Conan - la critique

Difficile de passer après le culte Conan, le Barbare de John Milius. Marcus Nispel s’y attache avec amour mais échoue à faire revivre le mythe.

L’argument : Les aventures de Conan à travers le continent d’Hyboria, en quête de vengeance suite au meurtre de son père et du massacre de son village.

Notre avis : Après s’être attaqué aux remakes de Massacre à la tronçonneuse et de Vendredi 13, Marcus Nispel quitte le cinéma d’horreur pour l’heroic fantasy, avec un autre remake, celui de Conan, le Barbare. Un choix assez étrange car avec Pathfinder (film malade que l’on peut tout autant trouver raté que fascinant), l’ombre de Conan, le Barbare planait déjà sur l’ensemble du long-métrage (on se souvient notamment de la grande attaque du village). Pathfinder étant totalement passé inaperçu, le réalisateur allemand avait manifestement envie d’enfoncer le clou pour nous livrer une relecture de Conan le Cimmérien, personnage de fiction créé en 1932 par Robert E. Howard.

D’ailleurs, ce nouveau Conan se pose avant tout comme une nouvelle approche du personnage et de l’univers, et non comme un remake du célèbre film de John Milius réalisé en 1982 (sans pour autant ignorer ce dernier). Chez Nispel, l’idée consiste toujours à moderniser le matériau d’origine, pour le rendre au goût du jour. Il s’appuie par ailleurs ici sur une 3D inutile, puisque l’effet stéréoscopique ne se voit presque pas à l’image. Entre hommage et réinvention, Conan se positionne pourtant davantage du côté de l’hommage. La mise en scène ne fait que se conformer à celle de 90% de la production américaine actuelle et, bien que dynamique, elle peine à montrer la sauvagerie des combats, leur barbarie. Volontiers gore, le film manque néanmoins de chair, de salissure, sous le corps trop bien huilé de Jason Momoa, par ailleurs très bien dans ce rôle (on a pu le découvrir dans l’excellente série d’HBO, Game of Thrones). Malgré un soin particulier accordé aux décors (certains environnements nous plongent vraiment dans un autre univers), l’ensemble manque de rugosité. Tout apparait trop lisse, trop attendu. L’émotion peine ainsi à affleurer et la vengeance de Conan ne trouve aucun écho, aussi parce que les personnages manquent de profondeur. S’il réjouira les amateurs d’heroic fantasy, Conan n’apporte in fine rien au genre. Et bien qu’il se suive sans déplaisir, on peut sans mal parier qu’il ne marquera pas autant les spectateurs que le film original de John Milius.