Stand beside her and guide her
Le 8 octobre 2012
Quand le vétéran du stand-up nouveau-yorkais Bobcat Goldthwait prend son pays pour un punching-ball, sa fougue tutoie celle d’un retraité volant une gomme à l’étalage. Le principe est le même : un dernier frisson pour lui, et peu de conséquences pour nous.
- Réalisateur : Bobcat Goldthwait
- Acteurs : Melinda Page Hamilton, Joel Murray
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h40mn
- Titre original : God Bless America
- Date de sortie : 10 octobre 2012
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Quand le vétéran du stand-up nouveau-yorkais Bobcat Goldthwait prend son pays pour un punching-ball, sa fougue tutoie celle d’un retraité volant une gomme à l’étalage. Le principe est le même : un dernier frisson pour lui, et peu de conséquences pour nous.
L’argument : Seul, sans boulot, gravement malade, Frank sombre dans la spirale infernale d’une Amérique déshumanisée et cruelle. N’ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin. Bientôt rejoint par Roxy, lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c’est le début d’une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.
Notre avis : Grand routier du late night talk-show à l’américaine, amoureux des outsiders cinglés et des clowns alcooliques (dans Shakes the clown, son premier film et son chef d’œuvre) Bobcat est aussi un ancien badgé de Police Academy. Et comme pour les ex-Charlots, il sait parfaitement qu’on ne pourra jamais le lui pardonner totalement. Cela dit, l’animal a depuis couvert son fardeau sous une bonne réputation acquise à grandes salves d’humour gris, un prestige qui l’autorise encore aujourd’hui à faire de la satire en roue libre comme d’autres s’obstinent à jouer au squash avec une sciatique. L’art du coup dans l’eau et de la porte ouverte.
God Bless America, pour faire court, c’est un peu Un justicier dans la ville avec des imbéciles. Un vigilante-movie qui substitue le grand crétin au petit délinquant sans s’apercevoir qu’une croisade contre les dévots sous-développés de la famille Kardashian reste le cheval de bataille le plus couramment employé à l’ouest de Liberty Island. Cela revient à tirer sur une ambulance déjà sévèrement arrosée par une concurrence moins complexée (Will Ferrell) ou plus radicale (Sacha Baron Cohen). Et bien que Goldthwait se ménage assez de distance dans le script pour que sa bouche ne soit pas assimilée trop rapidement à celle d’un personnage trop réac pour être crédible, le marionnettiste ne se prive pas d’y mettre de grands pamphlets anti-cathodiques ou socio-tragiques assez convenus et hors-timing pour nous sortir du film par la petite porte. A l’heure d’American Dad, et du point de vue de la génération Y, voir le petit frère déséquilibré de Bill Murray (Joel) aligner des imbéciles avec une adolescente indignée reste de l’outrage à la petite semaine, ou tout au plus un remake de Chute Libre à la sauce American Idol. Un caillou dans une pompe saturée de gravier quoi.
La seule flèche qui touche au but, dans cette anthologie du mauvais esprit près de chez vous, est peut-être celle (la moins voyante et la plus cynique) qui s’amuse des rouages flippants d’une Amérique médiatique prête à digérer sans forcer la fatwa un peu vaine de Frank et sa pote, en couvrant le sensationnel par le sensationnalisme (et en remplaçant l’information par l’interprétation) ou en faisant des deux terroristes les principaux pourvoyeurs de grain d’une industrie du spectacle permanent qui n’en demandait pas tant. Mais le problème ancestral d’une comédie, cher Bobcat, c’est qu’avant d’être pertinente, elle doit avant tout être drôle. Et nous n’avons toujours pas oublié Police Academy.
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