Le mal du 21ème siècle
Le 29 août 2012
Adaptation fade d’une œuvre pourtant magistrale, Confession d’un enfant du siècle ne semble avoir d’autre prétention que d’élever Pete Doherty au rang d’acteur. Sans succès.
- Réalisateur : Sylvie Verheyde
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, August Diehl, Pete Doherty
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique, Français, Allemand
- Durée : 2h00mn
- Titre original : Confession of a child of the century
- Date de sortie : 29 août 2012
Adaptation fade d’une œuvre pourtant magistrale, Confession d’un enfant du siècle ne semble avoir d’autre prétention que d’élever Pete Doherty au rang d’acteur. Sans succès.
L’argument : Paris 1830. Octave, trahie par sa maîtresse, tombe dans le désespoir et la débauche : le “mal du siècle”. La mort de son père l’amène à la campagne où il rencontre Brigitte, une jeune veuve, de dix ans son aînée. Pour Octave, c’est à nouveau la passion. Mais aura-t-il le courage d’y croire ?
Notre avis : Unique roman d’Alfred de Musset, La confession d’un enfant du siècle est une des œuvres phares du dix-neuvième siècle français. Autobiographie à peine voilée, dédiée à son non moins célèbre amante George Sand, le récit qu’il fait de cette tragédie intime exalte toute l’intensité des affres de l’âme. Considéré par beaucoup comme un manifeste du romantisme, La confession d’un enfant du siècle est une douloureuse interrogation sur la débauche et la nature de l’amour.
Le moins que l’on puisse dire est qu’en délivrer une adaptation cinématographie n’est pas chose aisée. Et les choix faits par la cinéaste Sylvie Verheyde ne lui ont en rien facilité la tâche. La réalisatrice a tout d’abord pris le parti de tourner le long-métrage dans la langue de Shakespeare. Si les dialogues du film ne trahissent pas réellement le texte originel, ils sont à des années lumière de lui rendre justice. Passons.
Oscillant dangereusement du côté du Bel Ami de Declan Donnellan, Confession d’un enfant du siècle n’est rien d’autre qu’une adaptation pop d’un chef d’œuvre de la littérature. Heureusement plus sobre dans sa réalisation, le long-métrage s’égare par trop souvent dans les méandres fumeux de lumières trop tamisées ou d’éclairages surexposés. A la merci d’une caméra chaloupée, le spectateur assiste, impuissant, à la quête existentielle d’un Octave désœuvré.
Et quel Octave ! Pete Doherty, rien de moins. (Crédité Peter au générique, dans un souci de sérieux). L’enfant terrible du 21ème siècle, le poète maudit d’Albion, la rockstar suspendue à l’aiguille de la gloire, voilà qui a été choisi pour incarner le personnage principal, atteint du "mal du siècle". De subtilité donc, point.
Déambulant comme une âme en peine, cravache à la main, les yeux dans le vague, Peter Doherty est désarmant. Les cheveux en bataille, engoncé dans un habit d’époque, déversant mollement son dégoût de soi en prenant une pose des plus "dandyesque", il est presque impossible de le considérer comme un acteur. Derrière les ballades simplettes qu’il compose et les poudres qu’il consomme, Doherty est désespérément à la recherche d’une rédemption artistique qu’il n’obtiendra pas. Du moins pas ici.
Charlotte Gainsbourg est quant à elle convenable, comme à son habitude. La relation qu’entretiennent les deux acteurs à l’écran est néanmoins dénuée de toute passion, de tout embrasement. Un comble pour une œuvre qui traite des transports de la frénésie amoureuse et d’amers tourments existentialistes.
Confession d’un enfant du siècle est donc une œuvre languissante, sans relief aucun. Un hommage à Pete Doherty plus qu’à Alfred de Musset, très certainement. A voir, pas vraiment, mais à lire sans aucun doute.
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Frédéric de Vençay 16 septembre 2012
Confession d’un enfant du siècle - la critique
La meilleure blague de l’année, qui fonctionnerait à fond si Verheyde ne se prenait pas tant au sérieux. D’une mollesse à toute épreuve, "Confession..." est une enfilade de séquences "Instagram" qui reprend, avec un manque d’imagination hallucinant, toute l’imagerie éculée d’un XIXe siècle fantasmé par notre époque (orgies débauchées et cotonneuses, errances dans une campagne bercée par le galop des chevaux et le pépiement les oiseaux...). Plus grave, le film entier est guidé par une série de fausses bonnes idées avec, en tête, celle de confier le rôle du dandy torturé par son soi-disant équivalent contemporain : Pete Doherty, ici mauvais de bout en bout, pas investi ni convaincant une seconde, d’une maniérisme insupportable. Face à lui, des pointures comme Charlotte Gainsbourg ou Auguste Diehl tentent de sauver les meubles, et y parviennent par épisodes, à condition que le rockeur aux yeux de cocker ne leur fasse pas trop de l’ombre. Ce qui n’empêchera pas Musset de faire des triples saltos dans sa tombe.