Le 9 mars 2017
Aki Kaurismaki poursuit sur sa lancée politique avec ce second opus de ce qui devrait être sa “trilogie de l’immigration”. Loufoque et optimisme sont au rendez-vous.


- Réalisateur : Aki Kaurismäki
- Acteurs : Sherwan Haji, Sakari Kuosmanen, Ilkka Koivula
- Genre : Comédie, Comédie dramatique
- Titre original : Toivon tuolla puolen
- Date de sortie : 15 mars 2017
- Festival : Luxembourg City Film Festival

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Résumé : Helsinki. Deux destins qui se croisent. Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant. Khaled est quant à lui un jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident. Il voit sa demande d’asile rejetée mais décide de rester malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant. Touché par le jeune homme, il décide de le prendre sous son aile.
Notre avis : Récit de chemins qui se croisent, apologie d’un optimisme rare : L’autre côté de l’Espoir dit beaucoup dans son mutisme exalté. Kaurismaki continue à jouer de l’ellipse jusqu’à en faire un élément constitutif de son film. Après Le Havre, la caméra du cinéaste s’attarde sur des visages similaires qui vivent des situations semblables. A Helsinki, ville froide à la population chaleureuse (dixit la présentation émouvante de l’acteur principal Sherwan Haji), les immigrés tentent aussi leur chance. Et ils connaissent souvent les mêmes résultats.Sans avoir le droit de rester, Khaled, plutôt acquis à l’acceptation de la fatalité jusque-là, s’enfuit de son centre d’accueil aussi vite que Winslow dans Phantom of The Paradise de sa prison. Mais peu importe l’action et l’enchaînement absurde, Kaurismaki, lui, préfère étudier ses protagonistes.
Le froid restaurateur embauche avec la mâchoire serrée un homme qui le frappe et dont il ne connaît rien : c’est un geste noble, une grandeur d’âme incroyable dissimulée dans un système filmique qui préfère l’humour et le loufoque au pathos. Ce faisant, il entérine un parti pris qui irrigue toute son oeuvre. Embellir le désespoir derrière des récits faussement statiques, à la théâtralité héritée de Fassbinder, qui portent en eux toute la lumière d’un regard apaisé. C’est, encore une fois, la grande réussite de Kaurimsaki.