Face/Off
Le 9 février 2022
Casting en or et profondeur narrative : un polar très haut de gamme.
- Réalisateurs : Andrew Lau - Alan Mak
- Acteurs : Andy Lau, Tony Leung Chiu-wai, Kelly Chen, Eric Tsang, Edison Chen, Anthony Wong Chau-Sang, Shawn Yue
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Distributeur : The Jokers, TFM Distribution
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 1h41mn
- Date télé : 5 février 2024 22:45
- Chaîne : Arte
- Reprise: 16 mars 2022
- Titre original : Mou gaan dou
- Date de sortie : 1er septembre 2004
– Année de production : 2002
Résumé : Ming est une taupe dans la police de Hong-Kong, sous les ordres de Sam, patron des triades. Yan est un policier infiltré dans les triades depuis dix ans dont le seul lien avec la légitimité est son patron, le superintendant Wong. Ming et Yan sont fatigués de leur rôle et rêvent tous deux de reprendre le contrôle de leur destin. Ming en quête de rédemption, veut devenir "une bonne personne" alors que Yan, las de vivre dans l’ombre de la justice, voudrait pouvoir se retirer de cette double vie afin de devenir enfin un vrai policier.
Critique : C’est au moment même où le cinéma de Hong-Kong n’est plus que l’ombre de lui-même que surgit Infernal Affairs, véritable choc au box-office hong-kongais en 2003. Pourtant, à première vue, le film est loin d’être original : le scénario renvoie directement au Hard Boiled de John Woo (avec clin d’œil à l’appui), Tony Leung allant jusqu’à reprendre son rôle de flic infiltré dans les triades. Le casting en or, taillé pour le box-office, laisse présager une magnifique coquille... vide de sens. Et pourtant, à l’arrivée, Infernal Affairs est un grand film, un de ces polars qui va incontestablement marquer le spectateur...
- © 2002 Media Asia Films / Basic Pictures. © 2022 The Jokers. Tous droits réservés.
Doté d’un scénario parfaitement ciselé et d’une réalisation particulièrement efficace, c’est pourtant du côté des personnages que Infernal Affairs fait la différence. En quelques scènes d’une rare maîtrise, les quatre rôles principaux sont immédiatement établis et leur ambivalence subtilement mise en exergue. Tony Leung et Andy Lau, deux faces d’un même personnage en quête de rédemption, pourtant destinés à s’affronter et se détruire mutuellement, sont tous deux impressionnants de sobriété et c’est finalement dans leur gestuelle et leurs non-dits que se démêlent de nombreux éléments de l’intrigue. Pourtant ce sont bien les deux marionnettistes dans les coulisses qui, par leur jeu monumental, font de l’ombre au couple vedette... Eric Tsang et l’immense Anthony Wong se transforment dès leur premier passage à l’écran en véritable icônes. Deux manipulateurs chevronnés, maîtres de deux destins, qui jouent une immense partie d’échecs. La tension crescendo du métrage découle alors directement de cette profondeur narrative, jusqu’au final sec et percutant qui va en secouer plus d’un...
Comble pour le spectateur conquis, Infernal Affairs deviendra rapidement une trilogie. Que l’histoire ait été écrite à l’origine du projet pour être une trilogie, ou que l’appât du gain (nous sommes tout de même à Hong-Kong) soit à l’origine de ce triptyque infernal, la question se révèle au final inutile tant les deux épisodes suivants accumuleront les qualités dans le seul but d’enrichir les thématiques et les enjeux en présence, tout en approfondissant les relations entre les personnages. Un véritable tour de force narratif.
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busley 7 avril 2007
Infernal Affairs - Andrew Lau, Alan Mak - critique
"Tueurs"
Sorti sur les écrans hongkongais en 2002, Infernal Affairs se présente d’emblée comme un film charnière marquant le renouveau du film policier made in Hong Kong et agissant comme un électrochoc sur une industrie alors en déclin.
Les réalisateurs Andrew Lau et Alan Mak y racontent le chassé croisé infernal entre deux hommes (Ming joué par la popstar Andy Lau et Yan incarné par le merveilleux Tony Leung), l’un officiant comme taupe dans la police au service de la mafia chinoise, et l’autre comme policier infiltré au sein d’une Triade. Chacun essaie d’avoir une longueur d’avance sur l’autre pour faire gagner son camp, tous les coups sont permis. Ecoutes téléphoniques, messages électroniques et autres gadgets high-tech sont les nouvelles armes de ces combattants modernes.
La mise en scène magistrale nous accroche immédiatement par son dynamisme et les figures de montage de haute voltige apportent une esthétique originale et novatrice. Le suspense d’une intensité sans égale et les affrontements psychologiques à coup de téléphone portable remplacent ici les traditionnels gunfightsrécurrents des polars hongkongais que l’on avait l’habitude de voir (John Woo, Ringo Lam, Kirk Wong...).
Mais c’est au niveau du traitement même des personnages qu’Infernal Affairs fait preuve de virtuosité. En jouant la carte de la symétrie et le renversements des rôles, les cinéastes plongent nos protagonistes ainsi que le spectateur dans un enfer duquel par définition nul ne peut s’échapper(A cet égard Wu Jian Dao le titre original renvoie à la dernière des chambres de l’Enfer appelée "Enfer aux souffrances incessantes"). Rongés par la schizophrénie et la peur d’être à tous moments découverts, Yan et Ming partiront en quête de leur rédemption. Mais ils devront assumer leur choix et les souffrances que cela implique.
En introduisant au récit des idéologies bouddhistes comme une thématique sous-jacente, Andrew Lau et Alan Mak propose une véritable évolution du genre policier à ne manquer sous aucun prétexte ! A la suite de ce film, deux suites ont été réalisées, intensifiant les liens et intrigues entre les différents personnages déjà présentés. Par ailleurs, preuve que ce film est une vraie prouesse narrative et visuelle, le grand Martin Scorsese s’en est emparé récemment pour réaliser son remake intitulé The Departed. Le cinéma hongkongais, nouvelle source d’inspiration pour Hollywood ? En tout cas une chose est certaine... A vos dvds !