La couleur des sentiments
Le 15 novembre 2011
Le nouveau film du réalisateur d’Un été avec Coo. Une fantaisie un peu lente qui pâtit du manque de charisme de son personnage principal.
- Réalisateur : Keiichi Hara
- Genre : Fantastique, Animation, Manga
- Nationalité : Japonais
- Durée : 2h06mn
- Titre original : Karafuru
- Date de sortie : 16 novembre 2011
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Le nouveau film du réalisateur d’Un été avec Coo. Une fantaisie un peu lente qui pâtit du manque de charisme de son personnage principal.
L’argument : Un esprit gagne une deuxième chance de vivre à condition d’apprendre de ses erreurs. Il renaît dans le corps de Makoto, un élève de 3ème qui vient de mettre fin à ses jours. L’esprit doit endurer la vie quotidienne de cet adolescent mal dans sa peau. Avançant à tâtons, s’efforçant de ne pas reproduire les fautes de Makoto, il va finalement découvrir une vérité qui va bouleverser son existence.
Notre avis : Trois ans après la jolie réussite d’Un été avec Coo, Keiichi Hara est de retour avec Colorful, oeuvre aussi séduisante par moments qu’elle est agaçante à d’autres. On y retrouve d’emblée un univers très personnel, celui d’un réalisateur doué pour le registre fantastique, comme en témoigne une introduction aussi étonnante qu’envoûtante mettant en scène l’au-delà. Celui-ci nous apparaît ici comme un endroit mystérieux et intrigant, d’où surgit le personnage de Pura-Pura, ange-gardien vif et malicieux, apportant une touche de gaieté totalement inattendue. Ce préambule laisse augurer le meilleur pour la suite, et nous ne serons d’ailleurs jamais déçus de ce point de vue tant le merveilleux constituera l’une des grandes forces du film. Cette idée de la seconde chance offerte après la mort à un adolescent qui vient d’essayer de se suicider et son regard nouveau porté sur le monde et le dénouement, poétique à souhait, sont les bienvenus ; ils apportent une âme, une chaleur, une émotion et même un certain humour qui permettent à l’oeuvre de se démarquer du tout-venant.
Malheureusement, plus proche du rythme contemplatif d’un Mizoguchi ou d’un Ozu que d’un Miyazaki, le métrage souffre d’une lenteur qui nous fait parfois décrocher. Le montage, au milieu de quelques réelles fulgurances et plusieurs scènes très réussies, aurait gagné à être plus resserré. La faute aussi à une approche psychologique à peine convaincante, notamment lorsqu’il s’agit de nous faire plonger dans le quotidien répétitif de la famille du héros, le jeune Makoto. Que ce soit son frère, son père ou sa mère, chacun manque cruellement de personnalité, ce qui rend tout relationnel avec ce dernier poussif et fade.
C’est d’autant plus préjudiciable que l’adolescent lui-même échoue à provoquer toute empathie. Personnage intrinsèquement énervant durant près d’une heure et demie, Makoto n’évolue positivement que sur le tard. Son voyage vers un regain d’humanité est tardif et brutal, laissant peu de place à l’émotion, qui survient à ce moment-là, et à toute identification avec sa personnalité.
Le film peut heureusement compter sur quelques beaux personnages : Saotome, l’ami de classe, patient et généreux, apporte une vraie touche de sensibilité à l’oeuvre, tandis que la belle Hiroka et son étonnant secret, à l’origine sans doute de la plus belle scène du film, donne à l’ensemble une maturité aussi réelle qu’inattendue. Grâce à eux, le manga gagne en substance et en profondeur, preuve de l’importance souvent mésestimée et pourtant essentiel des rôles secondaires.
Du coup, il y a à boire et à manger devant ce spectacle par ailleurs très élégant d’un point de vue technique (les couleurs pastel chaleureuses alternent harmonieusement avec des teintes plus sombres, représentatives du quotidien de l’adolescent). S’il ravira les amateurs de fantastique et ceux qui chérissent les belles histoires sur l’adolescence (la façon dont traite Hara l’univers du lycée est un régal), il laissera les autres, ceux qui ont besoin de rythme et d’un minimum de psychologie pour s’identifier au protagoniste principal, sur leur faim.
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