Les cases du comics ne tremblent plus comme avant...
Le 18 mars 2021
La montagne Hellboy accouche d’une souris. Immense déception...
- Réalisateur : Guillermo del Toro
- Acteurs : Ron Perlman, John Hurt, Selma Blair, Doug Jones, Karel Roden, Rupert Evans
- Genre : Aventures, Fantastique, Action, Film de super-héros
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Gaumont Columbia Tristar Films
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 2h02mn
- Date télé : 22 mai 2024 23:20
- Chaîne : 6ter
- Date de sortie : 11 août 2004
Résumé : Né dans les flammes de l’enfer, le démon Hellboy est transporté sur Terre lors d’une sombre cérémonie célébrée par les nazis, désireux d’utiliser les forces infernales à des fins de conquête. Sauvé par le docteur Broom, Hellboy est alors élevé pour combattre les forces du Mal. Armé, possédant un bras droit en pierre, il fait équipe avec le télépathe Abe Sapien et Liz Sherman, capable de contrôler le feu...
Critique : Dans le registre de l’adaptation des super-héros au cinéma, on ne compte plus les bonnes et les mauvaises surprises : les excellents Spider-Man 1 et 2 ont su court-circuiter les lois du spectacle hollywoodien pour imposer un scénario intelligent et complexe ; les deux volets de X-Men ont constitué des divertissements populaires de qualité qui conjuguaient sens du récit et effets visuels sans perdre les néophytes ; Hulk a dérouté les uns qui s’attendaient à un truc formaté et déçu les autres qui n’ont pas eu envie de goûter aux audaces d’un blockbuster finement subversif... C’est au tour de Hellboy, tiré des comics éponymes de Mike Mignola (une première), de passer sur grand écran.
Tout d’abord, le film de del Toro a le mérite de restituer parfaitement l’ambiance : ambivalences des couleurs et du noir et blanc, clair-obscur en reflet à l’ambiguïté des sentiments... Porté au pinacle alors que ses productions sont pour le moins inégales (il n’est pas interdit de préférer la sensibilité de L’échine du diable au minimalisme apprêté de Cronos), le réalisateur mexicain semblait la personne adéquate pour porter à l’écran ces récits d’autant que Mignola et lui partagent la même prédilection pour la bédé survoltée (ils ont déjà collaboré ensemble sur Blade 2, suite bourrin et décomplexée qui a ses fans)...
Hélas, était-ce la trop grande attente, mais la montagne Hellboy accouche d’une souris et ne constitue en aucun cas l’uppercut fantasmé. Confronté aux limites d’un scénario anémique au clivage manichéen, le film peine à former une unité qui soit cohérente et se confronte aux anicroches d’une bédé reposant uniquement sur le charisme d’un personnage en proie à des questionnements intenses. Outre les influences lovecraftiennes et le romantisme flamboyant (la dernière image en écho à celle de la mort à l’aube dans Blade 2 où l’amour consume littéralement les êtres), le personnage de Hellboy était une aubaine pour Ron Perlman, acteur cantonné au second rôle et simplement mésestimé, qui parvient à retranscrire ici avec une discrétion exemplaire la dimension tragique d’une figure désabusée et hantée, amoureuse et ironique, inaccessible et spirituelle.
Oui mais voilà, dès lors qu’on délaisse le personnage de Hellboy, il n’y a pas l’once d’une quelconque substance et c’est ici que le produit trouve ses limites. Essayant de gérer au mieux cet amalgame de bourrin et d’intimisme qui a récemment fait florès chez Raimi, Del Toro n’arrive pas à masquer l’unilatéralité psychologique des personnages, le manque de rythme, l’absence de subtilité des ressorts, les traits exagérément appuyés... L’ambition de coller à la bédé et de respecter sans perversion ses codes est un bon point qui nous rassure sur l’intégrité du réalisateur. Mais c’est frustrant, parce qu’on aurait aimé aimer un film comme celui-ci : pétri de bonnes intentions et mitonné par un cinéaste passionné et passionnant. Les quinze premières minutes, contenant un formidable pré-générique, sont épatantes. La suite, moins heureuse, dépourvue d’originalité comme de folie, donne la désagréable sensation d’assister à un prologue lénifiant de deux heures et de s’apercevoir in fine que la forme (présente) et le fond (absent) n’arrivent jamais à faire corps. Immense déception...
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MYTHOMANIAC 27 juin 2019
Hellboy - Guillermo del Toro - critique
Visuellement il est marqué par le temps mais surtout par la patte de Guillermo Del Toro. Ron Perlman est née pour ce rôle depuis la série La belle et la bête et ses différents rôles dans des films notamment Jean-Jacques Annaud et Caro/Jeunet. Un rien désuet, le film reste agréable avec son ton un rien décalé sans en faire trop (trop) et son histoire plus structuré que les films à Money shot.