Le 18 novembre 2009
Mendoza filme adapte son style au genre du cinéma d’horreur et filme un thriller audacieux mais déroutant.
- Réalisateur : Brillante Mendoza
- Acteurs : Julián Díaz, Coco Martin, Mercedes Cabral
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Épouvante-horreur, Film de gangsters
- Nationalité : Français, Philippin
- Distributeur : Equation
- Editeur vidéo : France Télévisions Distribution
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 18 novembre 2009
- Festival : Festival de Cannes 2009, Festival du film fantastique de Sitges 2009
Résumé : Abyong décide de travailler pour une bande locale de Manille, afin de gagner de l’argent permettant de faire vivre sa jeune fiancée, étudiante elle aussi, et qu’il a décidé d’épouser. Acceptant une mission bien rémunérée, il se retrouvera chauffeur d’un rapt punitif visant à se venger d’une jeune femme n’ayant pas payé ses nombreuses factures de substances illicites...
Critique : « L’intégrité, une fois perdue, est perdue à jamais. » L’hilarité des festivaliers cannois devant cette sentence, après qu’une malheureuse prostituée ait été découpée en morceaux, sous le regard désapprobateur mais complice d’un étudiant en criminologie écarquillant de grands yeux, met en exergue la naïveté (plus que la roublardise) du cinéma de Brillante Mendoza. Révélé en 2007 avec le poignant John John, le cinéaste connut un flop immérité en 2008 avec Serbis, rejeté par certains en raison de son excès de naturalisme et d’une bande-son (klaxons épuisants, bruits de fond perturbateurs) insoutenable. Le cinéaste semble avoir rectifié le tir, pour se concentrer sur une unité de temps, de lieu et d’action, propre à saisir la sauvagerie banalisée d’un gang de malfrats, symbolisant à lui seul l’inhumanité, le machisme, et l’immoralité du monde moderne. « Tiens ! On a découpé une femme en morceaux rue de la bienséance à deux pas du château », fredonnait Danielle Darrieux dans Les demoiselles de Rochefort : chez Demy, l’horreur se chantonne. Ici, fi de la fantaisie et de l’humour noir... Mendoza filme en temps réel une sinistre expédition, situant le road movie dans un univers glauque, comme si les plans-séquences de traversée automobile de Kiarostami avaient rejoint l’univers mystique et nocturne de Taxi Driver. Les éclairs de luminosité dans l’obscurité nocturne, le huis clos dans la fourgonnette, la montée de la tension et les actes de barbarie commis sur la jeune femme sont filmés sans complaisance, et évitent le piège du voyeurisme que même Brian De Palma n’avait pas su éviter dans Outrages (1989). Reste que le film donne beaucoup trop dans l’exercice de style minimaliste et que Mendoza peine à insuffler un véritable souffle à ce non-thriller. Sans mériter l’éreintement d’une partie de la presse, Kinatay souffre du label « film de festival » et on peut rester dubitatif devant l’octroi de son prix de la mise en scène à Cannes 2009.
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Norman06 5 août 2009
Kinatay - Brillante Mendoza - critique
Mendoza filme en temps réel une sinistre expédition, situant le road movie dans un univers glauque, sans complaisance et en évitant le voyeurisme. Reste que le film donne beaucoup trop dans l’exercice de style minimaliste et que Mendoza peine à insuffler un véritable souffle à ce non thriller.
Charly 7 mars 2010
Kinatay - Brillante Mendoza - critique
Pire film de l’année 2009 ?
http://lesitedelaverite.fr
Rien de mieux pour exprimer la colère ressentie à la vision de Kinatay que de contrer point après point les qualités vantées ci et là par des journalistes visiblement aveuglés par un prix (honteux) de la mise en scène à Cannes.
On nous promet un film étouffant, audacieux, trash, dérangeant, j’en passe et des meilleurs. Mais Kinatay, c’est d’abord l’insondable ennui d’une première heure passée en compagnie de philippins pauvres (pléonasme ?), filmés avec une telle neutralité, une telle distance (oui, car comprenez-vous, Mendoza ne se veut surtout pas « moralisateur ») qu’il est impossible de se raccrocher à quelque événement que ce soit (même un mariage qui avait tout pour être burlesque !). Cela est étouffant, sans aucun doute, pesant, certainement. Comme peut l’être l’ennui dans sa forme la plus aiguë. Mais depuis Lost In Translation, l’ennui a bon dos, l’ennui est fascinant, à croire que si tout le monde s’emmerdait, ce serait vachement puissant ! Non. L’ennui, c’est la traduction ici d’une volontaire et exaspérante absence de scénario, tout ça au nom d’une putain de neutralité, d’une forme de réaction anti-Haneke primaire.
Remettons les choses à leur place. Si Kinatay a (un peu) défrayé la chronique en fin d’année 2009, c’est pour une seule raison : un démembrement intégral de pute en temps réel. Parce qu’il est vu par des yeux (presque) innocents, parce qu’il fait suite à un vide intersidéral (près d’une demi-heure passée dans une voiture, sans un mot, sur un périphérique bouché et sale, moche), il est censé susciter l’horreur, révolter, nous alerter sur la violence du monde. Si si. Mendoza veut « dénoncer les horreurs qui agitent le monde ». C’est lui qui le dit. Il pense qu’en filmant « en temps réel », il fait naître le suspense. Il pense que « plus le traitement est brut, plus il devient efficace. » Et comble du comble, il croit révolutionner le film d’horreur, en faisant intervenir son crime à la fin plutôt qu’au début. Un discours aussi puéril ferait certainement rire Haneke, qui réfléchit (vraiment, lui) sur la violence depuis plus de 20 ans. Il suffit de voir les bonus de tous ses films pour se rendre compte de la profondeur de sa réflexion sur le sujet, que l’on adhère ou non à ses films.
Mais Mendoza, lui, échoue point par point dans tout ce qu’il entreprend. Parce que quoi ? Il croit que sa petite idée scénaristique arrogante suffit à mettre en abîme tout un genre dont les chefs d’oeuvre, bien moins prétentieux pourtant, ne manquent pas ? Que croit dénoncer Mendoza en nous exposant ce crime gore et gratuit ? Si cette débauche de violence chronométrée a un sens, c’est uniquement celui de libérer un spectateur qui n’en peut plus de se trémousser sur son fauteuil en attendant désespérément qu’il se passe quelque chose. Et on passera rapidement sur les ambitions d’efficacité du réalisateur philippin : on lui conseillera simplement d’aller se mater quelques Carpenter, qui en terme d’horreur laissera une autre trace que ce misérable étron pour cinéphiles snobinards, qui rient certainement en société de Massacre à la Tronçonneuse en étant persuadés que c’est le pire des navets.
Voir en ligne : Kinatay