Hypnotic

Acrobatique et très excitant, un thriller horrifique qui tisse en creux un canevas plus complexe qu’il n’y paraît.

L’argument : Le docteur Michael Strother vit paisiblement avec sa femme (enceinte et fatiguée) et une gamine (jeune et délurée). Un jour, alors qu’il essaie d’aider une femme flic à arrêter de fumer, il voit dans son esprit l’image d’une jeune fille flottant dans l’eau...

Notre avis : Hypnotic est un thriller horrifique qui possède tous les éléments requis pour donner envie au spectateur de se laisser manipuler et de succomber aux méandres d’une intrigue retorse, habile et malsaine. De prime abord, elle évoque Hypnose (de David Koepp) puis Anatomie (de Stefan Ruzowitzky) pour finalement acquérir une personnalité et prendre au dépourvu avec un coup de théâtre final assez inattendu. En apparence, Nick Willing semble avoir privilégié l’installation d’une atmosphère inquiétante à la profondeur d’un scénario éminemment classique. A bien y regarder, c’est un effet d’optique : la densité formelle ne s’exprime pas au détriment de la substance. Au contraire, elle lui apporte une dose de paranoïa supplémentaire en jouant sur les zones d’ombre et l’ambiguïté de tous les personnages, sans exception. Peut-être le traitement le plus admirable reste celui de l’hypnothérapeute (Goran Visnjic, aussi subtil que dans Bleu profond) dont le passé trouble remonte progressivement à la surface et parasite la linéarité d’une enquête trop vite classée. Capable de faire ce qu’il veut de ses patients, cet homme extralucide se retrouve malgré lui au centre d’un écheveau tordu auquel il n’est peut-être pas étranger.

De manière intelligente, Hypnotic reprend à bon escient et avec parcimonie les meilleurs effets horrifiques pour tisser en creux un canevas plus complexe qu’il n’y paraît. Les chausse-trapes manipulatrices, habilement agencées, lui font prendre de la hauteur. Ce serait faire la fine bouche que de ne pas se réjouir des vertus de ce film d’une redoutable efficacité qui par son honnêteté et ses idées mal placées (la scène du rat est mémorable) contraste avec tous les mauvais avatars du genre. Dans une période où la médiocrité et la frilosité aseptisée sont de rigueur, Hypnotic s’inscrit sans mal en haut du panier et offre ce qu’il y a de mieux.

Les atouts prolifèrent d’une manière si impressionnante qu’ils laissent augurer un film plus subversif et soigné qu’à l’accoutumée. L’unique faiblesse de ce thriller sous tension réside dans un dénouement gonflé mais quelque peu frustrant compte tenu des espoirs mis en place. Cela ne reste nonobstant que le contrepoint mineur d’un film acrobatique et très excitant qui n’a pas honte de s’amuser de choses horribles ni même de provoquer des sensations viscérales par la simple force des images.

Coup d’œil : Auréolé du grand prix, du prix d’interprétation masculine et du prix City Radio de la bande originale, Hypnotic fut le grand vainqueur du 19e Festival du film de Paris. Tant de prix consensuels qui avaient provoqués moult remous dans notre rédaction ciné. En tête de notre palmarès, se trouvaient Old, new, borrowed and blue, le formidable film de Natasha Arthy et For good, l’envoûtante descente aux enfers de Stuart McKenzie. Est-ce une raison pour bouder le non moins épatant Hypnotic ? Non.