L’empire des loups - la critique

Incompréhensible et vide, joué avec les pieds et fabriqué avec cynisme. De qui se moque-t-on ?

L’argument : Le capitaine de police Paul Nerteaux enquête sur la mort de trois femmes d’origine turque dont les corps ont été retrouvés atrocement mutilés. Pour l’aider à infiltrer la population turque du Xe arrondissement, celui-ci fait appel aux services de Jean-Louis Schiffer, un ancien collègue connu pour sa ténacité.
Au cours de leurs investigations, les deux hommes feront la rencontre d’Anna Heymes, l’épouse d’un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, qui souffre d’hallucinations et de crises d’amnésie, au point de ne plus reconnaître son mari et de douter de son honnêteté...

Notre avis : Beaucoup de la médiocrité de L’empire des loups réside dans son scénario incompréhensible de chez incompréhensible qui reprend un schéma classique chez Jean-Christophe Grangé (le film est en fait l’adaptation éponyme de son roman) : deux flics au croisement de deux enquêtes parallèles et pas si éloignées. Si la recette avait fait florès dans Les rivières pourpres, Chris Nahon (Le baiser mortel du dragon) peine malgré des efforts incontestables à sauver la nullité crasse du script qui s’éparpille sur plus de deux heures de bobine intenables.
La première partie recycle toutes les idées de L’échelle de Jacob (Adrian Lyne, 1991) avec une esthétique proche du téléfilm érotique du dimanche soir. La suite n’est qu’une accumulation de catastrophes en chaîne qui enfonce le résultat encore plus profondément dans son cynisme et sa vacuité. Pour faire passer le temps, on a droit à des surprises scénaristiques aberrantes, des effets pas spéciaux, un montage ridicule, une bande-son assourdissante et surtout des acteurs uniformément mauvais (la palme revenant à Jean Reno en blondasse, toujours aussi monolithique). On ne touche plus le fond, on en redéfinit la profondeur. On obtient sans conteste l’un des pires films vu récemment au cinéma depuis... Depuis quand au fait ? Un calvaire répulsif pour le cinéphile, une escroquerie mortifiante pour n’importe quel spectateur dont la meilleure blague reste sans conteste la distribution astronomique (quasiment six cents copies sur toute la France). Sauf qu’à l’arrivée, ceux qui devraient être morts de rire ne sont pas nécessairement ceux qu’on pense.