Midnight Meat Train
Le 26 août 2021
Sans renouveler le film de zombies, Dernier Train pour Busan n’en demeure pas moins un spécimen honnête. Sa manière de télescoper fantastique et considérations sociales le rapproche du cinéma de Bong Joon-ho.
- Réalisateur : Yeon Sang-ho
- Acteurs : Gong Yoo, Ma Dong-seok, Jeong Yu-mi , Choi Woo-sik
- Genre : Drame, Action, Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Sud-coréen
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 27 avril 2023 23:00
- Chaîne : Paris Première
- Titre original : Bu-San-Haeng
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 17 août 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
Résumé : Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, où l’état d’urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu’à Busan, l’unique ville où ils seront en sécurité...
Critique : Dernier train pour Busan est de la même étoffe que The Host ou Transperceneige. Sa dynamique est celle d’un cinéma coréen articulant le fantastique en tant qu’allégorie des inégalités sociales, ou d’un climat sociopolitique délétère. L’analogie avec Snowpiercer - outre le train en guise de matrice scénaristique - est d’autant plus parlante que Yeon Sang-ho, le papa de Dernier train pour Busan, vient du cinéma d’animation. Ce qui se ressent dans l’aspect "graphique" qui tire vers la BD à l’instar de l’adaptation de Transperceneige. À la différence que Dernier train pour Busan déjoue en partie la logique héroïque surréaliste du premier, préférant s’en tenir à un mélodrame social sous-jacent plus terre à terre. Si la critique du gouvernement sud-coréen et du chacun pour soi latent sautent aux yeux, la portée du long métrage se veut avant tout universelle. Inutile, donc, d’y chercher des traits inhérents à la Corée du Sud à l’instar de ce que Romero dit des États-Unis.
- Copyright ARP Distribution
Le zombie pensé par Yeon Sang-ho se présente comme un alliage entre la créature imaginée par Georges A. Romero, évidemment, et surtout sa déclinaison par Danny Boyle (28 jours plus tard) ou Zack Snyder (Dawn of The dead). Hormis leur vitesse fulgurante - la léthargie aliénante à laquelle se référait Romero dans Zombie a laissé place à un surmenage hypnotique au fil des décennies et des innovations technologiques que l’on sait -, c’est leur résonance très "piranhas" qui frappe le plus. Pas de libre arbitre relatif comme chez certains zombies définis par Romero (Land of the Dead, pour ne citer que lui), mais un réseau de corps fonctionnant à l’unisson - foule éructant à la manière de World War Z, la dimension réflexive et contestataire en plus.
- Copyright ARP Distribution
Yeon Sang-ho décrit ainsi un monde déshumanisé où l’égocentrisme, avatar de la financiarisation des relations sociales, règne en maître. Où le vivre-ensemble n’est plus qu’une lointaine utopie. Plusieurs protagonistes archétypaux pour polariser et précipiter cette réflexion depuis l’habitacle trop exigu du train : Seok-woo, le père gestionnaire d’actifs a priori aimant mais absent sinon pré-zombifié ; son antagonisme séraphique, Yong-suk, directeur diabolique d’une société de transport ; ou encore Sang-hwa, colosse au grand cœur. Dans ce système, toutes les péripéties sont développées en tant que composantes d’un parcours initiatiques auxquels doivent se soumettre les personnages. Seok-woo, le père, retrouve par exemple le désintéressement et l’altérité grâce à sa rencontre avec Sang-hwa. Au même titre que la sœur sénescente aigrie qui comprend enfin, aux frontières de la mort, la générosité intrinsèque de sa grande sœur jusqu’alors méprisée. Au fil de l’intrigue, chaque personnage de premier plan trouve de cette façon une forme de rédemption.
Le dispositif de Yeon Sang-ho, trop zélé à parachever les trajectoires de chacun, finit cependant par s’embourber en fin de parcours. Une fois l’horreur et le fantastique dissipés pour ne plus constituer qu’un ressort quelconque du scénario, le mélodrame social emporte tout. Quelques scènes ont alors eu beau présenter le chef d’État dans
un exercice de pantomime mensonger stupéfiant, d’autres mettre au jour des hommes trop soucieux de préserver leur espace vital pour s’intéresser à autrui, rien ne vient plus questionner le spectateur ni lui suggérer de vertige. Dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui, une pointe de radicalité n’aurait pas été de trop. Là où Snyder n’hésitait pas à noircir le tableau dressé par Romero, Yeon Sang-ho, malgré de belles velléités – voir le premier plan évocateur cadrant un mannequin de plastique, image d’une humanité creuse et désincarnée -, finit par opter pour l’apaisement, voire l’espoir. Peut-être faut-il y voir un certain cynisme, comme ce zombie souriant aux lisières du néant en excipit. Mais ce serait là présager d’une audace fantaisiste à la Park Chan-wook (voir Thirst, ceci est mon sang). Témérité qui était jusqu’alors restée étrangère Yeon Sang-ho étant trop occupé à ensevelir le final sous un glacis tire-larmes. Comme quoi, la cohabitation des genres a aussi ses limites.
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Frédéric Mignard 22 décembre 2016
Dernier train pour Busan - la critique du film
Un trajet sans trop de longueur, efficacement mis en scène, mais terriblement pauvre sur un plan narratif. Par ailleurs la violence est un peu trop édulcorée pour vraiment nous remuer.