Le 23 avril 2023
Caméra d’or méritée au Festival de Cannes, ce récit révèle au grand public un auteur connu du monde des musées et des galeries pour ses films expérimentaux.
- Réalisateur : Steve McQueen
- Acteurs : Liam Cunningham, Michael Fassbender, Stuart Graham, Brian Milligan, Rory Mullen
- Genre : Drame, Historique, Politique, Drame carcéral
- Nationalité : Britannique, Irlandais
- Distributeur : MK2 Distribution
- Durée : 1h40mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 26 novembre 2008
- Festival : Festival de Cannes 2008
Résumé : Prison de Maze, Irlande du Nord, 1981. Raymond Lohan est surveillant, affecté au sinistre Quartier H, celui des prisonniers politiques de l’IRA qui ont entamé le "Blanket and No-Wash Protest" pour témoigner leur colère. Le jeune Davey Gillen, qui vient d’être incarcéré, refuse de porter l’uniforme car il ne se considère pas comme un criminel de droit commun. Rejoignant le mouvement du Blanket Protest, il partage une cellule répugnante avec Gerry Campbell, autre détenu politique, qui lui montre comment communiquer avec l’extérieur grâce au leader Bobby Sands. Lorsque la direction de la prison propose aux détenus des vêtements civils, une émeute éclate. La violence fait tache d’huile et plus aucun gardien de prison n’est désormais en sécurité. Raymond Lohan est abattu d’une balle dans la tête. Bobby Sands s’entretient alors avec le père Dominic Moran. Il lui annonce qu’il s’apprête à entamer une nouvelle grève de la faim afin d’obtenir un statut à part pour les prisonniers politiques de l’IRA.
Critique : Ce premier long métrage de Steve McQueen (rien à voir bien sûr avec l’acteur mythique disparu en 1980) intronise son auteur dans la cour des grands. Comme dans Psychose, le début du récit nous mène sur une fausse piste et nous fait ici passer un policier taciturne pour le personnage principal, quand il ne s’avèrera être qu’un second rôle marquant. Mais ne déflorons pas davantage le synopsis si ce n’est pour préciser qu’il s’inspire de la vie de Bobby Sands, bête noire du Premier ministre Margaret Thatcher (dont on entend des extraits de discours) et des autorités anglaises, qui le laissèrent mourir sans entamer la moindre négociation avec les terroristes emprisonnés. Hunger n’est ni un biopic, ni un « film de prison » de plus, ni une reconstitution documentaire à la Bloody Sunday, ni un mélodrame politique dans la lignée d’Au nom du père, ni bien sûr une « fiction de gauche », genre qui forma tout un courant, pour le meilleur (Rosi, Loach), comme pour le pire.
- © Becker Films International
Car McQueen agit ici en véritable artiste (ce que sont aussi les auteurs de Cadavres exquis et Hidden Agenda) : Hunger est simplement le portrait dépouillé, sans fioritures ni thèses, d’un homme prêt à tout pour aller jusqu’au bout de ses revendications. L’œuvre alterne de longues scènes sans paroles (les tabassages dans la cellule, les délires dans l’agonie), avec des passages dialogués (l’entretien avec le prêtre) dont la théâtralité est nuancée par des plans-séquences vertigineux. On songe à tout un pan du cinéma de création ayant traité le thème de l’enfermement ou du mysticisme, du Bresson d’Un condamné à mort s’est échappé au Dumont de L’humanité ; pourtant Hunger touchera aussi un large public, moins par la violence des séquences de brutalité que par l’émotion contenue et la grâce qui se diffuse de l’ensemble.
- © Becker Films International
Il faut aussi saluer la maîtrise technique de McQueen, venu des arts visuels, et qui a su tirer le meilleur parti du travail de son chef opérateur (splendide séquence onirique avant la mort de Sands). Enfin, Michael Fassbender, révélé dans Angel, réussit une composition saisissante, à la fois physique et intérieure, et rejoindra les grands interprètes d’illuminés christiques de la pellicule, de la Falconetti de La passion de Jeanne D’Arc au Nicolas Cage d’À tombeau ouvert, en passant par la Mouchet de Thérèse. En résumé, Hunger est la synthèse parfaite du cinéma politique et de celui de l’introspection, tout en étant indiscutablement « le » film de la cause irlandaise, évitant les maladresses et la manichéisme que même le Ken Loach du Vent se lève n’avait su éviter.
– Festival de Cannes 2008 : Caméra d’or
– BAFTA Awards 2009 : Carl Foreman Award for the Most Promising Newcomer - Alexander Korda Award for Best British Film
– London Critics Circle Film Awards 2009 : Meilleur acteur pour Michael Fassbender - Meilleur réalisateur - Meilleur film - Meilleur acteur dans un second rôle : Liam Cunningham
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roger w 20 décembre 2008
Hunger - Steve McQueen - critique
Oeuvre d’une force peu commune, "hunger" est un coup de poing de chaque instant juste troublé par un long (trop long ?) plan séquence central. Magistral, mais parfois ambigu dans son discours, il est indéniable que l’on vient d’assister à la naissance d’un grand cinéaste à suivre.
Frédéric Mignard 12 janvier 2009
Hunger - Steve McQueen - critique
Un film coup de poing, certes. Magnifiquement mis en scène, je le concède. Mais sur le fond, quel est le sens de cet enfer ? Celui de l’aliénation irlandaise, de l’acharnement politique des Anglais ? Les idées sont ici limites !