Débarquement immédiat ! - la critique du film

Critique : Autant dire que nous sommes entrés dans la salle avec une légère appréhension. Comme nous l’avions déjà signalé, le film a étrangement été victime d’une promotion fantôme, en plus d’être programmé en plein milieu de l’été, période où le blockbuster règne sans partage (enfin presque) sur les salles obscures. Si l’on ajoute à ça une bande-annonce pas franchement alléchante, il était légitime de se demander si nous étions pas face à un accident industriel. Car rappelons que le réalisateur,Philippe de Chauveron, a à son actif le succès de la comédie française de 2014, Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ?. On peut penser ce qu’on veut de ce film (après tout il en faut pour tout les goûts) mais on ne peut nier le succès phénoménal du long métrage (environ 10 millions d’entrées en France, ce qui n’est pas une bagatelle). Dans ces conditions, on aurait pu s’attendre a un abattage médiatique mahousse et une programmation un peu moins suicidaire. Or ce ne fut pas du tout le cas et le film a été débarqué dans les salles sans prévenir au beau milieu d’un été encore tout secoué par l’Euro 2016. On sait d’expérience que généralement ce n’est pas bon signe concernant la qualité du film. Pourtant une fois le générique de fin terminé, on ne peut s’empêcher de penser que le métrage mérite mieux et que l’embarquement à son bord n’est pas si désagréable que ce que l’on pouvait craindre.

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L’histoire basée sur un canevas éculé (un gentil policier doit escorter un méchant plutôt gentil mais le plan sans accroc va déraper), à défaut d’être surprenante ou excitante, a le mérite d’être très divertissante. Les péripéties s’enchaînent, et si le tout paraît invraisemblable, on marche car le film embrasse son côté ubuesque avec une humilité qui fait plaisir. Il y a même un retournement de situation plutôt bien vu à mi-parcours, même s’il manque au cinéaste le talent d’un Michel Hazanavicius ou la folie d’un Antonin Peretjako (La loi de la Jungle) qui aurait permis au divertissement un ticket pour accéder au statut de culte. De plus l’histoire touche un sujet sensible (l’immigration en France) en gardant un ton léger et ne verse pas, ou presque, dans la beauferie lourdingue qui lui tendait les bras. Il y a toujours ici et là quelques écarts de conduite (en 2016 nous ressortir la sempiternel figure du quadragénaire libidineux, beauf à tendance homophobe voir pédophile, c’est quand même un peu limite) mais encore une fois les virages sont toujours bien maîtrisés in fine et on évite le crash dans le mur où certains se sont déjà engouffrés depuis belle lurette (n’est ce pas Patrick Chirac ?).

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Mais surtout le film est drôle. Le long métrage ne le doit pas à sa construction scénaristique qui engendrerait un comique de situation comme Le dîner de cons par exemple, ni même à un total non-sens façon La fille du 14 juillet. L’humour naît (parfois au forceps il est vrai) grâce à l’énergie et au talent des comédiens qui donnent sans compter pour nous arracher rires et sourires. Ary Abittan offre un bon mélange entre Jean Dujardin et Georges Clooney, Medi Sadoun est hilarant dans une interprétation toujours over the top et Cyril Lecomte est méconnaissable en beauf infidèle. Le seul regret concerne le grand Slimane Dazi qui jouit d’un petit rôle pas très intéressant et Rheem Kerici qui fait office de caution féminine, rien de plus. Mais le trio principal, dont deux comédiens avaient déjà joué ensemble sur le précèdent long métrage du réalisateur, est franchement sympathique et l’alchimie transpire à l’écran. C’est d’ailleurs au moment où l’un des trois protagonistes est légèrement écarté de l’histoire que le film entre dans un ventre mou qui fait contraste avec l’énergie du début. Autre point négligeable, cela fait tellement plaisir de voir de nouvelles têtes (pas si nouvelles me direz-vous) dans le cinéma français et qui plus est la comédie française que le film nous est tout de suite plus sympathique.
Au final, même si le métrage ne restera pas dans les annales (il n’en a pas la prétention de toute façon), et que notre jugement est certainement saupoudré d’une certaine indulgence estivale, nous ne pouvons que vous conseiller de monter à bord de cette sympathique aventure, drôle et humble. Embarquement immédiat !