Ecrit sur du vent
Le 4 avril 2007
Lubitsch roi du muet. Un événement cinéphilique et un moment de cinéma rare.
- Réalisateur : Ernst Lubitsch
- Acteurs : Irene Rich, Ronald Colman, Bert Lytell, May McAvoy, Edward Martindel
- Genre : Comédie dramatique, Film muet
- Nationalité : Américain
– Durée : 1h26mn
– Titre original : Lady Windermere’s fan
En 1923, Lubitsch réalisait-il son film le plus beau, et le plus abouti ? Un événement cinéphilique et un moment de cinéma rare qui procure un grand plaisir.
L’argument : Londres, fin de l’ère victorienne. La jeune Lady Windermere, entre un mari aimant et un soupirant transi, reçoit la haute société dans ses réceptions mondaines. Mais une femme en est toujours exclue : la belle Mme Erlynne, dont le passé est trop scandaleux pour qu’elle soit admise dans la haute-société. Or Mme Erlynne apprend à Lord Windermere qu’elle n’est autre que... la propre mère de Lady Windermere. Celle-ci l’ignore, mais jusqu’à quand ?
Notre avis : Comme presque tous les films de Lubitsch, L’éventail de Lady Windermere - inédit sur nos écrans - agit comme un anti-dépresseur. Sans jamais renoncer à la profondeur des sentiments qui anime ses personnages, ce film muet, admirablement accompagné au piano par une bande-son originale, est un moment de bonheur comme seul Lubitsch savait les inventer. Réalisé en 1922 d’après la pièce éponyme d’Oscar Wilde, le film offre une qualité et une recherche plastiques étonnantes, une créativité visuelle qui est digne des plus belles réalisations du cinéma à venir. La sophistication du regard est d’un luxe (et d’une discrétion) inouïs. Doit-il évoquer, avec la causticité et l’humour qu’on lui connaît, les médisances de la haute société britannique ? La caméra dans les tribunes d’un champ de courses multiplie les angles, vers ce point d’achoppement obscur, charmant et étrange, incarnée par Irene Rich. Doit-il échapper à la lourdeur du mélodrame, et raconter les mesquineries du destin ? Un simple éventail, offert puis oublié sur un divan suffit à ruiner toutes les bonnes volontés et tous les efforts pour échapper au quiproquo - l’autre nom de l’erreur, du mensonge et de la malchance.
En 1923, Lubitsch réalisait-il son film le plus beau, et le plus abouti ? Laissons la réponse aux spécialistes du maître. L’éventail de Lady Windermere n’est pas seulement un événement cinéphilique, il est avant tout une grande mise en scène autour de l’exclusion et de l’ostracisme et un moment de cinéma rare qui procure un grand plaisir. Cette comédie issue du théâtre, portrait acerbe d’une société mesquine et cruelle, laisse aussi une belle place à la peinture de sentiments dont la profondeur étonne. L’amour simple de l’époux, l’intelligence du rival, l’élégance et la noblesse de la mère ruinée - tout s’écroule, mais rien ne meurt - qui parviennent à dépasser la fausse loi du fatum et de la tragédie. Le talent d’Oscar Wilde n’est certes pas étranger à ce raffinement et cette subtilité ; celui de Lubitsch non plus, qui sut avec génie épanouir la science du geste, du regard, de l’expression, qui n’appartient à nul autre qu’aux acteurs de son film. Sans paroles, mais avec une imagination visuelle peut-être inégalée.
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Norman06 22 avril 2009
L’éventail de Lady Windermere
Un chef-d’œuvre à découvrir d’urgence ! Adaptation lègère et intelligente d’Oscar Wilde, ce film permet à la "Lubitch’s Touch", d’être déjà présente par des idées visuelles élégantes. La finesse de Haute pègre, alliée à la délicatesse de The Shop Around the Cormer donne cet opus de jeunesse.