Porté disparu
Le 14 août 2011
Cette enquête sur une disparition permet à Imamura de brouiller avec subtilité les frontières entre documentaire et fiction.
- Réalisateur : Shohei Imamura
- Acteurs : Shigeru Tsuyuguchi, Yoshie Hayakawa, Sayo Hayakawa
- Genre : Drame, Documentaire, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Les Acacias
- Editeur vidéo : Choses vues
- Durée : 2h10mn
- Titre original : Ningen Johatsu
- Date de sortie : 13 mars 2002
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– Mainichi Film Concours 1968 : Meilleur réalisateur
– Sortie au Japon : 25 juin 1967 (Art Theatre Guild)
L’argument : M. Oshima, un agent commercial de trente ans, a disparu. Sa fiancée lance un avis de recherche et part avec une équipe de tournage pour enquêter sur cette disparition. Au fil des recherches se dessine le portrait d’un homme rustre, timide, peu efficace dans son travail, qui aimait boire et séduire. Celui-ci n’a plus donné signe de vie après avoir empoché une somme d’argent qui devait revenir à son entreprise.
Notre avis : Lauréat de deux Palmes d’or au Festival de Cannes (La ballade de Narayama (1983) et L’anguille (1997), Shohei Imamura est, avec Nagisa Oshima, le plus grand cinéaste japonais révélé dans les années 60. S’inscrivant dans une lignée d’œuvres qui voulaient rompre avec le classicisme ambiant, L’évaporation de l’homme adopte une tonalité réaliste et propose une analyse sociale du Japon de son temps. La disparition (véridique) d’un médiocre représentant de commerce est pour Imamura un prétexte pour se livrer à une enquête sur les scories d’une certaine société japonaise conservatrice. On a souvent qualifié l’artiste d’ « entomologiste », de par la précision avec laquelle il scrute des personnages prisonniers de leur environnement et du regard des autres. Partant de destinées individuelles (la future belle-sœur du disparu qui s’avère être une geisha), Imamura se veut en fait le peintre des pulsions instinctives de femmes et d’hommes pris dans l’engrenage d’un conditionnement social.
Prenant appui sur un « dossier de l’écran » autour des disparitions au Japon, il aborde en fait la condition féminine et l’aliénation des classes moyennes au-delà du mirage du « miracle japonais ». Et si de multiples personnes interviewées par l’équipe du film semblent mentir, ce n’est pas seulement parce que « chacun a ses raisons », comme aurait dit Renoir : Imamura casse son dispositif dans la dernière demi-heure en annonçant que le reportage auquel nous assistons n’en est pas un. Nous sommes face à un essai cinématographique proposant une reconstitution pour mieux montrer l’impasse d’un certain cinéma-vérité. Cette mise en abyme, audacieuse pour l’époque, annonce certaines œuvres contemporaines aussi diverses que Je veux voir, La terre de la folie ou encore Redacted. Moins fascinant que Pluie noire, son chef-d’œuvre (1989), L’évaporation d’un homme pourra heurter par son austérité ambiante mais n’en est pas moins une curiosité de choix dans la filmographie de d’Imamura.
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