Un géant de vert
Le 8 décembre 2011
Un blockbuster maudit, de bien triste mémoire, qui partait pourtant de louables intentions. Avec du recul, faute d’être réussie, cette adaptation n’en demeure pas moins honorable.
- Réalisateur : Ang Lee
- Acteurs : Nick Nolte, Jennifer Connelly, Eric Bana , Sam Elliott, Josh Lucas
- Genre : Science-fiction, Fantastique, Action, Film de super-héros
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UIP (United International Pictures)
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
- Durée : 2h20mn
- Date télé : 13 mars 2024 21:05
- Chaîne : 6ter
- Titre original : The Hulk
- Date de sortie : 2 juillet 2003
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Résumé : Au cours d’une manipulation scientifique, le docteur Bruce Banner reçoit accidentellement une surdose de radiation nucléaire. Les séquelles sont lourdes. À chaque grosse émotion, le petit docteur se transforme en Hulk, un colossal monstre vert à la force surdimensionnée. Avec un tel bagage, notre docteur se voit contraint de fuir. Tous se mettent alors sa poursuite : le général Ross qui se doit de stopper le monstre par tous les moyens, le professeur Glen Talbot, le rival scientifique de Banner. Mais alors comment va réagir Betty, la petite amie de Bruce ?
Critique : En 2003, l’un des plus fameux héros Marvel, créé par Stan Lee et Jack Kirby au début des années 1960, faisait enfin l’objet d’une adaptation cinématographique. Les nostalgiques du comic book, mais aussi de la tristement célèbre série télévisée, furent alors en partie déçus par le résultat, qui se rapprochait plus d’un film intimiste d’Ang Lee que d’un vrai blockbuster. Le cinéaste avait clairement préféré rester fidèle à son style plutôt que de rendre véritablement hommage au géant vert. En revoyant Hulk, on peut comprendre le désarroi de certains, le scénario prenant de nombreuses libertés par rapport à la bande dessinée. Il se résume ainsi à la résolution du complexe d’Œdipe de Banner, celui-ci cherchant à retrouver l’image de la mère dans son inconscient ainsi qu’à tuer le père. On est alors loin de l’individu en marge luttant contre la société qui était pour mémoire l’un des principes de la bande dessinée. Le choix du cinéaste chinois à la réalisation pouvait être considéré comme une bonne idée, celui-ci étant connu pour filmer avec pudeur le refoulé de ses personnages (Raison et sentiments et Le secret de Brokeback Mountain). Son background était dès lors intéressant pour traiter un super-héros dont l’histoire est une référence directe à Docteur Jeckyll et Mister Hyde et au conflit permanent entre le ça et le surmoi freudien.
Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas vraiment, le décalage entre l’aspect pop du comic book, les scènes d’action et le drame psychologique étant trop important pour rendre l’œuvre cohérente. Nous sommes loin des Batman de Tim Burton, dans lesquels l’univers gothique et névrosé du cinéaste était en parfaite adéquation avec la psychologie torturée du Dark Knight.
Ang Lee s’appuie toutefois sur un casting solide avec Nick Nolte dangereusement déjanté, Jennifer Connelly fragile et Eric Bana dont le visage mélancolique colle parfaitement au personnage de Bruce Banner. Au niveau des effets spéciaux, le monstre, très expressif, est assez réussi, mais il en ressort souvent la désagréable impression de regarder un spectacle de synthèse plutôt qu’un vrai film, tant le géant semble se démarquer des décors qu’il traverse, notamment dans les scènes de jours qui sont d’un goût douteux. Ce qui manque surtout à Hulk, c’est un déchaînement de moments de bravoure, une explosion du refoulement s’exprimant par la force surhumaine du monstre. Il n’en est rien ici, Ang Lee représentant son héros comme une sorte de grand enfant cherchant à résoudre son complexe d’Œdipe.
Enfin, la volonté du réalisateur de rendre hommage aux planches les plus colorées et dynamiques de Hulk semble louable. Il fait explicitement référence au fameux Jack Kirby, dessinateur et créateur de nombreux super-héros Marvel. Le montage est alors gorgé de split screen, fonctionnant comme de véritables cases de bandes dessinées. De multiples procédés permettent de rentrer dans le long-métrage comme si l’on se plongeait dans la lecture d’un comic book. Cela relève aussi de la contamination de l’image en référence à la contamination organique de Banner par les rayons gamma. Tout ceci démontre qu’il y a un véritable auteur à la réalisation mais à force d’être répété, ce dispositif s’essouffle peu à peu. Il y a surtout un sentiment de défaillance de la mise en scène, qui n’est plus qu’un calque de ce qui fait la spécificité d’une bande dessinée. Autant relire les meilleurs épisodes de Hulk. En définitive, la vision de cette œuvre n’est pas désagréable, mais il en ressort un sentiment d’imperfection. La critique est sévère mais selon l’adage : "Qui aime bien châtie bien."
– Lire aussi la critique de L’incroyable Hulk
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