, elle ne permettra jamais au film de redémarrer vers les moments de suspense que l’adaptation de cet ouvrage au rythme endiablé nous laissait espérer.
Jamais tout à fait pervers, jamais vraiment drôle, ce thriller désarticulé à l’intrigue cousue de fil blanc ne nous conduit que vers une voie de garage où l’on pourra s’assoupir en toute quiétude.