L’inconnu du lac
Le 24 septembre 2016
Mêlant avec talent western, thriller et critique sociale, ce premier long métrage épuré confirme la vitalité du nouveau cinéma roumain.
- Réalisateur : Bogdan Mirica
- Acteurs : Dragos Bucur, Vlad Ivanov, Gheorghe Visu, Costel Cascaval, Raluca Aprodu
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Roumain
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h44mn
- Titre original : Caini
- Date de sortie : 28 septembre 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
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– Festival de Cannes 2016 : Prix de la FIPRESCI Un Certain Regard
Résumé : Roman est de retour sur les terres de son grand-père qu’il vient de recevoir en héritage. Alors qu’il décide de vendre cette propriété où rien ne pousse, il se trouve confronté à des mafieux dont son aïeul était le chef. Ces derniers ne reculeront devant rien pour préserver cette terre au centre de leur trafic.
Notre avis : Premier long métrage de Bogdan Mirica, Dogs est éloigné de l’esthétique de Cristi Puiu (Sieranevada) ou Cristian Mungiu (Baccalauréat), tous deux en compétition officielle cannoise, et explicitement ancrés dans un cinéma d’auteur. Bogdan Mirica préfère explorer les codes du cinéma de genre, ce qui n’empêche pas le cinéaste de partager avec ses compatriotes un sens acerbe de la critique sociale et une vision du 7e art qui sort des conventions. Et comme eux, il décrit un monde en mutation. Si Roman fait partie d’une nouvelle génération, davantage urbaine et cultivée, il n’en demeure pas moins attaché à ses racines familiales rurales toutefois auréolées de mystère.
- Copyright Iulia Weiss
Ce grand-père idéalisé trempait en fait dans des affaires louches, et aux petites combines de l’ère communiste ont succédé les trafics en tous genres d’une économie parallèle, sans foi ni loi, si ce n’est celle du plus fort. Un vaste terrain situé à la frontière bulgare sera alors le lieu de découvertes macabres et règlements de comptes mortels. Les ellipses narratives utilisées par le cinéaste, loin de contourner l’horreur, ne font qu’amplifier la tension et rendent d’autant plus saisissants certains passages gore, dont la très lynchienne découverte d’un pied amputé sortant d’un lac... « Le manque d’argent et de temps […] représentait une pression qui nous poussait à prendre des décisions dans l’immédiat, à renoncer à des idées d’angles, de places de caméra, car cela n’était pas réalisable. Cela a développé chez moi une acuité, une attention particulière à tout ce qui passait sur le plateau et à valider des choix de mise en scène induits, non pas par mon désir de cinéma, mais par une sorte de vérité du moment. J’avais tellement le film en moi que cette urgence me poussait à travailler à l’intuition, à la spontanéité, pour en restituer la quintessence », a déclaré le cinéaste.
- Copyright Iulia Weiss
L’économie de moyens dont a souffert le film se retourne donc à son avantage, à l’instar des meilleures séries B américaines. Et la grande force du réalisateur est de mettre sa dénonciation des failles du système roumain (une police locale manquant cruellement de moyens et que l’on sacrifie comme un bureau de poste), au service d’une dramaturgie fondée sur un suspense très hitchcockien. Même si l’on pourra reprocher au réalisateur son abus des métaphores animalières (on a très vite compris qui sont les véritables chiens), Bogdan Mirica réalise un coup d’essai transformé en petit coup de maître. Il est bien épaulé par ses acteurs dont Dragos Bucur (Policier, adjectif) et Vlad Ivanov (4 mois, 3 semaines, 2 jours).
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